Borne jaune indiquant la présence d’une canalisation de transport de gaz naturel haute pression, à proximité d’une ligne de haute tension et d’une éolienne.

Connecter les énergies d’avenir

Dossier : Gaz et transition énergétiqueMagazine N°725 Mai 2017
Par Thierry TROUVÉ

Les infra­struc­tures gaz­ières exis­tantes con­stituent un socle pour favoris­er l’essor des éner­gies renou­ve­lables et per­me­t­tront de garan­tir une impor­tante quan­tité d’énergie et de puis­sance aux consommateurs. 

Le sys­tème gazier français et ses infra­struc­tures se sont dévelop­pés depuis près de cinquante ans pour accom­pa­g­n­er les évo­lu­tions de la société. 

Sous l’effet de l’ouverture des marchés de l’énergie, GRTgaz a investi près de 6 mil­liards d’euros ces dix dernières années pour mod­erniser le seul réseau de transport. 

“ Les infrastructures gazières constituent un socle pour favoriser l’essor des énergies renouvelables ”

Indis­pens­ables au sys­tème énergé­tique français, les infra­struc­tures gaz­ières relient effi­cace­ment les ter­ri­toires entre eux. Fiables, elles assurent par l’intermédiaire de gazo­ducs et de liaisons mar­itimes, l’approvisionnement de la France en con­nec­tant le pays avec des ressources énergé­tiques diversifiées. 

Dis­crètes, elles ali­mentent les clients par un réseau mail­lé de trans­port, de dis­tri­b­u­tion et de stock­age enterrés. 

Au-delà de ces qual­ités tra­di­tion­nelles, leur grande sou­p­lesse d’utilisation et de stock­age leur per­met d’offrir aujourd’hui la flex­i­bil­ité néces­saire à la ges­tion de l’intermittence des deman­des des clients ou des moyens de pro­duc­tion renou­ve­lables électriques. 

Pour toutes ces raisons, ces infra­struc­tures con­stituent un socle pour favoris­er l’essor des éner­gies renou­ve­lables, élec­triques et gaz­ières, et réus­sir la tran­si­tion énergétique. 

REPÈRES

La France s’est dotée d’infrastructures gazières performantes pour garantir une importante quantité d’énergie et de puissance aux consommateurs. En énergie finale consommée, le gaz fournit annuellement 450 TWh, soit autant que l’électricité.
Pour faire face à des situations climatiques rigoureuses, le réseau gazier offre également une puissance disponible d’environ 208 GW (ou 5 000 GWh/j) soit 1,5 fois la somme de la puissance électrique installée et des capacités d’interconnexion.

S’ADAPTER AUX ALÉAS DE LA PRODUCTION ÉLECTRIQUE

En péri­ode hiver­nale, le sys­tème élec­trique peut s’appuyer sur les cogénéra­tions et 14 cen­trales à cycle com­biné gaz (CCCG) rac­cordées au réseau de trans­port de gaz, et disponibles en moins d’une heure, pour attein­dre 9 GW de pro­duc­tion d’électricité.

Au cours du seul mois d’octobre 2016, la pro­duc­tion d’électricité à par­tir de gaz a ain­si représen­té l’équivalent de 16 000 éoli­ennes. Cette puis­sance et cette flex­i­bil­ité des infra­struc­tures s’appuient sur des moyens de stock­age d’une capac­ité de l’ordre de 130 TWh, très sig­ni­fica­tive­ment supérieure à celle disponible sur le réseau élec­trique, pour assur­er la mod­u­la­tion indis­pens­able entre les con­som­ma­tions d’hiver et d’été.

De plus, les points d’interconnexion ter­restres et les ter­minaux méthaniers con­nectent la France à des sources var­iées d’approvisionnement, garan­tis­sant fia­bil­ité d’alimentation et com­péti­tiv­ité des prix pour notre indus­trie et les 11 mil­lions de foy­ers desservis. 

Puis­sant et effi­cace, le réseau de trans­port relie les ter­ri­toires entre eux, assur­ant à la fois l’optimisation glob­ale du sys­tème et four­nissant les sou­p­less­es indis­pens­ables à chaque zone de con­som­ma­tion. Sans impact sur les paysages, ce réseau souter­rain dis­cret est égale­ment d’une effi­cac­ité red­outable puisqu’il con­somme moins de 0,5 % de l’énergie qu’il transporte. 


Borne jaune indi­quant la présence d’une canal­i­sa­tion de trans­port de gaz naturel haute pres­sion, à prox­im­ité d’une ligne de haute ten­sion et d’une éolienne.
© CABANEL JEROMEL

CONNECTER LES ÉNERGIES D’AVENIR

Les infra­struc­tures gaz­ières accueil­lent aus­si une pro­duc­tion renou­ve­lable garantie : 24 sites de gaz renou­ve­lable sous forme de bio­méthane sont déjà con­nec­tés, par­tic­i­pant ain­si au développe­ment de l’économie cir­cu­laire ter­ri­to­ri­ale. Les objec­tifs affichés à hori­zon 2030–2040 sont de 40–50 TWh pour ce bio­méthane dit de pre­mière génération. 

Avec Jupiter 1000, le démon­stra­teur de Pow­er to Gas qui sera instal­lé à Fos-sur- Mer en 2018, 8 parte­naires indus­triels se sont asso­ciés pour explor­er l’avenir du méthane de syn­thèse et notre capac­ité à stock­er d’importantes quan­tités d’électricité renou­ve­lable excé­den­taires, y com­pris entre les saisons. 

EXPLOITER LE BIOMÉTHANE DE deuxième ET troisième GÉNÉRATION

Le biométhane de deuxième ou troisième génération par pyrogazéification, pyrolyse ou microalgues, injecté dans le réseau de transport, représente un potentiel estimé à 200 TWh.

Les épisodes récur­rents de pol­lu­tion aux par­tic­ules dans plusieurs grandes villes européennes met­tent en exer­gue la néces­sité de mod­i­fi­er nos habi­tudes de mobil­ité. Les véhicules au gaz naturel ou bio­méthane con­tribuent à la diminu­tion des émis­sions de CO2 et n’émettent pas de par­tic­ules fines. 

Aujourd’hui très peu dévelop­pé en France, le GNV / bioGNV est pour­tant le pre­mier car­bu­rant alter­natif au monde avec un parc en pro­gres­sion de 18 % par an, qui atteint désor­mais 20 mil­lions de véhicules. 

De nom­breuses ini­tia­tives privées ou publiques émer­gent actuelle­ment pour soutenir le développe­ment de cette fil­ière en France, comme la société d’économie mixte Sigeif Mobil­ités qui s’apprête à con­stru­ire une dizaine de sta­tions d’avitaillement en Île-de-France d’ici 2020. 

DES RÉSEAUX COMPLÉMENTAIRES

La tran­si­tion énergé­tique se con­stru­it avec la con­tri­bu­tion des infra­struc­tures exis­tantes et des vecteurs et sys­tèmes de demain. Elle sera d’autant plus effi­cace qu’elle saura prof­iter des com­plé­men­tar­ités entre les sys­tèmes élec­trique et gazier pour con­stru­ire un véri­ta­ble sys­tème énergé­tique hybride. 

“ L’équivalent de 16 000 éoliennes en un mois ”

Cette hybri­da­tion doit se dévelop­per au niveau des moyens cen­tral­isés : le sys­tème gazier vient en appui du sys­tème élec­trique pour la ges­tion de l’intermittence : pro­duc­tion d’électricité par le gaz en cas de déficit de pro­duc­tion, Pow­er to Gas en cas d’excédents impor­tants d’électricité renouvelable. 

Les opéra­teurs de trans­port de gaz et d’électricité, GRTgaz et RTE ont d’ailleurs décidé ces derniers mois de ren­forcer leur coopéra­tion pour iden­ti­fi­er et val­oris­er les pos­si­bil­ités d’optimisation con­jointe des sys­tèmes gaz et élec­tric­ité, au niveau de leurs investisse­ments ou leur exploitation. 

Mais l’hybridation doit aus­si se dévelop­per au plus près des con­som­ma­teurs par le recours à des sys­tèmes mixtes, eau chaude solaire + chaudière à gaz, microcogénéra­tion, pile à com­bustible + chaudière gaz… 

UN COMPLÉMENT IDÉAL À LA MOBILITÉ ÉLECTRIQUE

Pour la mobilité, les véhicules au gaz naturel ou au biométhane, voire demain des hybrides électricité + GNV, offrent un complément idéal à la mobilité électrique en permettant de gérer la problématique d’adaptation massive des réseaux électriques.

Ces sys­tèmes intel­li­gents per­me­t­tront, par un pilotage adéquat, de min­imiser les émis­sions de CO2 tout en étant capa­bles de faire face aux pointes de con­som­ma­tion à un coût accept­able pour la collectivité. 

Ain­si, le chemin le plus rapi­de pour réus­sir une tran­si­tion énergé­tique maîtrisée et économique­ment souten­able repose aujourd’hui sur les infra­struc­tures gaz­ières. Les com­pé­tences pour exploiter et adapter cet out­il indus­triel existent. 

GRTgaz a déjà com­mencé à relever ce défi, avec une ambi­tion affichée : « con­necter les éner­gies d’avenir » !

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