Concert Hommage à la Waldbühne : Le Dernier concert de Simon Rattle

Dossier : Arts, lettres et sciencesMagazine N°743 Mars 2019
Par Marc DARMON (83)

Direc­tion Sir Simon Rat­tle, Orchestre Phil­har­monique de Berlin

Main­tenant que Simon Rat­tle a quit­té le Phil­har­monique de Berlin pour rejoin­dre son Lon­dres nation­al, il est clair pour tout le monde que cette péri­ode (2001–2018) aura été une péri­ode faste de ce qui est peut-être le plus bel orchestre au monde. Le dernier con­cert de Sir Simon à l’été 2018 à ˘cla Wald­bühne, cette scène dans la cam­pagne de Berlin où se réu­nis­sent tous les ans plus de 20 000 spec­ta­teurs pour un con­cert de plein air du Phil­har­monique, donne l’occasion d’entendre un pro­gramme très var­ié, sous la pluie mal­heureuse­ment pour les spec­ta­teurs (évidem­ment cela ne gêne en rien la pro­duc­tion en DVD).

Déb­u­tons par les rares Chants d’Auvergne de Can­teloube. Ces Airs de Can­teloube, en provençal, met­tent en valeur l’abattage de la sopra­no et les tim­bres des vents du Phil­har­monique de Berlin. Ils sont chan­tés par la grande Mag­dale­na Kožená, Mme Rat­tle à la ville et qui aura égale­ment mar­qué cette péri­ode de Berlin : Kožená qui fait en par­al­lèle une car­rière inter­na­tionale de pre­mier plan loin de Rat­tle, cou­vrant avec suc­cès et style une péri­ode qui va du baroque aux lieder de Mahler, a été égale­ment à Berlin (sous la direc­tion de Rat­tle) au cœur de cer­taines pro­duc­tions phares de l’orchestre pen­dant plus de quinze ans. Citons L’Enfant et les sor­tilèges de Rav­el (Kožená déguisée en enfant, dans un français par­fait), La Petite Renarde rusée de Janác˘ek, les Pas­sions de Bach, Car­men, Pel­léas et Mélisande. Tous ces con­certs sont vis­i­bles sur la plate­forme de l’Orchestre phil­har­monique de Berlin, digitalconcerthall.com.

Puis un air mag­nifique du troisième livre de madri­gaux de Mon­tever­di, Si dolce è ‘l tor­men­to, tou­jours par Kožená, accom­pa­g­née au clavecin (!) par Simon Rat­tle. Rat­tle n’a pas hésité à se pro­duire plusieurs fois au piano sur la scène de la phil­har­monie, en musique de cham­bre (Debussy, Mes­si­aen). Sa présence au clavecin rap­pelle l’effort qu’avait égale­ment fait Kara­jan près de quar­ante ans avant en dirigeant du clavecin le même Phil­har­monique pour accom­pa­g­n­er sa pro­tégée Anne-Sophie Mut­ter dans les Qua­tre Saisons de Vivaldi.

Après l’entracte, nous enten­dons les Pins de Rome de Ottori­no Respighi. Ce poème sym­phonique en qua­tre par­ties (Pins de la vil­la Borgh­ese, Pins sur les cat­a­combes, Pins de la voie Appi­enne, Pins sur le Jan­icule), créé en 1924 est l’œuvre la plus célèbre du com­pos­i­teur postro­man­tique ital­ien. On sent vrai­ment tour à tour la chaleur étouf­fante, le vent dans les arbres, et on entend, lit­térale­ment, le chant des oiseaux, comme l’a souhaité Respighi.

Citons égale­ment au pro­gramme la célèbre Pavane de Fau­ré tirée de sa musique de scène pour Pel­léas et Mélisande, L’Ouverture cubaine de Gersh­win, quelques pièces de bal­let de l’Arménien Khatch­a­touri­an. Puis comme clin d’œil avant le tra­di­tion­nel Berlin­er Luft qui clôt tra­di­tion­nelle­ment tous les con­certs de la Wald­bühne, la fameuse pre­mière marche des Pomp and Cir­cum­stance Mil­i­tary March­es d’Edward Elgar, pour rap­pel­er que Sir Simon part diriger le plus grand orchestre de Lon­dres. Une époque se ter­mine, elle aura été mar­quée, comme ce con­cert, par l’inventivité et la musicalité.

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