Aqemia : l’intelligence artificielle au service de la recherche de médicaments

Dossier : Vie des entreprisesMagazine N°783 Mars 2023
Par Maximilien LEVESQUE

La start-up Aqe­mia œuvre à la décou­verte de nou­veaux médi­ca­ments. En une poi­gnée d’années, elle est deve­nue la par­te­naire pri­vi­lé­giée des grands labo­ra­toires phar­ma­ceu­tiques en inven­tant des can­di­dats-médi­ca­ments pro­met­teurs contre des can­cers. Entre­tien avec Maxi­mi­lien Levesque, co-fon­da­teur et CEO de la socié­té Aqemia.

Comment est née Aqemia ?

Après une décen­nie comme cher­cheur en phy­sique fon­da­men­tale à CEA, Oxbridge, ENS et CNRS, je reçois en 2017 un prix de la socié­té savante amé­ri­caine de phy­sique pour avoir réso­lu une équa­tion res­tée inso­luble pen­dant 40 ans. Le lea­der mon­dial de la recherche de médi­ca­ment in sili­co (par ordi­na­teur) me pro­pose de rache­ter ma tech­no­lo­gie. Je refuse, convain­cu que je pour­rai maxi­mi­ser l’impact de la tech­no­lo­gie en por­tant moi-même le pro­jet deve­nu entrepreneurial.
En 2019, je ren­contre Emma­nuelle Mar­tia­no, alors Prin­ci­pal au BCG, et nous co-fon­dons Aqe­mia. Nous sommes aujourd’hui 50 per­sonnes à Paris. Nous tra­vaillons avec les plus grands labo­ra­toires phar­ma­ceu­tiques du monde, et ambi­tion­nons de deve­nir nous-mêmes une techpharma.

Quelle est votre technologie ?

Notre tech­no­lo­gie, issue de la recherche fon­da­men­tale, est unique au monde. Nous nour­ris­sons une intel­li­gence arti­fi­cielle géné­ra­tive par de la phy­sique pour iden­ti­fier de nou­veaux can­di­dats-médi­ca­ments de manière plus rapide et plus effi­cace. Le cal­cul phy­si­co-chi­mique au cœur d’Aqemia per­met de pré­dire si un médi­ca­ment vir­tuel est actif 10 000 fois plus rapi­de­ment que la tech­no­lo­gie du lea­der mon­dial, sans perdre de pré­ci­sion. Cela nous per­met de tra­vailler sur de nom­breux pro­jets de recherche de médi­ca­ments effi­ca­ce­ment et en paral­lèle, dans de mul­tiples domaines thé­ra­peu­tiques. La tech­no­lo­gie, tes­tée depuis 2 ans avec de grands labo­ra­toires phar­ma­ceu­tiques (J&J, Sano­fi et Ser­vier par exemple), a don­né lieu à de belles avan­cées thé­ra­peu­tiques et quelques mil­lions de reve­nus, prou­vant le rôle poten­tiel d’Aqemia dans la recherche phar­ma­ceu­tique. Nous ne ven­dons pas notre tech­no­lo­gie aux labo­ra­toires : Aqe­mia uti­lise sa tech­no­lo­gie pour inven­ter les médi­ca­ments de demain en col­la­bo­ra­tion avec les labo­ra­toires phar­ma­ceu­tiques, ou pour son propre compte.

“Nous nourrissons une intelligence artificielle générative par de la physique quantique pour inventer des médicaments plus rapidement et efficacement.”

Comment votre notoriété a‑t-elle été acquise ?

En 2021, nous col­la­bo­rons pour la pre­mière fois avec un lea­der mon­dial du médi­ca­ment : Sano­fi. Les excel­lents résul­tats thé­ra­peu­tiques nous font renou­ve­ler plu­sieurs fois nos contrats, et nous avons main­te­nant des col­la­bo­ra­tions avec J&J (USA) ou Ser­vier (France). Notre noto­rié­té résulte d’excellents résul­tats de nos col­la­bo­ra­tions avec les labo­ra­toires phar­ma : des molé­cules thé­ra­peu­tiques actives et innovantes.
En paral­lèle, nous avons lan­cé début 2022 une dou­zaine de pro­jets pro­prié­taires de recherche de médi­ca­ments, prin­ci­pa­le­ment en onco­lo­gie et immu­no-onco­lo­gie : on veut soi­gner des cancers !

Dans le monde, êtes-vous les seuls ?

De nom­breuses start-up et labo­ra­toires phar­ma­ceu­tiques uti­lisent l’intelligence arti­fi­cielle pour amé­lio­rer la recherche de médi­ca­ments. La dif­fé­rence d’Aqemia réside dans son approche basée sur de la phy­sique fon­da­men­tale unique au monde. Cela nous per­met de ne pas avoir besoin de résul­tats expé­ri­men­taux du pas­sé sur les­quels entrai­ner l’IA. On peut donc trou­ver des médi­ca­ments pour des mala­dies ou cibles thé­ra­peu­tiques nou­velles ou très peu étu­diées. On a déjà prou­vé notre capa­ci­té à trou­ver des molé­cules actives pour des cibles thé­ra­peu­tiques dites « impos­sibles », par exemple avec Ser­vier. C’est grâce à ces preuves concrètes que nous avons fait, si vite, plu­sieurs mil­lions de chiffres d’affaires et avons levé 30M € pour déve­lop­per nos propres médicaments.

Quelle est la force de vos collaborateurs ?

Emma­nuelle Mar­tia­no et moi avons choi­si, dès notre pre­mier recru­te­ment avec Quen­tin Cha­mayou (X2015), de parier sur une équipe res­ser­rée, dense en talents. Des femmes et hommes très forts, capables de tra­vailler en trans-dis­ci­pli­naire, et sou­dés par le sens de notre mis­sion : trou­ver des médi­ca­ments. Nous les appe­lons « T‑shaped » : la barre ver­ti­cale sym­bo­lise la connais­sance du métier métier, la barre hori­zon­tale sym­bo­lise la capa­ci­té à se connec­ter aux autres. Un tiers de notre équipe est issu de l’École poly­tech­nique, un tiers nous a rejoints depuis l’étranger.

“L’équipe AQEMIA est extraordinairement forte techniquement et soudée par le sens de notre mission : trouver des médicaments, pour soigner.”

Recrutez-vous ?

Nous étions 20 au début 2022. Nous sommes 50 début 2023, nous pou­vons dou­bler de taille d’ici la fin 2023, si nous trou­vons les bonnes personnes.

Quel profil recherchez-vous ?

Nous recru­tons en machine lear­ning, phy­sique, data, soft­ware engi­nee­ring, chi­mie médi­ci­nale, chi­mie de syn­thèse, bio­lo­gie… à tous les niveaux de sénio­ri­té. L’adhésion forte à la mis­sion com­mune – soi­gner des gens malades – fait par­tie de notre ADN. Ça parait naïf de le dire, mais ça change tout pour nous.
Sou­hai­tez-vous vous étendre dans d’autres régions du globe ?
Nous tra­vaillons avec les plus grands labo­ra­toires phar­ma­ceu­tiques du monde, y com­pris ceux amé­ri­cains. Aqe­mia aura sans doute des bureaux à Bos­ton en 2024.

Pourquoi avez-vous levé des fonds ?

Nous avons annon­cé une levée de fonds de 30M € en sep­tembre 2022. L’objectif est simple :
déve­lop­per nos propres ccan­di­dats-médi­ca­ments avec une dou­zaine de pro­jets internes contre des cancers ;
conti­nuer de gran­dir l’équipe et la tech­no­lo­gie pour être les meilleurs au monde en recherche de médi­ca­ments, et pour aug­men­ter notre empreinte aux États-Unis.

Que va permettre l’intelligence artificielle dans les années à venir ?

La recherche de médi­ca­ments est un pro­ces­sus long, qui peut prendre jusqu’à 12 ans et 2 mil­liards d’euros. Je crois que l’intelligence arti­fi­cielle sera uti­li­sée à toutes les étapes pour rendre plus effi­cace le pro­ces­sus de recherche et déve­lop­pe­ment d’un médi­ca­ment. Notre approche et notre tech­no­lo­gie uniques au monde. Issues de la recherche fon­da­men­tale à l’ENS et au CNRS, nous posi­tionnent comme pion­niers et lea­ders dans ce domaine.


EN BREF :

Aqe­mia est une socié­té phar­ma­ceu­tique de nou­velle géné­ra­tion qui génère l’un des pipe­lines de décou­verte de médi­ca­ments à la crois­sance la plus rapide au monde. Notre mis­sion est de conce­voir des can­di­dats-médi­ca­ments pour des dizaines de mala­dies. Ce qui nous dis­tingue, ce sont des algo­rithmes uniques de méca­nique quan­tique et sta­tis­tique qui ali­mentent une IA géné­ra­tive pour conce­voir de nou­veaux candidats-médicaments.

Pour plus d’informations, ren­dez-vous sur www.aqemia.com

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