Enseigner, communiquer

Dossier : Arts, Lettres et SciencesMagazine N°645 Mai 2009Par : Yves QUÉRÉRédacteur : Yves BRECHET (81)Editeur : Éditions Le Pommier 239, rue Saint-Jacques, 75005 Paris.

Couverture du livre : Enseigner, CommuniquerYves Quéré a été pro­fesseur à l’École, et a con­tribué de façon déter­mi­nante à son évo­lu­tion. Des généra­tions de poly­tech­ni­ciens ont béné­fi­cié de sa pas­sion com­mu­nica­tive pour la sci­ence. Ils seront heureux de retrou­ver dans ce petit ouvrage la verve et le tal­ent de leur pro­fesseur. L’enseignement y est vécu comme un engage­ment, aus­si bien auprès des élèves-ingénieurs que pour les enfants des écoles aux­quels Yves Quéré con­sacre beau­coup de son temps dans le cadre de « La main à la pâte ».

L’art de com­mu­ni­quer est au ser­vice du con­tenu, et appa­raît comme une forme de respect com­plice de l’auditoire. Au fil d’anecdotes savoureuses, de l’enfant qui mon­tre la lune en plein jour à ses par­ents qui refusent de la voir, à cet éru­dit qui n’en finit pas d’introduire une con­férence sur le point-vir­gule, de ce cuistre ambas­sadeur revendi­quant son igno­rance des sci­ences, à un morceau de bravoure sur les « opaques trans­par­ents », c’est à une réflex­ion pro­fonde sur le car­ac­tère for­ma­teur des sci­ences qu’il nous convie.

Tout comme le grec ou le latin, elles nous appren­nent à « don­ner du sens ». Il réfute l’artificielle oppo­si­tion entre le savoir appris et l’émerveillement décou­vert, les deux formes d’enseignement con­tribuant à égale valeur à la for­ma­tion d’un hon­nête homme. En réponse à ceux qui, comme Riquet le chien de Mon­sieur Berg­eret, ne regar­dent jamais le bleu du ciel, inco­mestible, Yves Quéré plaide pour une « sci­ence insti­tutrice », une « ten­sion vers le savoir » et non une accu­mu­la­tion de con­nais­sances ou de savoir-faire. Le dis­cours de remise des diplômes aux X en 1996, leur souhai­tant une vie sans « pli­ure arti­fi­cielle » entre la rai­son et la pas­sion, le fon­da­men­tal et l’appliqué, l’éthique et l’efficace, est une véri­ta­ble leçon de sagesse.

L’enseignement comme école de lib­erté et la com­mu­ni­ca­tion comme règles de clarté chem­i­nent de con­cert dans ce livre qu’on lit avec gour­man­dise, pour don­ner à penser sur une vision human­iste de la sci­ence : « Con­tin­uez à chercher ce que vous con­nais­sez, car il y a plus vaste que ce que vous savez, et à chercher ce que vous ne con­nais­sez pas, aux fron­tières du savoir », n’y a‑t-il pas dans cette leçon un mes­sage pour tous les âges ? Com­ment s’étonner alors que le même pro­fesseur qui a con­quis nom­bre d’entre nous s’attache à don­ner la pas­sion des sci­ences aux élèves des écoles pri­maires ? Com­ment ne pas s’en réjouir ?

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