DVD : Opéra de Bizet, Noé dirigé par Emmanuel CALEF (98)

Emmanuel CALEF (98) : Chef d’orchestre

Dossier : Arts, Lettres et SciencesMagazine N°697 Septembre 2014Rédacteur : Marc DARMON (83)

Emma­nuel Calef (98) a choi­si sa car­rière pen­dant l’École. Il a sui­vi ses études musi­cales au Conser­va­toire de Paris en paral­lèle à l’X puis à Télé­com Paris­Tech, et est aujourd’hui un chef d’orchestre recon­nu et surchargé.

À peine sor­ti de l’école d’application, Emma­nuel est le direc­teur musi­cal en 2004 d’un véri­table évé­ne­ment cultu­rel dont il reste un enre­gis­tre­ment fil­mé, la (re-)création d’un opé­ra de Georges Bizet, Noé.

Depuis plus de dix ans, le Théâtre impé­rial de Com­piègne avait rou­vert ses portes (inache­vé sous Napo­léon III, il fut ache­vé et ouvert au public en 1991) et le regret­té met­teur en scène Pierre Jour­dan mon­tait chaque année une œuvre trop mécon­nue du réper­toire français.

Après des œuvres rares mais par­fois jouées occa­sion­nel­le­ment (Hen­ry VIII de Saint-Saëns, chef‑d’œuvre, Une Édu­ca­tion man­quée de Cha­brier, impayable, Dino­rah de Meyer­beer, Gus­tave III ou le Bal mas­qué et Le Domi­no noir d’Auber, etc.), Pierre Jour­dan monte Noé.

Cet opé­ra est com­po­sé par Bizet bien que com­men­cé par son beau-père Fro­men­tal Halé­vy, le com­po­si­teur de La Juive, « Rachel, quand du sei­gneur… », l’oncle de Ludo­vic Halé­vy, libret­tiste de Car­men et de La Belle Hélène. Noé avait été joué pour la pre­mière fois, en ver­sion de concert (et incom­plète), en Alle­magne en 1881, et plus jamais rejoué depuis.

Un DVD dis­po­nible chez Cas­ca­velle per­met de voir encore aujourd’hui le fruit de cette ini­tia­tive cou­ra­geuse menée en 2004 par Pierre Jour­dan et Emma­nuel Calef, la pre­mière fois que la par­ti­tion était jouée inté­gra­le­ment, et la pre­mière fois que l’opéra était mon­té en ver­sion scénique.

L’histoire biblique des cha­grins cau­sés à Noé (chan­té par la figure patriar­cale de Jean-Phi­lippe Cour­tis) par les pro­blèmes de couples de ses fils, se ter­mi­nant en apo­théose par le déluge, a don­né pré­texte à Bizet de construire une œuvre monu­men­tale dont la pro­duc­tion hol­ly­woo­dienne der­niè­re­ment sur les écrans avec Rus­sell Crowe n’est qu’une pâle imitation.

Et la musique de Bizet est bien là, avec ses mélo­dies mar­quées et pre­nantes, et sur­tout son orches­tra­tion qui main­tient constam­ment l’attention, y com­pris lors des réci­ta­tifs et des scènes entre les airs. On retrouve le style d’Ivan IV, de Dja­mi­leh, autres œuvres mécon­nues de Bizet.

Comme tou­jours, la mise en scène de Pierre Jour­dan et les cos­tumes de Com­piègne sont expli­cites, donc simples et faciles d’accès.

On retrouve Emma­nuel Calef dans une autre pro­duc­tion fil­mée, Don Gio­van­ni de Mozart, enre­gis­trée avec l’Orchestre baroque Capric­cio de Bâle (qu’Emmanuel Calef dirige tou­jours régu­liè­re­ment) en 2007.

L’orchestre est sur scène, ce qui per­met d’assister à un vrai spec­tacle musi­cal, et sur­tout de voir constam­ment l’orchestre, qui joue sur ins­tru­ment d’époque (bois magni­fiques), et son chef.

DVD Opéra Don Giovanni de Mozart, dirigé par Emmanuel CALEF (98)Les recherches faites par Emma­nuel Calef pour pré­pa­rer cette pro­duc­tion ont été appro­fon­dies, comme le montre le texte de pré­sen­ta­tion détaillé du DVD, mais aus­si et sur­tout les choix musi­caux ori­gi­naux de cette pro­duc­tion : tout d’abord le rapide tem­po de l’ouverture, et de la scène de la mort de Don Gio­van­ni trois heures plus tard qui y répond, vrai­ment sur­pre­nants mais très étudiés.

Puis un pia­no-forte pour accom­pa­gner les réci­ta­tifs et jouant avec l’orchestre. Ori­gi­nal éga­le­ment le choix de la ver­sion ori­gi­nale de Prague, qui alterne mieux pas­sages sérieux et comiques dans l’acte II et per­met ain­si d’éviter la monotonie.

Les chan­teurs sont de très bon niveau. C’est pour­tant un opé­ra dif­fi­cile à dis­tri­buer, car il faut quatre bary­tons- basses, deux sopra­nos, une mez­zo, un ténor, tous très exposés.

L’ensemble est de sur­croît très bien enre­gis­tré. Stan­ding ova­tion après la scène finale.

Emma­nuel a diri­gé de nom­breux orchestres, en Angle­terre (le célèbre Orches­tra of the Age of Enligh­te­ment), en France, en Suisse, en Chine (pen­dant un an, Emma­nuel parle le man­da­rin), en Rou­ma­nie, en Ita­lie, etc. Il a assis­té les plus grands (Hai­tink, Koop­man, Masur, Gat­ti, Salo­nen, Myung-Whun Chung, etc.).

Habi­tué de l’opéra de Lyon, il y a pré­pa­ré les pro­duc­tions de Peter Grimes et du Tour d’écrou de Brit­ten cette année.

Il tient au contact avec le public, il aspire à faire appré­cier, par­fois décou­vrir, la musique à ceux qui consi­dé­re­raient que la musique clas­sique est loin d’eux.

Actif auprès des jeunes, il prend la peine de diri­ger à ce titre depuis deux ans l’Orchestre du Pla­teau de Saclay, étu­diants des grandes écoles du pla­teau qui jouent trois concerts par an.

Espé­rons voir rapi­de­ment d’autres témoi­gnages de ce jeune chef.

2 Commentaires

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Fran­çoise BAUDRYrépondre
23 mars 2017 à 20 h 12 min

répé­ti­tion du 22 Mars de l’Oi­seau de feu
Une soi­rée éton­nante, dans cette église de Notre Dame du Liban dont l’a­cous­tique est très fine. Cela nous a per­mis d’en­tendre la déli­ca­tesse et la sau­va­ge­rie de l’oi­seau de feu, remis plu­sieurs fois en musique entre les mesures 42 et sui­vantes, puis 133 et sui­vantes. C’é­tait une répé­ti­tion, nous per­met­tant d’en­tendre les traits fins des bois plus raf­fi­nés, plus tim­brés, les inter­ven­tions solides des tim­ba­liers, la dou­ceur subite des cordes.
Les per­cus­sion­nistes dan­saient. Il leur man­quait les ailes colo­rées des aras, l’en­vol pres­sé des oiseaux de la forêt.
Nul doute que les concerts à venir plai­ront au public que nous sou­hai­tons nombreux.
Que ces musi­ciens, très bons ama­teurs, aient l’oc­ca­sion de jouer cette œuvre écla­tante de Stra­vins­ky est merveilleux !

Domi­nique NGUYEN HUYNH CANHrépondre
27 mars 2017 à 11 h 41 min

L’Oi­seau de feu, concert du 26 mars 2017
Mail des­ti­né à M. Emma­nuel CALEF, Chef d’orchestre.
Cher Monsieur,
Juste un mot pour vous dire com­bien mon épouse et moi par­ti­cu­liè­re­ment appré­cié les quelques mots péda­go­giques, empreintes d’hu­mour, et votre magni­fique talent dans l’in­ter­pré­ta­tion de l’Oi­seau de feu, dif­fi­cile à en faire sor­tir la sub­stan­ti­fique moelle… Un grand bravo !
Domi­nique CANH

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