Dernière saison à Oran

Dernière saison à Oran

Dossier : Arts, lettres et sciencesMagazine N°776 Juin 2022Par : Antoinette Maux-RobertRédacteur : Charles-Henri Pin (X56)Editeur : Les Presses du Midi, février 2022

Ma pro­mo­tion (X56) a été l’une de celles qui ont été main­tenues sous les dra­peaux un an de plus que prévu pour par­ticiper, comme les autres jeunes Français, à la guerre d’Algérie.

Toute­fois les corp­sards avaient le choix entre effectuer leur deux­ième année de ser­vice mil­i­taire dans la foulée et de n’intégrer leur école d’application qu’après ou de com­mencer leur for­ma­tion immé­di­ate­ment dans leur école d’application.

La plu­part des corp­sards ont choisi la deux­ième for­mule et 89 d’entre eux ont ain­si été rap­pelés à titre mil­i­taire au 1er octo­bre 1961. En fait ils ont été détachés pour des mis­sions en Algérie dans leur corps d’origine, car l’armée avait beau­coup moins besoin d’officiers en cette fin d’une guerre qui allait s’achever par les accords d’Évian et l’indépendance de l’Algérie en juin 1962 : une sit­u­a­tion « com­pliquée », le moins que l’on puisse dire !

Dans ce roman, Dernière sai­son à Oran, François, ingénieur des Man­u­fac­tures de l’État (la Sei­ta à l’époque), a été envoyé sans mis­sion pré­cise à la pré­fec­ture d’Oran. Jeune mar­ié, père d’une petite fille, il s’est instal­lé tant bien que mal dans un Oran accueil­lant pour le jeune mét­ro­pol­i­tain. Son épouse l’a rejoint un peu plus tard avec bébé (et argenterie).

L’insouciance, l’envie de vivre et de con­naître un monde incon­nu pour une jeune femme, dans des cir­con­stances incer­taines et sou­vent dan­gereuses, tran­spirent dans le réc­it d’Antoinette Maux-Robert. Cette aven­ture vécue sert de toile de fond au roman qui reste une fic­tion, y com­pris dans son dénouement.

Peu à peu le désor­dre, la cru­auté, l’injustice de cette péri­ode, où l’OAS et le FLN s’affrontent, occu­pent le devant de la scène. L’inertie d’une admin­is­tra­tion qui per­siste, alors qu’elle perd peu à peu ses raisons d’être, la pas­siv­ité de l’armée sont les élé­ments de la tragédie qui aboutit aux mas­sacres du 5 juil­let 1962.

Dernière sai­son à Oran est un petit livre qui vaut le détour.

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