L’équipe des cinq cofondateurs de Captain Cause.

Captain Cause transforme les cadeaux d’entreprise en dons aux associations

Dossier : Environnement & sociétéMagazine N°781 Janvier 2023
Par Maxence MATHEY (X16)
Par Nathanaël ROMANO (X12)

Cofondée par deux poly­tech­ni­ciens Max­ence Math­ey (X16) et Nathanaël Romano (X12), Cap­tain Cause est une plate­forme qui crée un nou­veau pont entre entre­pris­es et asso­ci­a­tions, en exploitant le poten­tiel des bud­gets alloués aux cadeaux d’entreprise. Lancés dans l’entrepreneuriat à mis­sion aux côtés de Frédéric Mazzel­la (fon­da­teur de BlaBlaCar et mem­bre du CA de Poly­tech­nique), Georges Bas­de­vant (MSc X‑HEC) et Clara Pigé (MSc PIC), ils pro­posent une nou­velle forme de mécé­nat par­tic­i­patif, avec l’objectif d’apporter un mil­liard d’euros de finance­ment à des asso­ci­a­tions dûment sélec­tion­nées pour leur intérêt général dans l’écologie, le social et la santé.

Pouvez-vous vous présenter brièvement tous les deux ?

Max­ence Math­ey : Je m’appelle Max­ence, j’ai 26 ans et je suis X16. Pen­dant mon cur­sus, mon stage de 3e année à Mon­tréal en 2019 a été un vrai déclic pour mon chemin pro­fes­sion­nel : je tra­vail­lais au sein d’une start-up qui pro­po­sait à des événe­ments de ven­dre leurs bil­lets last minute au prof­it de caus­es car­i­ta­tives. C’est donc naturelle­ment qu’en 2020, après mon Mas­ter 2 avec HEC Entre­pre­neurs, j’ai lancé l’aventure Cap­tain Cause.

Nathanaël Romano : Moi c’est Nathanaël, 30 ans, et je suis X12. Au départ, je viens du monde de l’IA, domaine que j’ai pas mal poussé à l’X puis pen­dant mon mas­ter à Stan­ford. Pro­gres­sive­ment, à force de con­stru­ire des appli­ca­tions com­plex­es autour de ces mod­èles, j’ai réal­isé que ce qui m’intéressait le plus, c’était de con­stru­ire des appli­ca­tions et des logi­ciels pour s’attaquer à des prob­lèmes socié­taux impor­tants. J’ai tra­vail­lé dans des start-up dans le monde de la san­té (Nabla, Cap­tion Health), et chez Google Maps sur le sujet de la mobilité.

En quelques mots, qu’est-ce que Captain Cause ? 

MM & NR : C’est un moyen inno­vant pour les entre­pris­es de soutenir des pro­jets asso­ci­at­ifs, tout en impli­quant leurs com­mu­nautés. Plus con­crète­ment, nous pro­posons à nos entre­pris­es mécènes d’offrir à leurs clients, parte­naires ou col­lab­o­ra­teurs des dons asso­ci­at­ifs pré­fi­nancés à venir fléch­er gra­tu­ite­ment et en un clic vers l’association de leur choix. De cette façon, les entre­pris­es peu­vent soutenir des caus­es tout en don­nant le gou­ver­nail à leurs par­ties prenantes ! Par exem­ple, plutôt que d’offrir des good­ies à ses col­lab­o­ra­teurs, une entre­prise peut leur pro­pos­er que les bud­gets affec­tés à ces cadeaux soient dirigés vers des asso­ci­a­tions investies dans l’écologie, le social ou la san­té, ce que beau­coup préfèrent en réal­ité. Aujourd’hui, la ques­tion de l’impact de nos activ­ités est omniprésente et beau­coup de per­son­nes veu­lent agir dans leur quo­ti­di­en. Notre plate­forme web clés en main per­met de ren­dre ce don sim­ple, ludique et engageant pour le Cap­tain (le des­ti­nataire du don-cadeau), tout en absorbant toutes les for­mal­ités juridiques, fis­cales et admin­is­tra­tives du don à la place du mécène.

Captain Cause est une entreprise à mission. D’où vient votre engagement ?

MM : Je n’ai pas le sou­venir d’avoir réelle­ment pen­sé ou dis­cuté la tran­si­tion écologique avant mon entrée à l’X. Mais en 2018, année qui reste pour moi « LA grande année du cli­mat », j’étais en début de 3e année sur le cam­pus et une con­jonc­tion d’événements a ren­for­cé mon engage­ment. Fin août, Nico­las Hulot démis­sion­nait en direct sur France Inter. Peu après, la pre­mière man­i­fes­ta­tion des jeunes pour le cli­mat en France rassem­blait des mil­liers de jeunes pour faire grossir les rangs du mou­ve­ment mon­di­al Fri­days for Future. Au sein de ma pro­mo, j’ai aus­si vu naître le Man­i­feste étu­di­ant pour un réveil écologique, qui a mis un gros coup de pro­jecteur sur l’engagement des étu­di­ants des grandes écoles. Comme beau­coup de cama­rades, j’ai com­mencé à regarder com­pul­sive­ment les con­férences de Jan­co (NDLR Jean-Marc Jan­covi­ci X81 pour les intimes) et à lire les essais de Pablo Servi­gne, d’Aurélien Bar­rau ou de Philippe Bihouix. C’est dans ce con­texte – où « être éco­lo » restait encore assez mar­gin­al – que j’ai inté­gré en 2019 le Mas­ter X‑HEC Entre­pre­neurs. Ma volon­té était dou­ble : je souhaitais d’une part entre­pren­dre et de l’autre align­er mon pro­jet pro avec mes engage­ments per­son­nels, en m’attaquant à une par­tie de l’immense défi qu’est la tran­si­tion écologique.

Maxence : “Je souhaitais entreprendre et aligner mon projet pro avec mes engagements personnels.”

NR : Ce qui m’a ani­mé tout au long de ma car­rière, c’est le poten­tiel qu’a la tech de faire bouger les lignes, d’avoir un impact socié­tal sur un grand nom­bre de per­son­nes. C’est pour ça que je me suis tou­jours intéressé à des domaines d’impact : la san­té, la mobil­ité, et main­tenant le mécé­nat et les pro­jets asso­ci­at­ifs. Une règle d’or que je m’impose avant d’accepter un pro­jet est : si je ne le fais pas, je voudrais que quelqu’un d’autre le fasse. Il est donc impor­tant pour moi de tra­vailler pour des pro­duits que je trou­ve géni­aux (par exem­ple Google Maps ou l’échographe automa­tique de Cap­tion Health) ou qui appor­tent des change­ments posi­tifs et pro­fonds à notre société (comme la tech­nolo­gie Nabla qui démoc­ra­tise l’accès à une médecine de pré­ci­sion, ou la plate­forme Cap­tain Cause qui va apporter un mil­liard d’euros de finance­ments à des asso­ci­a­tions dans les cinq prochaines années).

Et ces associations que vous aidez et qui représentent votre mission, quelles sont-elles ? 

MM : Nous référençons unique­ment des asso­ci­a­tions français­es d’intérêt général, c’est-à-dire éli­gi­bles au mécé­nat, dans les trois grands domaines de l’écologie, de l’action sociale et de la san­té. Par exem­ple, par­mi la soix­an­taine d’associations déjà présentes dans notre cat­a­logue per­ma­nent, les trois qui ont eu le plus de suc­cès jusqu’ici sur notre plate­forme sont Ma Petite Planète, qui sen­si­bilise les enfants à l’écologie grâce à un jeu inno­vant ayant récolté de nom­breux prix ; Witech, qui fait décou­vrir le numérique à des jeunes de ban­lieue et de zone rurale pour leur ouvrir la voie vers les métiers de la tech ; HopHop­Food, qui trans­forme des mil­lions d’invendus ali­men­taires de com­merçants en repas gra­tu­its dis­tribués à des per­son­nes précaires.

NR : Pour rejoin­dre notre cat­a­logue, nos asso­ci­a­tions sont sélec­tion­nées selon une grille de critères. Cha­cune s’engage égale­ment à réalis­er un pro­jet con­cret et à don­ner des nou­velles régulière­ment à tous les Cap­tains, pour qu’ils aient de la vis­i­bil­ité sur l’usage de leur don-cadeau.

Le groupe de travail à l'origine de Captain Cause
Le groupe de tra­vail ini­tial fin 2020 : Georges, Max­ence et Frédéric.

Maxence, tu as initialement imaginé Captain Cause avec Frédéric Mazzella (fondateur de BlaBlaCar) et Georges Basdevant. Comment vous êtes-vous rencontrés ?

MM : Notre ren­con­tre est franche­ment atyp­ique ! Au print­emps 2020, je tra­ver­sais une péri­ode pour le moins morose. Covid oblige, j’avais été rap­a­trié de Berke­ley, où j’étudiais pour mon dernier semes­tre de Mas­ter, après deux mois sur place au lieu des qua­tre prévus ini­tiale­ment. Au cœur de l’été, j’apprends que Frédéric cherche un nou­veau bras droit pour l’aider sur ses dif­férents engage­ments pro­fes­sion­nels. Je pos­tule, mais il choisit finale­ment Georges après avoir forte­ment hésité entre nous deux. L’histoire aurait pu s’arrêter là mais, à ma grande sur­prise, il me rap­pelle quinze jours plus tard pour me pro­pos­er de mon­ter… un groupe de tra­vail entre­pre­neur­ial ! Nous nous réu­nis­sons alors tous les trois plusieurs demi-journées par semaine, notam­ment dans l’entresol de chez Fred pen­dant les péri­odes Covid de 2020–2021. L’objectif ? Con­stru­ire un pro­duit four­nissant un moyen inno­vant de soutenir les pro­jets de demain. Finale­ment, après avoir exploré plusieurs pistes infructueuses, nous con­ver­geons autour de l’idée qui devien­dra Cap­tain Cause et nous nous asso­cions au print­emps 2021. Nous sommes ensuite rejoints par Clara et Nathanaël, avant une lev­ée de fonds de 3,5 M€ en sep­tem­bre 2022 et notre lance­ment pub­lic début octobre.

Pourquoi avez-vous convergé vers cette idée de plateforme ?

MM : Il est plus néces­saire que jamais d’apporter des répons­es aux défis écologiques et socié­taux actuels. Or les solu­tions con­crètes exis­tent, à toutes les échelles ! Nous sommes prag­ma­tiques et n’avons pas voulu réin­ven­ter la roue : chaque jour, les 500 000 asso­ci­a­tions français­es qui défend­ent des caus­es pro­posent déjà des actions for­mi­da­bles face à l’urgence cli­ma­tique, au déclin de la bio­di­ver­sité, à l’isolement de nos aînés, au manque d’accès aux soins… Le prob­lème, c’est qu’elles man­quent sou­vent de moyens. En par­al­lèle, 94 % des Français souhait­ent agir pour l’intérêt général et, si les entre­pris­es se déclar­ent de plus en plus nom­breuses à vouloir s’engager, seules 9 % d’entre elles sont mécènes !

Nous avons donc trou­vé le moyen de con­necter ces deux mon­des – le monde économique et celui de l’intérêt général – pour flu­id­i­fi­er la générosité.

Nathanaël : “Les entreprises peuvent transformer des budgets qui existent déjà.”

NR : Con­stru­ire une plate­forme per­met, si le pro­jet est bien mené, d’avoir un très fort impact en très peu de temps. Avec Cap­tain Cause, nous souhaitons être un facil­i­ta­teur d’impact : met­tre de l’huile dans les rouages de la générosité des entre­pris­es pour dimin­uer les fric­tions. Avec cette nou­velle forme de mécé­nat par­tic­i­patif, les entre­pris­es peu­vent trans­former des bud­gets qui exis­tent déjà (comme les bud­gets mar­ket­ing habituelle­ment alloués aux cadeaux d’entreprise). Et la plate­forme per­met juste­ment de rénover le don, en ren­dant l’ensemble du proces­sus sim­ple et ludique. En somme, nous sommes fiers d’avoir créé un mod­èle win-win-win : pour les asso­ci­a­tions, c’est une nou­velle source de finance­ment et de vis­i­bil­ité ; pour les entre­pris­es, c’est une façon orig­i­nale d’engager et de fidélis­er ses parte­naires tout en con­tribuant à des caus­es ; pour les Cap­tains, c’est un cadeau engagé et engageant, qui per­met de s’aligner avec ses con­vic­tions sans débours­er un centime.

De quoi vous occupez-vous respectivement dans ce projet ?

MM : En 2021, lorsque j’étais seul à temps plein sur la con­struc­tion de notre pro­to­type (le « MVP »), j’étais chef de pro­jet. Ensuite, j’ai fait prin­ci­pale­ment du pro­duit : un poste très stim­u­lant qui con­siste à écouter et analyser les besoins des dif­férents util­isa­teurs afin de les traduire en fonc­tion­nal­ités à dévelop­per par l’équipe tech. En 2023, je vais prob­a­ble­ment me diriger vers davan­tage de mesure d’impact, c’est-à-dire créer un sys­tème de con­fi­ance entre tous nos util­isa­teurs, fondé sur la mesure de l’impact posi­tif avéré qu’ont nos pro­jets asso­ci­at­ifs sur la société ! Il y a énor­mé­ment de chantiers à con­duire et, heureuse­ment, nous avons tous les cinq des pro­fils poly­va­lents. Il faut savoir être agile et don­ner des coups de main sur des sujets par­fois très éloignés de nos inti­t­ulés de poste.

NR : Je suis le CTO, c’est-à-dire le directeur tech­nique de Cap­tain Cause. Mon rôle est de con­stru­ire et de super­vis­er la con­struc­tion de la plate­forme, tout en dévelop­pant l’équipe tech. Pen­dant cette phase clé de la pre­mière année, je dois être capa­ble de con­stru­ire des fonc­tion­nal­ités inno­vantes dans des délais réduits pour nous per­me­t­tre d’expérimenter dans dif­férentes direc­tions, afin de con­stru­ire le meilleur pro­duit pos­si­ble et de nous adress­er au bon marché. Je dois aus­si pos­er les briques d’une plate­forme fiable, solide, sécurisée, en faisant des choix archi­tec­turaux impor­tants et raison­nés, en recru­tant les meilleurs ingénieurs pos­si­bles et en évangélisant une cul­ture d’excellence tech­nique dans l’entreprise.

Vous avez 26 et 30 ans. Est-ce que l’entrepreneuriat était une évidence pour vous ? Comment vivez-vous au quotidien ces responsabilités de jeunes entrepreneurs ?

MM : Je ne sais pas si on peut par­ler d’une évi­dence, car j’ai plutôt procédé par élim­i­na­tion : je n’ai jamais vrai­ment envis­agé ni de faire une thèse ni de rejoin­dre un grand groupe. Je préférais créer quelque chose à par­tir de zéro, met­tre un peu de mon ADN dedans et pou­voir mesur­er son impact rapi­de­ment. Beau­coup de très belles entre­pris­es sont nées de ma pro­mo de Mas­ter, dans laque­lle entre­pren­dre (avec suc­cès) est presque banal ! Mais, pour être hon­nête, cofonder une entre­prise à cet âge-là, c’est aus­si beau­coup de respon­s­abil­ités qui par­fois me dépassent un peu. La cul­ture d’entreprise, les recrute­ments, les finances, les galères ponctuelles… Heureuse­ment qu’on est cinq, et qu’on a Frédéric avec nous !

NR : L’entrepreneuriat a tou­jours été une évi­dence pour moi. Dès l’X, j’ai créé, avec deux cama­rades, le Cab­i­net Start­up, l’association étu­di­ante de référence sur ce sujet, aujourd’hui très pop­u­laire auprès des jeunes cama­rades pas­sion­nés d’entrepreneuriat. L’idée de créer, à par­tir de rien, quelque chose de plus impor­tant que soi est absol­u­ment enivrante. Ma car­rière jusqu’à présent a très large­ment été ori­en­tée pour me pré­par­er à ce rôle : m’exposer à un max­i­mum de com­posantes de la direc­tion tech­nique, de la créa­tion de ges­tion d’entreprise et de la con­struc­tion de logi­ciels et algo­rithmes inno­vants, aus­si bien dans des entre­pris­es immenses que dans des petites start-up, pour être prêt le jour où un pro­jet me don­nerait envie de faire ce saut. Ça a été le cas avec Cap­tain Cause !

Quelle est votre ambition avec ce projet ?

NR : 1 mil­liard d’euros rever­sés à des pro­jets asso­ci­at­ifs d’ici cinq ans !

MM : Un objec­tif ambitieux, voire utopiste pour cer­tains, mais nous sommes déter­minés et avons choisi un mod­èle de plate­forme com­pat­i­ble avec cette ambi­tion. Notre solu­tion étant entière­ment dématéri­al­isée, son poten­tiel de « scal­a­bil­ité » est a pri­ori immense.

Un petit message ou un conseil à adresser à vos camarades encore à l’École ?

MM : Les actions dans la sphère privée ne suf­firont pas : trou­vez le moyen d’agir chaque jour, grâce à votre tra­vail ! Vous pou­vez créer une entre­prise, infil­tr­er un grand groupe pour ten­ter de le manœu­vr­er de l’intérieur, ou même devenir des ingénieurs qui bifurquent : à vous de voir, mais en tout cas, soyez moteur de la tran­si­tion et passez à l’action au plus vite !

NR : La qual­ité de vie dans notre société n’est que la somme de tous les change­ments qui lui sont apportés. Dans un monde où la nuance et l’esprit cri­tique n’ont résol­u­ment plus leur place, faites l’effort de vous doc­u­menter avec recul et de façon adog­ma­tique sur les idées qui vous sont présen­tées au quo­ti­di­en. Soyez ensuite moteurs des change­ments dont vous jugez que la société a besoin. « Si pas vous, qui ? Si pas main­tenant, quand ? »


Pour en savoir plus…

Vous souhaitez en savoir plus sur les dons-cadeaux Cap­tain Cause, notam­ment pour en offrir en jan­vi­er à vos col­lab­o­ra­teurs ou parte­naires pour vos vœux ? Max­ence, Nathanaël et toute l’équipe pro­posent aux 100 pre­miers lecteurs de cet arti­cle de tester la plate­forme, en dis­tribuant gra­tu­ite­ment un don de 5 € à l’association de leur choix. Pour cela, il vous suf­fit de scan­ner le QR code ci-dessous et de suiv­re les instructions.

QR Code Captain Cause : Offre aux 100 premiers lecteurs


En illus­tra­tion : L’équipe des cinq cofon­da­teurs. De gauche à droite : Nathanaël Romano (CTO), Georges Bas­de­vant (CEO), Clara Pigé (COO), Max­ence Math­ey (pro­duit), Frédéric Mazzel­la (prési­dent). © Cap­tain Cause

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