Maurice Rougemont (X 1893), opte comme beaucoup de ses camarades pour une carrière militaire

Maurice Rougemont (1893)

Dossier : Arts, Lettres et SciencesMagazine N°738 Octobre 2018
Par Robert RANQUET (72)

Les effets per­son­nels de Mau­rice Rou­ge­mont (X 1893), conser­vés dans des malles d’officier pen­dant près de cent ans, sont actuel­le­ment expo­sés à la biblio­thèque de l’X, notam­ment à l’occasion des jour­nées du Patrimoine.

Né en 1871, Mau­rice Rou­ge­mont (X 1893), opte comme beau­coup de ses cama­rades pour une car­rière mili­taire, qu’il fera dans l’arme « savante » par excel­lence : le Génie. La Grande Guerre le trouve chef de bataillon. Il meurt sur le front en 1917. Son épouse et sa fille conser­ve­ront pré­cieu­se­ment ses effets per­son­nels, conser­vés dans des malles d’officier pen­dant près de cent ans, dans la mai­son fami­liale à Noirmoutier-en‑l’Île, tels qu’ils avaient été res­ti­tués par l’armée à la famille. Ce sont ces effets qui sont actuel­le­ment expo­sés à la biblio­thèque de l’X, notam­ment à l’occasion des jour­nées du Patrimoine.

Maurice Rougemont et sa femme s’installent dans une maison de famille située sur la place de l’hôtel de ville de Noirmoutier

Mau­rice Rou­ge­mont a fait toute sa car­rière dans le Génie. En 1902, il est envoyé faire des rele­vés à Noir­mou­tier. Il y ren­contre celle qui devien­dra sa femme. Ils s’installent dans cette mai­son de famille située sur la place de l’hôtel de ville de Noir­mou­tier. Les mis­sions s’enchaînent : Lorient pour élec­tri­fier l’île de Groix, les Vosges et Alger où il est en poste quand la guerre est décla­rée. Pen­dant un an, il par­ti­cipe à la ges­tion du rapa­trie­ment en France de maté­riel, che­vaux et hommes en direc­tion des ports de Mar­seille et Tou­lon pour ensuite rejoindre le front. De retour en France en 1915, il est affec­té à la construc­tion des tran­chées. Char­gé de recon­naître les points de fran­chis­se­ment de l’Ailette et d’un canal détruits par les Alle­mands, et d’étudier sur place le réta­blis­se­ment de ces pas­sages, il est tué près du Che­min des Dames le 21 mars 1917.

Une lettre datée du 20 avril 1917 écrite par un de ses sapeurs décrit la décou­verte de son corps : « Le com­man­dant est mort sans souf­france, tué net et est tom­bé sur le dos face à l’ennemi… »

« Le commandant est mort sans souffrance, tué net et est tombé sur le dos face à l’ennemi… »Le contenu des malles d’officier de Rougemont nous donne à voir cet homme dans sa vie d’officierNous le revoyons aussi jeune polytechnicien, volontiers blagueur… et pouvons admirer sa prestance en grand U.

L’exposition nous invite à péné­trer dans le silence recueilli de sa mai­son de Noir­mou­tier. Le conte­nu des malles d’officier de Rou­ge­mont nous donne à voir, presque à tou­cher cet homme dans sa vie d’officier, avec ses signes de pres­tige et de gloire, comme avec les acces­soires de la vie la plus quo­ti­dienne. Sa croix de guerre y voi­sine avec son (der­nier ?) paquet de ciga­rettes Abdul­la. Sa montre est res­tée réglée à l’heure pré­cise de sa mort. Il semble avoir juste posé de côté son gobe­let pliable en argent. Ses car­nets de notes, une pointe sèche taillée dans une balle de mitrailleuse, des cro­quis évoquent son tra­vail de sapeur. Nous le revoyons aus­si jeune poly­tech­ni­cien, volon­tiers bla­gueur… et pou­vons admi­rer sa pres­tance en grand U. Son bicorne est res­té pré­cieu­se­ment conser­vé dans sa « boîte à claque ».

Images silen­cieuses et immo­biles d’une vie qui s’est arrê­tée ce 20 avril 1917, vie somme toute banale par­mi celles des 898 poly­tech­ni­ciens morts pour la France durant cette guerre, en une époque où l’héroïsme était le quotidien.


Gra­ti­tude pour la biblio­thèque de l’École pour les pho­to­gra­phies et infor­ma­tions uti­li­sées dans cet article.

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