« Avoir une carrière internationale est une véritable richesse »

Dossier : Vie des entreprisesMagazine N°764 Avril 2021
Par Ayla ZIZ

Au fil des années, Ayla Ziz a su évoluer et relever des défis majeurs au sein de cinq entre­pris­es dif­férentes, et dans des postes divers. Nom­mée Senior Vice Pres­i­dent Glob­al Sales de Danone depuis mars 2020, elle nous livre ses prin­ci­paux chal­lenges et nous par­le des prin­ci­pales moti­va­tions et des moments les plus mar­quants de son parcours.

Vous avez eu un parcours particulièrement riche en défis et en challenges depuis votre plus jeune âge. Quels sont les moments les plus marquants de votre carrière ?

L’aventure a com­mencé à l’âge de 14 ans, quand j’ai quit­té la Syrie pour rejoin­dre directe­ment le lycée Louis-Le-Grand. Mon inté­gra­tion a été plutôt com­pliquée et je me suis retrou­vée avec plusieurs lacunes à devoir sur­mon­ter : une langue que je ne maîtri­sais pas suff­isam­ment, une cul­ture qui m’était étrangère et un pays dont je ne con­nais­sais pas l’histoire.

Il a donc fal­lu faire face à plusieurs défis, et par­courir un chemin long, mais telle­ment enrichissant… 

En classe de ter­mi­nale, j’ai été présen­tée au con­cours général de français, qui visait à récom­penser les meilleurs élèves. C’était un pur bon­heur, une grande fierté et une belle recon­nais­sance pour tous les efforts que j’avais four­nis. J’ai ain­si pu com­pren­dre, à un très jeune âge, que toute l’énergie et l’envie doivent éman­er de moi-même et me boost­er au quotidien.

“Nous vivons une période de transformation fondamentale de nos modes de consommation et du métier vente. ”

Au niveau de ma car­rière pro­fes­sion­nelle, le fil rouge qui m’a per­mis d’évoluer dans cinq entre­pris­es dif­férentes à tra­vers le monde et dans des postes divers, ce sont les belles ren­con­tres que j’ai pu faire. J’ai eu la chance et l’opportunité de crois­er le chemin de per­son­nes telle­ment inspi­rantes et pas­sion­nées, qui ont su me faire con­fi­ance, me guider et me don­ner envie d’évoluer.

Mes prin­ci­paux chal­lenges étaient de cass­er des préjugés ou des stéréo­types. Une matheuse ne peut pas tra­vailler dans les ventes, une femme ne peut pas gér­er des pays du Proche-Ori­ent ou être basée dans un pays loin de son mari et de ses enfants. Il m’a fal­lu, à plusieurs repris­es, prou­ver que oui, c’était possible.

Vous avez d’ailleurs occupé plusieurs postes à responsabilité, notamment à l’international. Quels sont, selon vous, les avantages d’avoir une carrière internationale ?

Avant de devenir Senior Vice Pres­i­dent Glob­al Sales de Danone, j’avais tra­vail­lé dans plusieurs multi­na­tionales à tra­vers le monde, notam­ment Mars en France, en Asie et en Aus­tralie, Col­gate-Pal­mo­live à Paris, Coca-Cola à Paris, Lon­dres, New York, Unilever à Rot­ter­dam puis à Bey­routh. J’ai aus­si occupé plusieurs postes en vente, mar­ket­ing, cor­po­rate com­mu­ni­ca­tion, chan­nel mar­ket­ing, direc­tion générale de pays et de région.

Avoir une expéri­ence inter­na­tionale est une véri­ta­ble richesse, sur laque­lle je con­tin­ue encore à cap­i­talis­er aujourd’hui. Cela me per­met de garder une ouver­ture d’esprit et d’approfondir mon sens de l’écoute, d’être curieuse en voulant com­pren­dre des cul­tures et des modes de vie ou de con­som­ma­tion différents. 

De par votre expérience, et étant vous-même mère de trois enfants, comment peut-on concilier carrière internationale et vie personnelle ? 

Il y a sure­ment des com­pro­mis à faire, comme rater le match de bas­ket de sa fille ou le con­cert de musique de son fils, ce qui pour­rait être par­fois frus­trant. Mais avec le recul, on se rend compte qu’il y a une richesse et beau­coup de posi­tif, y com­pris pour les enfants : en plus de décou­vrir le monde à tra­vers moi, mes enfants ont pu devenir plus autonomes et beau­coup plus respon­s­ables pour gér­er leur vie et se pren­dre en charge. 

Ensuite, je me rends compte encore plus aujourd’hui que cela nous per­met de mieux prof­iter et de mieux appréci­er tous les moments que nous pas­sons ensem­ble. Par ailleurs, il me tient à cœur d’être un exem­ple pour ma fille, en lui prou­vant qu’une femme peut par­faite­ment pro­gress­er et se faire plaisir dans sa vie pro­fes­sion­nelle, voy­ager à tra­vers le monde, diriger des équipes, tout en ayant une vie per­son­nelle épanouie.

Quel est votre périmètre d’action actuel au sein de Danone ? 

Nom­mée Senior Vice Pres­i­dent Glob­al Sales depuis mars 2020, ma mis­sion prin­ci­pale con­siste à m’assurer au quo­ti­di­en, que les con­som­ma­teurs et les patients trou­vent les pro­duits Danone qu’ils cherchent, au bon for­mat, au bon pack­ag­ing, au bon prix, là où ils les cherchent, et quand ils en ont envie.

Il s’agit notam­ment de tra­vailler avec l’ensemble de nos parte­naires dis­trib­u­teurs et clients pour s’en assurer.

C’est un tra­vail qui se fait sur l’ensemble des caté­gories de pro­duits chez Danone : les pro­duits laitiers & d’origine végé­tale, les eaux et les pro­duits spé­cial­isés, dans les 120 pays où nous sommes implan­tés et sur tous les cir­cuits de distribution.

Comment avez-vous vécu votre prise de fonctions en pleine pandémie et dans un contexte inédit ?

En effet ! Le con­texte a été très par­ti­c­uli­er étant don­né que ma prise de fonc­tions a coïn­cidé avec le début de la pandémie. Dix jours après, je me suis retrou­vée con­finée comme tous les Français, à télétravailler.

J’ai donc ren­con­tré très peu de per­son­nes chez Danone, je n’ai pas eu l’opportunité de voir tous mes col­lab­o­ra­teurs, et j’étais oblig­ée de tout gér­er à dis­tance, ce qui est d’autant plus com­pliqué quand on arrive dans une nou­velle struc­ture, avec une cul­ture dif­férente, et qu’on ne con­naît pas encore tous les produits.

La pri­or­ité était de me focalis­er sur la san­té et la sécu­rité des équipes et de con­tin­uer à appro­vi­sion­ner les mag­a­sins et les hôpi­taux de nos pro­duits… Un vrai chal­lenge, qu’on a réus­si à relever en col­lab­o­ra­tion avec toute la dis­tri­b­u­tion, dans le monde entier et grâce à la mobil­i­sa­tion de nos col­lab­o­ra­teurs, au ser­vice des con­som­ma­teurs et des clients.

Aujourd’hui, alors qu’on espère pou­voir retrou­ver bien­tôt une vie nor­male, j’ai vrai­ment hâte de pou­voir ren­con­tr­er tous les mem­bres de mon équipe en 3D, qu’on puisse échang­er, se réu­nir et relever ensem­ble les défis pour les années à venir. 

Quelle est donc votre feuille de route pour 2021 ? Quelles sont vos priorités ?

Nous vivons une péri­ode de trans­for­ma­tion fon­da­men­tale de nos modes de con­som­ma­tion et du méti­er vente. Ceci nous impose une adap­ta­tion rapi­de et con­tin­ue de nos plans d’actions, out­ils et manières de tra­vailler. Ma pri­or­ité est de met­tre en place cette trans­for­ma­tion chez Danone, tout en m’assurant que nous restons focal­isés sur la généra­tion de crois­sance prof­itable, à la hau­teur de nos ambi­tions et en étroite col­lab­o­ra­tion avec nos clients et parte­naires. Nous con­tin­uerons à innover et à créer de la valeur sur le marché, tout en veil­lant à avoir un impact posi­tif sur l’environnement et les com­mu­nautés dans lesquelles nous opérons. Dans ce cadre, le Groupe sou­tient plusieurs actions et ini­tia­tives dans le monde, avec le sup­port de nos dis­trib­u­teurs et clients. En France, par exem­ple, nous venons de lancer une opéra­tion avec les Restos du Cœur et Car­refour, qui per­me­t­tra de dis­tribuer plus d’un mil­lion de repas aux plus vulnérables.

“Le fil rouge qui m’a permis d’évoluer
dans cinq entreprises différentes à travers le monde
et dans des postes divers, ce sont les belles rencontres
que j’ai pu faire.”

Par ailleurs, nous tra­vail­lons sur la mise en place du plan « Local First ». C’est une stratégie qui traduit notre inten­tion d’être au plus près de nos con­som­ma­teurs et patients et de pass­er d’une organ­i­sa­tion mon­di­ale par caté­gories à une organ­i­sa­tion locale par zones géo­graphiques. Ce pro­jet, pas­sion­nant et riche en oppor­tu­nités, notam­ment au niveau de nos équipes de vente, qui devi­en­nent « One Danone », con­stituera une par­tie impor­tante de ma feuille de route pour 2021.

Pour con­clure, quels con­seils adresseriez-vous aux jeunes, et plus par­ti­c­ulière­ment aux femmes, qui voudraient se lancer dans une car­rière internationale ?

Si vous en avez envie, foncez !

C’est une vraie source de richesse per­son­nelle et de partage, et il ne faut surtout pas se met­tre ses pro­pres bar­rières. N’ayez pas peur, apprenez à vous affranchir des lim­ites que vous vous imposez ou qui vous sont imposées par votre entourage et par les stéréo­types que, per­son­nelle­ment, j’ai eu à affron­ter tout au long de ma vie per­son­nelle et de ma carrière.

Mon deux­ième con­seil, c’est de savoir s’intéresser aux cul­tures, appren­dre à s’en imprégn­er, écouter, rester ouvert aux dif­férents points de vue … Pour moi, cela a été fon­da­men­tal pour me sen­tir épanouie et pro­gress­er dans ma vie ! 

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