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Biodiversité : un enjeu de société

Dossier : BiodiversitéMagazine N°786 Juin 2023
Par Auriane BUGNET (X15)

« Nous faisons la guerre à la nature », a déclaré le Secré­taire général de l’ONU, António Guter­res, à l’ouverture de la 15e Con­férence des par­ties à la Con­ven­tion sur la diver­sité biologique, en décem­bre dernier. Et pour cause : on estime que, sur les huit mil­lions estimés d’espèces végé­tales et ani­males, un mil­lion est men­acé d’extinction dans les prochaines décen­nies. En France mét­ro­pol­i­taine, ce sont 14 % des mam­mifères, 24 % des rep­tiles, 32 % des oiseaux nicheurs ou encore 19 % des pois­sons d’eau douce qui sont men­acés de dis­paraître du ter­ri­toire. Ces chiffres traduisent une réal­ité alar­mante : celle d’une six­ième péri­ode d’extinction de masse, com­pa­ra­ble à celle qui a entraîné la dis­pari­tion des dinosaures il y a 66 mil­lions d’années. 

“La protection de la biodiversité offre de précieuses opportunités sociétales.”

Nous peinons col­lec­tive­ment à pren­dre pleine­ment con­science de l’ampleur de la crise. Peut-être parce que ses man­i­fes­ta­tions ne sont pas encore aus­si per­cep­ti­bles que celles du dérè­gle­ment cli­ma­tique. Pour­tant, la perte de bio­di­ver­sité affecte déjà les ren­de­ments agri­coles, la qual­ité de l’eau et de l’air. Elle aug­mente le risque de trans­mis­sion de mal­adies infec­tieuses de l’animal à l’homme et dimin­ue nos chances de décou­vrir de nou­veaux médica­ments. Elle men­ace aus­si forte­ment notre économie, puisque plus de 50 % du PIB mon­di­al en dépend.

Et puis, comme le rap­pelle la Secré­taire exéc­u­tive de la plate­forme inter­gou­verne­men­tale sci­en­tifique et poli­tique sur la bio­di­ver­sité et les ser­vices éco­systémiques : « Au-delà des ques­tions de chiffres, de moyens, il faut se rap­pel­er ces ques­tions éthiques et de valeurs : est-ce que l’on veut vivre seul sur cette planète ? C’est la qual­ité de notre vie sur Terre qui est en jeu à ce moment de l’histoire. » La destruc­tion d’habitats, la sur­ex­ploita­tion de ressources naturelles, les dérè­gle­ments cli­ma­tiques, les pol­lu­tions divers­es, les intro­duc­tions d’espèces exo­tiques envahissantes… sont tout autant de pres­sions qui s’accumulent sur les écosys­tèmes et qui causent leur dérè­gle­ment bru­tal après des mil­liards d’années d’évolution. 

“C’est l’ensemble de nos modes de production et de consommation qui est en cause et qui doit changer en profondeur.”

Alors oui ! il est urgent de créer des réserves, de pro­téger cer­taines espèces, cer­tains espaces emblé­ma­tiques. Mais, face à l’ampleur et à la com­plex­ité du phénomène, cette approche his­torique de con­ser­va­tion de la bio­di­ver­sité atteint ses lim­ites. C’est l’ensemble de nos modes de pro­duc­tion et de con­som­ma­tion qui est en cause et qui doit chang­er en pro­fondeur. Et, si ces trans­for­ma­tions sont sou­vent perçues comme des con­traintes, nous prenons pro­gres­sive­ment con­science que la pro­tec­tion de la bio­di­ver­sité offre égale­ment de pré­cieuses oppor­tu­nités socié­tales, en matière de développe­ment économique, de lutte con­tre le change­ment cli­ma­tique, de préser­va­tion de la san­té humaine ou encore d’équité sociale. La bio­di­ver­sité est un sujet de société majeur, au croise­ment de défis san­i­taires, économiques et cli­ma­tiques, pour lequel il est urgent et oppor­tun de s’engager. C’est tout l’objet de ce dossier que de ten­ter de le mon­tr­er. 


Lire aus­si : Bio­di­ver­sité en péril : l’urgence d’adapter nos modes de vie


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