DVD Orphée et Eurydice de Gluck

Christoph Willibald GLUCK : Orphée et Euridice

Dossier : Arts, Lettres et SciencesMagazine N°728 Octobre 2017Par : La Fura dels Baus au Festival Castell de Peralada Rédacteur : Marc DARMON (83)Editeur : 1 DVD ou Blu-ray C MAJOR

Le Mythe d’Orphée a été le thème du pre­mier opé­ra de l’histoire, au début du XVIIe siècle (lais­sons les spé­cia­listes se battre pour savoir si c’est l’œuvre de Mon­te­ver­di ou de Jaco­po Peri qui mérite ce titre). 

C’est bien natu­rel, s’agissant d’un mythe qui raconte, entre autres, le pou­voir de la musique sur les forces de l’enfer.

On a comp­té, depuis, plus de qua­rante opé­ras sur ce thème. Si on fait abs­trac­tion de la brillante pochade d’Offenbach, c’est l’œuvre de Gluck qui se par­tage le fir­ma­ment avec Monteverdi. 

Gluck com­po­sa son opé­ra sur un livret en ita­lien en 1762, puis publia une ver­sion en fran­çais en 1774. L’orchestration de Ber­lioz (et la pres­ta­tion de la can­ta­trice Pau­line Viar­dot) près de 90 ans après la créa­tion contri­bua à mettre l’œuvre à la mode en France… 

« Gluck sait à peu près autant de contre­point que mon cui­si­nier » disait Haen­del à la fin de sa vie, à l’époque où le jeune Gluck lui fai­sait de l’ombre à la cour d’Angleterre. La bou­tade sévère montre bien com­ment le moder­nisme de Gluck eut du mal à se faire une place. 

Pour­tant, Orphée et Eury­dice est une œuvre magni­fique et variée. Le chaî­non man­quant entre les opé­ras de Haen­del et Vival­di et les chefs‑d’œuvre de Mozart. 

Cette pro­duc­tion fil­mée en 2011, dans le châ­teau XIVe de Para­la­da au pied des Pyré­nées espa­gnoles, per­met de bien réa­li­ser l’apport d’une repré­sen­ta­tion scé­nique ou d’un DVD par rap­port à un simple enre­gis­tre­ment sonore ou un disque. Ce que l’on voit attire autant l’attention que ce que l’on entend, et on res­sort très mar­qué par une expé­rience totale, ce qui est très dif­fèrent d’avoir juste enten­du une suc­ces­sion d’airs, de chœurs et de musique de bal­let sur un disque. 

Il faut dire que c’est l’habitude du col­lec­tif La Fura dels Baus de nous pro­po­ser des mises en scène et des pro­duc­tions ori­gi­nales, déran­geantes , mar­quantes. Ici l’orchestre et le chef, cos­tu­més comme les chan­teurs, sont sur la scène et prennent part à l’action.

Par exemple, ils jouent le rôle des Furies lorsqu’ils tour­noient dia­bo­li­que­ment autour d’Orphée à l’entrée des enfers, ren­dant cette scène très impres­sion­nante. Ou bien ils repré­sentent les ombres du fameux Bal des Ombres. 

Il se passe tou­jours de mul­tiples choses en scène, les yeux étant de plus pré­emp­tés par des pro­jec­tions vidéo vivantes et inven­tives conti­nues. En DVD ou Blu-ray, donc en pou­vant voir plu­sieurs fois la repré­sen­ta­tion, cette sur­en­chère est bien­ve­nue car on n’est jamais lassé. 

Le per­son­nage d’Orphée reste les deux heures de l’opéra, sans entracte, sur la scène. Chan­té par une contral­to, une mez­zo, un contre-ténor ou un haute-contre, c’est natu­rel­le­ment lui qui a les plus beaux airs (dont le célèbre « J’ai per­du mon Eurydice »). 

Là il est chan­té par la mez­zo-sopra­no géor­gienne Ani­ta Rach­ve­li­sh­vi­li, qui ne cache pas sa fémi­ni­té (che­veux à la lionne lais­sés au vent, décol­le­té plon­geant), très original ! 

Der­nière ori­gi­na­li­té, la scène finale repré­sente bien enten­du les retrou­vailles d’Orphée et Eury­dice, mais aus­si l’avènement de la musique comme un art, avec les nota­tions médié­vales des notes de musique pro­je­tées sur le décor. 

Au total, vous l’aurez com­pris, un DVD très recom­man­dé pour décou­vrir dans les meilleures condi­tions le chef‑d’œuvre de Gluck. 

Un extrait (2mn.23)

L’œuvre com­plète par The Loon­don Phi­lar­mo­nic (2heures)

Poster un commentaire