Concert du nouvel an 2007 au théâtre Mariinsky

Dossier : Arts, Lettres et SciencesMagazine N°633 Mars 2008Par : Direction Valery GergievRédacteur : Marc DARMON (83)

Le Théâtre Mariins­ky de Saint-Péters­bourg abrite aujourd’hui ce qui était connu sous le nom d’Opéra du Kirov, Bal­let du Kirov et Orchestre du Kirov pen­dant la période sovié­tique. Il s’agit d’une des plus vieilles et des plus célèbres ins­ti­tu­tions du monde, qui a repris son nom ori­gi­nal (qui lui vient de Marie, l’épouse du tsar Nico­las II) lorsque Lenin­grad a repris son nom de Saint-Péters­bourg. Diri­gé dans le pas­sé par les plus grands chefs et com­po­si­teurs russes, il est aujourd’hui diri­gé par le chef de répu­ta­tion inter­na­tio­nale Vale­ry Gergiev.

Pochette du concert au théâtre MarjinskyLe concert don­né à l’occasion du nou­vel an 2007 revêt une impor­tance par­ti­cu­lière car la salle a été entiè­re­ment refaite fin 2006 selon les stan­dards modernes d’esthétique, d’ergonomie et d’acoustique. C’est ce qui explique le carac­tère excep­tion­nel, en qua­li­té, varié­té et lon­gueur, du programme.

Ce pro­gramme regroupe un nombre impor­tant de pièces qui met en valeur la vir­tuo­si­té de l’orchestre. Le réper­toire russe est natu­rel­le­ment très repré­sen­té : les célèbres Danses polovt­siennes du Prince Igor de Boro­dine sont jouées dans leur ver­sion ori­gi­nale, avec chœurs, de façon très impres­sion­nante. Le Capric­cio espa­gnol de Rim­ski-Kor­sa­kov démontre une vision très sté­réo­ty­pée de l’hispanisme vu de Rus­sie à l’époque. L’ouverture de Rouss­lan et Lud­mil­la de Glin­ka par laquelle s’ouvre le concert est un mor­ceau de bra­voure des orchestres russes ; le tem­po très rapide de cette ver­sion est par­fai­te­ment maî­tri­sé. Le scher­zo de la seconde sym­pho­nie de Rach­ma­ni­nov est sen­ti­men­tal et démons­tra­tif comme sou­vent chez ce com­po­si­teur. Le concert ter­mine par le brillant final de l’Oiseau de feu de Stra­vins­ki. Mais pour conti­nuer à démon­trer la flamme de l’orchestre, le pro­gramme contient aus­si un pré­lude de Wag­ner (Lohen­grin), une pol­ka de J. Strauss et l’ouverture de la Force du des­tin de Ver­di, dont la même équipe a enre­gis­tré il y a treize ans une ver­sion de réfé­rence de l’opéra inté­gral (chez Philips).

À cette liste qui suf­fi­rait déjà à rem­plir un riche concert, Ger­giev ajoute deux œuvres majeurs du réper­toire, le second concer­to pour pia­no de Franz Liszt (avec Y. Bronf­man au pia­no) et Harold en Ita­lie de Ber­lioz (avec le célèbre altiste Y. Bash­met à l’alto). Ces deux mor­ceaux qui consti­tuent le cœur du concert sont éga­le­ment magni­fi­que­ment joués. Le jeu du pia­niste Y. Bronf­man est notam­ment très impres­sion­nant et l’image per­met de s’en rendre par­fai­te­ment compte.
Dis­po­ser de ce concert en DVD apporte d’importantes plus-values par rap­port à ce qu’aurait été un simple disque. L’image, de très bonne qua­li­té, per­met de se rendre compte de la beau­té de la nou­velle salle du Mariins­ky. Par ailleurs, l’image du chef est très sai­sis­sante : son visage d’apparence plu­tôt poli­cée au début du concert prend peu à peu une image d’artiste mau­dit, éche­ve­lé et hal­lu­ci­né, très éloi­gnée des images de chefs par­fai­te­ment « bru­shin­gués » que dif­fu­sait par exemple Kara­jan (dont les DVD res­sortent peu à peu). La direc­tion de Ger­giev assez carac­té­ris­tique, au moyen d’une baguette de la taille d’un cure-dent, est très inté­res­sante à regarder.

Au final, ce DVD est à la fois le témoi­gnage d’une soi­rée impor­tante pour l’institution russe, mais aus­si un très bon moyen de dis­po­ser d’excellentes ver­sions en images de très nom­breuses œuvres impor­tantes. Vous l’aurez com­pris, je le recom­mande tout à fait.

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