Courrier des lecteurs

Dossier : ExpressionsMagazine N°567 Septembre 2001Par : Pierre JAMET (53), Michel DELAAGE (59), Rémi DESCANS (56)

À propos du n° 557, août-septembre 2000

Le bilan de l’automobile : double langage

Le lob­by de l’automobile a assuré­ment trou­vé un excel­lent porte-parole en la per­son­ne de notre cama­rade Chris­t­ian Geron­deau. Il joue très bien son rôle.

Lorsqu’il était le respon­s­able inter­min­istériel de la sécu­rité routière, il écrivait : “ Le bilan réel de l’automobile reste effec­tive­ment à faire. Quant au vélo, il faut bien recon­naître qu’il a été longtemps oublié par tout le monde. Un mou­ve­ment inverse se des­sine, mais ce sera long ! ” (let­tre du 8 octo­bre 1979, qu’il m’a adressée en réponse à une note pub­liée un peu plus tard dans La Jaune et la Rouge, jan­vi­er 1980, n° 348, page 5).

Depuis qu’il est le prési­dent de la Fédéra­tion française des auto­mo­biles clubs, ses pro­pos sont fort dif­férents. Dans son arti­cle “ L’automobile et l’automobiliste ”, paru récem­ment dans La Jaune et la Rouge (août-sep­tem­bre 2000, n° 557), le bilan con­siste seule­ment à con­stater la pro­gres­sion spec­tac­u­laire du nom­bre d’automobiles et à l’assimiler d’office à un pro­grès dont il faut se réjouir.

Il s’insurge con­tre l’idée qu’on puisse vouloir récupér­er pour les autres modes de trans­port une par­tie de l’espace qui a été envahi au fil des ans par l’automobile. Les argu­ments de ses adver­saires ne valent même pas la peine d’être exam­inés. Ils ne sont que des “ schiz­o­phrènes ” ani­més par un “ sub­sti­tut de religion ”.

Ne pour­rait-on pas retourn­er cet argu­ment sim­pliste ? N’est-ce pas plutôt l’automobile qui est pour cer­tains une reI­i­gion ou plutôt un veau d’or ?

Pierre JAMET (53)

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À propos du n° 563, mars 2001

À pro­pos de l’excellent arti­cle de Jean-Marie Gogue, “ La maîtrise sta­tis­tique des proces­sus ”, je voudrais apporter un com­men­taire sur un point pré­cis, le test du “ chi‑2 ” que l’auteur qual­i­fie d’inven­tion con­sid­érable.

Il y a beau­coup à dire sur les tests dits d’hypothèse sim­ple : briève­ment, on situe le résul­tat dans un “événe­ment” (ou son com­plé­men­taire), choisi à l’avance, et l’hypothèse sera rejetée sim­ple­ment parce que le résul­tat “réalise” un événe­ment improbable.

Le choix de l’événement n’est évidem­ment pas neu­tre. De plus, rejeter une hypothèse explicite c’est en accepter une autre, implicite. Les tests d’hypothèse sim­ple sont des tests de com­para­i­son déguisés avec par­fois des résul­tats para­dox­aux. Voici un exem­ple numérique simple.

Dans un jeu de pile ou face on teste l’hypothèse p = 1/2, équiprob­a­bil­ité de pile et de face. Sup­posons qu’après 20 tirages on ait observé 5 pile et 15 face, on trou­ve X2 = 5 pour un degré de lib­erté, et l’hypothèse est rejetée (p = 0.025). Sup­posons à présent que l’on effectue 2 000 tirages avec 950 pile et 1 050 face, on a encore X2 = 5, tou­jours un degré de lib­erté, et l’hypothèse est rejetée avec le même risque. Pour­tant le bon sens nous dit qu’on n’est pas dans le même cas de fig­ure et que dans le sec­ond cas le rejet est abusif.

La sit­u­a­tion s’éclaire si on explicite une hypothèse alter­na­tive, par exem­ple une répar­ti­tion uni­forme du paramètre p entre 0 et 1. Sur cette base on peut procéder à un test de rap­port de vraisem­blance, le résul­tat est alors bien différent :

  • pour 5 pile et 15 face le rap­port de vraisem­blance est 0.31, l’hypothèse p = 1/2 est rejetée au prof­it de l’hypothèse alter­na­tive, qui est trois fois plus vraisemblable ;
  • pour 950 pile et 1050 face le rap­port de vraisem­blance est 2.93 et l’hypothèse p = 1/2 est accept­able avec un avan­tage tout aus­si net.

On peut remar­quer enfin que dans le cas qui nous occupe, celui de la bino­mi­ale, tous les résul­tats sont équiprob­a­bles dans l’hypothèse testée (p = 1/2) et donc aucun d’eux ne peut jus­ti­fi­er le rejet de l’hypothèse en l’absence d’une alternative.

Cet exem­ple illus­tre la faib­lesse con­géni­tale du test du X2. Je tiens le détail de l’analyse cri­tique du test de X2 à la dis­po­si­tion des ama­teurs sur sim­ple demande.

Michel DELAAGE (59)

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À propos du n° 564, avril 2001

Dans son arti­cle “ Pourquoi la main­te­nance ? ”, Hen­ri Arnoux fait revenir des États-Unis le nou­v­el emploi du mot “main­te­nance” dans la langue française, ce terme “ ayant dis­paru de la langue française à la fin du Moyen Âge ”.

En réal­ité ce mot n’a jamais quit­té la langue française. Il sig­nifi­ait : action de recon­stituer le poten­tiel d’une unité mil­i­taire après combat.

Rémi DESCANS (56)

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