Faire vivre la mémoire et la fraternité

Dossier : ExpressionsMagazine N°649 Novembre 2009

La pre­mière circulaire

La pre­mière circulaire
« En vue de répon­dre au désir explicite­ment man­i­festé par beau­coup de nos cama­rades, un groupe d’anciens élèves s’est chargé d’assurer un sou­venir religieux à nos chers défunts, dont le nom­bre s’élève à env­i­ron neuf mille, par­mi lesquels on compte par cen­taines ceux qui ont glo­rieuse­ment don­né leur vie pour la France. Une messe com­mé­mora­tive sera dite à leur inten­tion. Pour la célébra­tion de l’office, il sera fait appel à d’anciens élèves entrés dans les Ordres. » 30 avril 1894 

Le pre­mier nom de l’Association fut celui de Mémo­r­i­al de l’École poly­tech­nique et l’occasion en fut la célébra­tion du cen­te­naire de l’École, en 1894. Un groupe d’élèves souhai­ta y associ­er une dimen­sion religieuse et his­torique en « évo­quant les grandes fig­ures du passé, fig­ures de grands servi­teurs de la France » tout en hon­o­rant religieuse­ment la mémoire des défunts de l’École.

Le Pape envoya une béné­dic­tion télégraphique 

Le car­di­nal de Paris mon­tra son intérêt pour cette ini­tia­tive en prési­dant la célébra­tion et le Pape envoya une béné­dic­tion télé­graphique. La messe fut célébrée une heure avant les céré­monies offi­cielles du Cen­te­naire. Celles-ci débutèrent par une vis­ite à la tombe de Mon­ge à dix heures. La générosité des cama­rades et de leurs familles per­mit d’aider la Caisse de la Société ami­cale. Les cama­rades protes­tants et juifs eurent aus­si leur cérémonie. 

Cette ini­tia­tive ren­con­tra un si large écho par­mi la com­mu­nauté poly­tech­ni­ci­enne qu’elle fut insti­tuée de manière défini­tive et qu’un Comité vit le jour. À par­tir de 1896 fut ajoutée la procla­ma­tion de la liste des défunts de l’année.

À travers l’histoire

L’œuvre de la messe
Le souci de rester ouvert aux non-catholiques mar­que toute l’histoire du Mémo­r­i­al. À par­tir de la Grande Guerre, il n’est plus incon­gru que des élèves ou des mil­i­taires assis­tent à une céré­monie religieuse. En 1921, il est décidé que l’heure de la messe sera fixée à 10h30 pour que les élèves encore à l’École puis­sent y assis­ter. Le car­ton d’invitation men­tionne la pos­si­bil­ité de faire un don à l’oeuvre et les cama­rades répon­dent généreuse­ment. « L’oeuvre de la messe poly­tech­ni­ci­enne » se développe. Par­fois, la présence d’un groupe d’X musi­ciens ou cho­ristes embel­lit la cérémonie. 

Dès 1915, la messe est dite plus solen­nelle­ment, avec une liste par­ti­c­ulière des cama­rades Morts pour la France. Vu l’éparpillement des des­ti­nataires, la messe est annon­cée dans la grande presse. En 1919, le maréchal Foch accepte la prési­dence d’honneur de l’oeuvre et lui témoigne son intérêt jusqu’à sa mort, dix ans plus tard. En 1920, il est pro­posé pour la pre­mière fois que « tous les cama­rades habi­tant la France soient invités à assis­ter à notre messe annuelle ». Le Mémo­r­i­al prend de l’ampleur : de parisien, il devient national. 

Et de catholique, il devient ouvert aux autres croy­ants comme aux incroy­ants : « Le texte de l’allocution ne contien[dra] aucun pas­sage qui soit sus­cep­ti­ble de froiss­er les cama­rades non catholiques qui pour­raient se trou­ver dans l’assistance.

Perpétuer le souvenir

À compter de 1937, la liste des cama­rades décédés est établie grâce à l’aide de la Société ami­cale des anciens élèves de l’École polytechnique. 

À la réu­nion de 1938, le Comité est trans­for­mé en « Asso­ci­a­tion déclarée » et établit des statuts. Le Mémo­r­i­al devient l’Asso­ci­a­tion du Mémo­r­i­al de l’École poly­tech­nique.

En 1940, la messe est très sim­ple en rai­son de l’impossibilité d’envoyer invi­ta­tions et comptes ren­dus : manque de liai­son avec l’imprimeur, dis­per­sion des des­ti­nataires, paralysie tem­po­raire du ser­vice postal. 

En mars 1941, c’est pire, la sit­u­a­tion est très déli­cate en rai­son de l’Occupation et de l’interdiction générale de réu­nion : l’assemblée opte pour une célébra­tion dis­crète insérée dans une messe domini­cale, sans envoi per­son­nal­isé d’invitation. En 1942, on arrive à envoy­er les deux comptes ren­dus de 1940 et 1941, en y joignant l’invitation pour la messe de mai 1942. 

En 1954, il est décidé de lire la liste nécrologique en chaire. À par­tir de 1958, cette liste est lue par deux élèves et cette tra­di­tion s’est per­pé­tuée jusqu’à aujourd’hui.

Deux cérémonies

Une sol­i­dar­ité entre tous
Durant l’après-guerre, il y a un net souci de man­i­fester la sol­i­dar­ité entre tous : on cherche à organ­is­er des célébra­tions simul­tanées pour les cama­rades catholiques, protes­tants et juifs et, en 1946, l’Association par­ticipe à l’érection du Mon­u­ment aux Morts de l’École poly­tech­nique. Les célébra­tions gag­nent en solen­nité : la chorale de l’École assure l’animation musi­cale de la célébration. 

Depuis 1978, l’AX organ­ise avant la messe annuelle du Mémo­r­i­al une céré­monie devant le Mon­u­ment aux Morts de l’École, rue Descartes. XMé­mo­r­i­al prend alors en charge les deux céré­monies et La Jaune et la Rouge pub­lie une annonce des célébra­tions. Un déje­uner où sont invités les élèves ayant par­ticipé à la céré­monie, les aumôniers et le prédi­ca­teur devient une tra­di­tion appré­ciée jusqu’à aujourd’hui.

En 1993, on accueille à nou­veau à X‑Mémorial des représen­tants des con­fes­sions protes­tante et israélite. On demande de con­stituer une liste des cama­rades motivés ou des veuves de ces confessions. 

En 1993, pour la pre­mière fois, La Jaune et la Rouge annonce la remise de gerbes ain­si que les célébra­tions religieuses : le 19 novem­bre à l’église Saint-Éti­enne-du-Mont, le 20 novem­bre au Tem­ple de l’Oratoire du Lou­vre, le 27 novem­bre à la syn­a­gogue de la rue Chas­seloup-Laubat (XVe). Le Bicen­te­naire arrive : la céré­monie au Mon­u­ment aux Morts, par­ti­c­ulière­ment solen­nelle, réu­nit tous les cama­rades et les familles. 

La messe, célébrée par le car­di­nal Lustiger, a réu­ni plus de 800 per­son­nes et il n’y a eu que des réac­tions pos­i­tives au fait de faire des céré­monies pour dif­férentes con­fes­sions. Tous les doc­u­ments pub­liés par X‑Mémorial à cette occa­sion ont été trans­mis au Con­ser­va­teur de la bib­lio­thèque de l’École. À Saint-Éti­enne- du-Mont, une plaque est apposée pour faire mémoire du ser­vice célébré en 1994, comme il y en a déjà une pour rap­pel­er 1894. 

Notre « cama­rade » Cécile est la fille de l’ingénieur général (GM) Jean Ras­touin (52), récem­ment décédé, et la petite-fille d’Édouard Ras­toin (19). Entrée au carmel en 1995 après un doc­tor­at d’as­tro­physique au Com­mis­sari­at à l’én­ergie atom­ique (CEA), elle est égale­ment un auteur recon­nu (Édith Stein et le mys­tère d’Is­raël, Ad Solem, 1998, Édith Stein enquête sur la Source, Cerf, 2007) et la tra­duc­trice d’ou­vrages de spiritualité 

À l’ère du numérique

En 1996, le Prési­dent adresse aux mem­bres du Comité une let­tre définis­sant les actions de com­mé­mora­tion à célébr­er dans le cadre d’X‑Mémorial, inclu­ant la céré­monie au Mon­u­ment aux Morts et des « céré­monies par­ti­c­ulières qui pour­raient être organ­isées, dans le cadre d’XMémorial, par des cama­rades de toute con­fes­sion qui le souhait­eraient ». Depuis qua­tre ans, Yves de Dinechin (58), secré­taire général et tré­sori­er de l’Association, est en liai­son étroite avec le ser­vice infor­ma­tique de l’AX. Grâce à l’aide de Quoc-Anh Tran (62), X‑Mémorial est présent sur le Web comme groupe X, à l’adresse : www.polytechnique.net/X‑Memorial/

Con­sécra­tion épiscopale
Luc Rav­el (77) nous fait part de sa nom­i­na­tion comme évêque aux Armées. Sa con­sécra­tion épis­co­pale aura lieu à Notre-Dame de Paris le dimanche 29 novem­bre 2009 à 15 heures. 

CÉRÉMONIE DU MONUMENT AUX MORTS DU BONCOURT

MESSE D’X‑MÉMORIAL

Same­di 28 novem­bre 2009

10h30 – Dépôt par le Prési­dent de l’AX et le Général com­man­dant l’École d’une gerbe au Mon­u­ment aux Morts du Boncourt. 

11 heures – Messe solen­nelle à l’église Saint-Étienne-du-Mont.
12 heures – « Pot » ami­cal dans le cloître de Saint-Étienne-du-Mont. 

La céré­monie religieuse sera présidée par le R.P. Olivi­er de Dinechin s. j. (56).

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