Arrêtons d’avoir peur !

Dossier : Arts, Lettres et SciencesMagazine N°682 Février 2013Par : le professeur Maurice Tubiana de l’Académie des sciences et de l’Académie de médecineRédacteur : Jacques BOURDILLON (45)Editeur : Éditions Michel Lafon – 2012 - 11-13, boulevard Paul-Émile-Victor Île de La Jatte, 92521 Neuilly-sur-Seine.

Les mes­sages de l’auteur sont forts.

1. Les men­songes lancés con­tre la sci­ence paral­y­sent la France et l’Europe.

Ils freinent notam­ment le développe­ment du nucléaire et des OGM alors que le reste du monde en prof­ite largement !

Couverture du livre de Maurice Tubiana : ARRÊTONS D’AVOIR PEUR !2. Le courant « anti­science » et « antipro­grès » a tra­ver­sé les siè­cles : l’accusation de l’homme enne­mi de la nature n’est ni orig­i­nale, ni récente.

Adam et Ève ont été chas­sés du par­adis ter­restre pour avoir mangé la pomme. Jean- Jacques Rousseau n’aimait ni la civil­i­sa­tion ni le progrès.

Les écol­o­gistes du XXIe siè­cle sont, sem­ble-t-il, les héri­tiers de la « hargne rousseauiste » : la nature est dev­enue une nou­velle divinité. Pour­tant ce n’est évidem­ment pas grâce à la bonne volon­té de la nature que depuis le XVIIIe siè­cle l’espérance de vie est passée de vingt-cinq ans à plus de qua­tre- vingts ans aujourd’hui.

3. La sur­pop­u­la­tion appa­raît comme une crainte sans fonde­ment. Elle inquié­tait déjà Pla­ton alors que nous n’étions que 250 mil­lions en l’an zéro ! Au XVIIIe siè­cle, Thomas Malthus s’inquiétait à son tour de la crois­sance démo­graphique. L’annonce d’une crois­sance expo­nen­tielle est à l’évidence une grave erreur.

4. La peur du réchauf­fe­ment cli­ma­tique mérite réflexion.

Le GIEC a eu le mérite d’établir la réal­ité du réchauf­fe­ment et de pos­er la ques­tion du rôle de l’homme. Mais son pes­simisme out­ranci­er a été à juste titre cri­tiqué. La stratégie du com­bat con­tre le réchauf­fe­ment doit être fondée sur des don­nées objec­tives et non sur des préjugés. Les pop­u­la­tions qui ont faim se préoc­cu­pent du développe­ment et s’intéressent davan­tage au ren­de­ment des ter­res qu’à la pro­tec­tion de la nature.

5. Le principe de pré­cau­tion est mal rédigé et mal employé. Dans leur Rap­port au Pre­mier min­istre (1998) Philippe Kouril­sky (62) et Geneviève Viney ont pro­posé que le principe ne soit invo­qué que si le risque est sci­en­tifique­ment plausible.

Dans ce cas, les mesures pris­es doivent être pro­vi­soires et pro­por­tion­nées à la prob­a­bil­ité et à la hau­teur des risques et débouchant sur des recherch­es sci­en­tifiques. Jacques Chirac, en 2003, décide de gliss­er le principe dans la Charte de l’environnement des­tinée à être intro­duite dans la Constitution.

Deux ver­sions sont pro­posées, une sou­ple et une dure, il choisit la dure qui n’est pas fondée sur le rap­port « risque-béné­fice » (le béné­fice n’est même pas men­tion­né. On se focalise unique­ment sur le risque!).

En évo­quant des men­aces apoc­a­lyp­tiques reposant sur des allé­ga­tions n’ayant aucune crédi­bil­ité, on fait renon­cer à des pro­jets prometteurs.

6. La prop­a­ga­tion des peurs con­stitue le fonds de com­merce de cer­taines ONG.

Ces peurs sont dénon­cées par de nom­breux experts (par­mi lesquels Jean de Ker­vas­doué et Pas­cal Bruckner).

Le mou­ve­ment « anti­science » est à la fois hérité de la généra­tion du baby-boom (Mai 68) et des Verts alle­mands. Il est soutenu par un cer­tain nom­bre d’ONG qui vivent de l’angoisse qu’elles génèrent alors que l’origine de leurs ressources est inconnue.

Ce courant anti­science et antipro­grès s’exprime beau­coup trop large­ment dans les médias et étouffe mal­heureuse­ment les réac­tions plus optimistes.

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