Implantation APAVE en Asie

APAVE Viêtnam & Asie du Sud-Est : une décennie de coopération au Viêtnam

Dossier : Le Viêtnam en 2005Magazine N°609 Novembre 2005
Par Van Phuc LÊ (64)
Par Pierre DELOHEN

Quel est l’in­térêt présen­té par l’in­ter­ven­tion d’une tierce par­tie dans un pays en développe­ment, un con­cept qui a habituelle­ment cours dans les pays dévelop­pés ? s’in­ter­ro­geait Lê Van Phuc, directeur général de l’A­pave Sud Europe et ini­ti­a­teur du développe­ment au Viêt­nam, en mai 1997 dans La Jaune et la Rouge. Réponse alors pleine­ment con­fir­mée en 2005 : parce que le Viêt­nam engagé dans une poli­tique de développe­ment pour s’in­té­gr­er dans le marché mon­di­al est con­damné à brûler les étapes dans le cadre de la mon­di­al­i­sa­tion et qu’il doit plus rapi­de­ment que d’autres répon­dre aux enjeux que sont la qual­ité régle­men­taire, con­tractuelle ou con­sen­suelle, l’as­sur­ance qual­ité, etc.

Par sa poli­tique de renou­veau, le Viêt­nam devient un pays promet­teur qui dis­pose d’un atout maître avec ses 82 mil­lions d’habi­tants réputés pour leur intel­lect et leur dynamisme observe Nguyen Cong Phu, directeur Asie Paci­fique de l’A­pave Sud Europe, directeur général de l’A­pave Viêt­nam et Asie du Sud-Est. La stratégie de développe­ment des activ­ités qual­ité, sécu­rité et assis­tance tech­nique repose sur un trépied qui assure un équili­bre sta­ble : indus­trie (récep­tion des équipements, con­trôle non destruc­tif), con­trôle en con­struc­tion et génie civ­il, con­seil en organ­i­sa­tion (ISO 9 000 et 14 000, etc.). La rela­tion avec les parte­naires con­stru­it un sec­ond trépied qual­i­fié de ” tri­an­gle mag­ique ” par Nguyen Cong Phu avec l’A­pave en sym­biose avec une rela­tion priv­ilégiée avec l’au­torité admin­is­tra­tive et poli­tique — sans qui rien ne se fait — et les décideurs indus­triels étrangers et vietnamiens.

L’A­pave Viêt­nam et Asie du Sud-Est n’a pas sac­ri­fié son éthique à sa crois­sance pour­tant bien réelle : 25 000 dol­lars de chiffre d’af­faires en 1998 con­tre 3 mil­lions atten­dus en 2005. Ses dirigeants ont délibéré­ment choisi de fonc­tion­ner avec les niveaux de com­pé­tences et de tech­nolo­gies français­es comme out­ils de coopéra­tion avec les parte­naires, publics et privés, quitte à subir avec le temps l’émer­gence d’une con­cur­rence for­mée par elle ! L’A­pave a ain­si for­mé plusieurs cen­taines d’ex­perts viet­namiens en interne et en externe. Un choix qui n’est sans doute pas étranger à la répu­ta­tion de la société qui a grande­ment con­tribué à l’im­plan­ta­tion du sys­tème de ges­tion de la qual­ité ISO 9 000 au Viêt­nam et par­ticipé par son savoir-faire au con­trôle d’un nom­bre con­séquent de grands pro­jets indus­triels pétroliers et gaziers dans tout le pays.

Pour qui con­naît la cir­cu­la­tion aux heures de pointe dans les rues d’Hô Chi Minh-Ville avec sa noria de deux-roues motorisées obéis­sant à d’ob­scures lois — pour un Occi­den­tal pré­ten­du­ment cartésien s’en­tend — l’im­plan­ta­tion du con­trôle tierce par­tie tient de la gageure ! Com­ment impos­er un parte­naire indépen­dant entre le maître d’ou­vrage, le maître d’œu­vre et l’en­tre­pre­neur quand la tra­di­tion con­court au flou ? Et pour­tant par sa com­pé­tence, son savoir-faire et un indé­ni­able réseau, les dirigeants de l’A­pave sont par­venus à sus­citer à tous niveaux la néces­sité du con­trôle tierce par­tie1.

L’A­pave Viêt­nam et Asie du Sud-Est dis­pose de toute lat­i­tude pour la véri­fi­ca­tion et le con­trôle des tours d’habi­ta­tion de plus de trente étages, hôtels, build­ings, locaux rece­vant du pub­lic, usines d’en­grais, ther­miques, unités chim­iques, cimenter­ies, etc.

Indépen­dance et qual­ité, nous fon­dons nos inter­ven­tions sur les normes et la mise en con­for­mité même si nous avons par­fois des dif­fi­cultés à faire pass­er ces deux notions qui n’ap­par­ti­en­nent pas à la cul­ture locale témoigne Nguyen Phuoc Tuy Ha, direc­trice mar­ket­ing et développement.

En dates

1995–1997 : étab­lisse­ment d’un bureau de représen­ta­tion et de coopéra­tion avec les min­istères (Sci­ences et Tech­nolo­gies, Con­struc­tion, direc­tion de la Métrolo­gie et la Qual­ité) et de grandes com­pag­nies (Petro­Viet­nam, Viet­nam Air­lines, Lil­a­ma, con­struc­tion et mon­tage d’opérations).
1997 : niveau de com­pé­tence inter­na­tionale pour vingt ingénieurs viet­namiens, autori­sa­tion d’établir une société à 100 % de cap­i­tal français ; ouver­ture sur la Chine, la Malaysia, la Thaï­lande, l’In­donésie, la Bir­manie, l’Inde, le Bangladesh, le Cam­bodge, etc.
2002 : par­tic­i­pa­tion à un pro­jet pétro-gazier en Afrique.
2003–2008 : créa­tion avec la mai­son mère de l’A­pave Malaysia ; étab­lisse­ment de six struc­tures du nord au sud du Viêt­nam ; créa­tion à venir de struc­tures à Shang­hai, Bangkok, Bom­bay, etc.


Dans le futur quarti­er de Thu Thiem à Hô Chi Minh-Ville qui accueillera à terme quelque deux mil­lions d’habi­tants dans un méan­dre de la riv­ière Saigon, l’A­pave inspec­tait en juin 2005 trois chantiers d’im­meubles résidentiels.

Con­seil du maître d’ou­vrage, nous sommes présents sur le chantier du pre­mier au dernier jour. Notre présence appa­raît nor­male témoigne Vo Minh Son, ingénieur de l’A­pave, respon­s­able prin­ci­pal du con­trôle sur le pro­jet An Khang. Ces immeubles de dix-huit étages avec plus de 500 apparte­ments sont con­stru­its sur un sol à ten­dance marécageuse. Au con­trôle in situ (avec obser­va­tions écrites sys­té­ma­tiques au maître d’ou­vrage s’il y a lieu) s’a­joute le con­trôle du béton directe­ment à la cen­trale de production.

Nous con­trôlons en appli­quant en plus la philoso­phie de la norme ISO observe Nguyen Phuoc Loc, présent sur le chantier d’An Thinh, immeu­ble rési­den­tiel de dix-sept étages où l’A­pave est cette fois le man­dant du maître d’ou­vrage en matière de con­trôle. Cet ingénieur en struc­ture et élec­tric­ité expéri­men­té, nou­veau salarié de l’A­pave pour qui la qual­ité compte, analyse : La rigueur spé­ci­fique de l’A­pave est une com­posante assez nou­velle sur des chantiers où les com­pagnons priv­ilégient plutôt le respect du bon avance­ment du chantier que sa qual­ité. La véri­fi­ca­tion tierce par­tie intéresse égale­ment le monde de l’industrie.

Les con­trôles non destruc­tifs (CND) con­stituent le deux­ième champ d’in­ter­ven­tion de l’A­pave Viêt­nam et Asie du Sud-Est avec son cortège d’es­sais par radi­ogra­phie, par mag­né­to­scopie, par ultra­sons, par ressuage, etc., appliqué aux instal­la­tions off­shore, aux pipelines, aux usines et aux navires. À Vung Tau, l’ex-cap Saint-Jacques, la société inter­vient sur les ter­minaux de stock­age de gaz et de gaz liqué­fié depuis 1999 avec, pour le pre­mier, un con­trôle non destruc­tif au démar­rage des instal­la­tions puis dans le cadre de la main­te­nance régle­men­taire une inspec­tion visuelle et un CND : l’A­pave con­court aujour­d’hui par appel d’of­fres pour l’ar­rêt pour main­te­nance et inspec­tion. Et pour le sec­ond un CND pen­dant l’in­stal­la­tion, un con­trôle visuel et un CND pen­dant la main­te­nance. Pour être capa­ble d’être recon­nu par les clients nationaux et inter­na­tionaux, il a fal­lu con­stam­ment précéder le marché en for­mant les tech­ni­ciens et ingénieurs recrutés à l’a­vance, par des experts for­ma­teurs venant de France, de Sin­gapour, de Malaisie. En out­re, il faut con­stam­ment inve­stir en matériels mod­ernes et résistants.

Alors que l’A­pave tra­vaille au main­tien de ses posi­tions dans un marché con­cur­ren­tiel très dur, comme dans toute l’Asie du Sud-Est, l’en­tre­prise est con­fron­tée à une autre con­cur­rence dans le domaine spé­ci­fique de l’in­dus­trie pétrolière avec l’om­niprésence des normes et autres cer­ti­fi­ca­tions anglo-sax­onnes et améri­caines : C Swip, ASNT, PCN, etc.  Nous devons les inté­gr­er et for­mer nos ingénieurs en con­séquence pour sat­is­faire nos clients ajoute Nguyen Phuoc Tuy Ha, soucieuse de for­ti­fi­er la présence de l’A­pave dans ce domaine par­ti­c­uli­er. À Vung Tau, l’A­pave par­ticipe au con­trôle de la con­struc­tion d’une plate-forme pétrolière Ruby B pour laque­lle le Malais Petronas, numéro un du pét­role en Malaisie, a con­trac­té avec Petro­Viet­nam la con­struc­tion et l’ex­ploita­tion future. Has­bi Razak de Petronas Cari­gali Viet­nam Lim­it­ed appré­cie la tierce par­tie de l’A­pave, les com­pé­tences déployées et la méthodolo­gie proposée.


Un trem­plin
L’A­pave Sud Europe fait de sa fil­iale viet­nami­enne un trem­plin, une plaque tour­nante pour toute l’Asie du Sud-Est. Une con­quête par étapes suc­ces­sives traduites par une activ­ité de l’A­pave au Japon, à Tai­wan, aux Philip­pines, en Thaï­lande, au Bangladesh, en Inde, en Bir­manie, à Sin­gapour, en Indonésie et jusqu’au Moyen-Ori­ent et en Afrique. Avec la créa­tion de l’A­pave Malaysia à Kuala Lumpur, l’A­pave ambi­tionne de pénétr­er le promet­teur marché chi­nois. Et plus si affinité !

Le con­seil qual­ité et man­age­ment, dernier domaine d’in­ter­ven­tion, se décline en for­ma­tion tech­nique (tech­ni­ciens des essais non destruc­tifs et soudeurs par exem­ple) et en man­age­ment spé­ci­fique. Depuis les années qua­tre-vingt-quinze avec l’aide à la mise sous assur­ance qual­ité, ISO 9 001 et 9 002 obtenues depuis, des deux plus grands lab­o­ra­toires d’es­sais éta­tiques Quat­est 1 et Quat­est 3 et le plus impor­tant fab­ri­cant de comp­teurs élec­triques EMIC, l’A­pave Viêt­nam et Asie du Sud-Est trace son sil­lon. Chez MMVC, usine japon­aise à Biên Hòa, spé­cial­isée dans la fab­ri­ca­tion de pièces pour moto­cy­cles et auto­mo­biles, et réputée pour son sys­tème de fab­ri­ca­tion déjà rigoureux issu de la mai­son mère, l’A­pave est appré­ciée pour ” ses con­seils per­ti­nents ” et ” sa méthodolo­gie ” sur le chemin de la cer­ti­fi­ca­tion ISO 9 000 acquise et ISO 14 000 à venir. Plus générale­ment, les actions de for­ma­tion organ­isées par l’A­pave avec ses sémi­naires ont sou­vent rassem­blé sous le signe de la qual­ité plus de 1 000 per­son­nes, hauts fonc­tion­naires, cadres dirigeants, directeurs tech­niques et ingénieurs de pro­duc­tion. Un investisse­ment très impor­tant a été réal­isé au départ pen­dant plusieurs années en envoy­ant en mis­sion opéra­tionnelle ou en mis­sion de for­ma­tion plus d’une dizaine d’ex­perts con­sul­tants de France.

Contrôle technique pour Total Gaz, Viêtnam.
Con­trôle tech­nique pour Total Gaz, Viêtnam
© GROUPE APAVE.

Et parce que l’A­pave Viêt­nam et Asie du Sud-Est s’est créée il y a dix ans pour suiv­re le pre­mier pro­jet de raf­finer­ie, la société investit déjà la gigan­tesque et future zone économique de Dung Quat au cen­tre du Viêt­nam avec son aéro­port, ses deux ports pétroliers, sa raf­finer­ie, ses usines (tex­tiles, chaus­sures, etc.), sa ville de 100 000 habi­tants, etc. L’A­pave est sur place et entame des dis­cus­sions prélim­i­naires à la faveur de con­trats en cours pour les con­trôles qual­ité de la con­struc­tion d’une usine de traite­ment des eaux usées et d’un relais hertzien. Plus orig­i­nal, l’A­pave Viêt­nam et Asie du Sud-Est, par ses presta­tions qual­ité et con­trôle, par­ticipe à la réal­i­sa­tion avec le Français Sogreah de la digue de pro­tec­tion de 1,6 km du futur port pétroli­er pour pro­duits raf­finés et con­seille sa con­struc­tion par Lung Lo, représen­tant du génie mil­i­taire viet­namien. Cette digue per­me­t­tra la con­struc­tion d’un port en eau pro­fonde per­me­t­tant à la nou­velle raf­finer­ie de faire tran­siter le pét­role et les pro­duits finis.

Dans la ban­lieue d’Haiphong, l’A­pave Viêt­nam et Asie du Sud-Est a établi ses quartiers depuis quelques années déjà dans le très récent chantier naval de la com­pag­nie Nam Trieu, capa­ble de con­stru­ire de front cinq car­gos de gros ton­nage. L’A­pave répond par­faite­ment à notre attente dans un marché viet­namien con­cur­ren­tiel explique Vu Van Cu, vice-directeur. Les prix sont raisonnables, le ser­vice excel­lent, les per­son­nels motivés et les échanges de qual­ité. Les con­trats s’en­chaî­nent : CND, con­seil en ges­tion de la qual­ité (ISO), for­ma­tion de soudeurs, for­ma­tion à l’u­til­i­sa­tion des équipements pour le CND avec délivrance de cer­ti­fi­cats internationaux…

Contrôle de complexe d'habitation.(APAVE Viêtnam)
Con­trôle de com­plexe d’habitation.
© GROUPE APAVE.

Ce développe­ment maîtrisé repose avant tout sur la qual­ité des hommes et des femmes qui for­ment le per­son­nel de l’A­pave Viêt­nam et Asie du Sud-Est. Ils étaient 250 en 2004 et seront 270 en 2005, sans compter la fil­iale Apave Malaysia man­agée à par­tir du Viêt­nam, à com­par­er aux trois pio­nniers de 1995. On notera en 2002 le dou­ble­ment des effec­tifs à 180 per­son­nes qui mar­que une étape majeure du développe­ment de la société. Ingénieurs et tech­ni­ciens comptent désor­mais pour 85 % du per­son­nel total. Le per­son­nel admin­is­tratif est lui-même bilingue ou trilingue, diplômé des uni­ver­sités, qu’il faut bien sûr sélec­tion­ner et for­mer. L’en­tre­prise n’a plus d’ex­pa­triés tech­niques et exporte des experts sur des chantiers étrangers de sa mai­son mère !

L’ini­ti­a­teur, Lê Van Phuc, et son relais sur place depuis la pre­mière heure, Nguyen Cong Phu, expliquent au-delà de la justesse de la réso­lu­tion de l’équa­tion ini­tiale — pour­tant à de nom­breuses incon­nues — ce suc­cès dou­blé d’un respect pal­pa­ble sur place. Qu’un Viet­namien, Lê Van Phuc, dirige une société en France aus­si impor­tante que l’A­pave Sud Europe reste une source de fierté pour les parte­naires de l’A­pave Viêt­nam et Asie du Sud-Est. Tran Van Dung, vice-directeur de Quat­est 3, organ­isme de nor­mal­i­sa­tion et de mesures de l’É­tat, acteur de la coopéra­tion ini­tiale avec l’A­pave Viêt­nam et Asie du Sud-Est à peine créée, témoigne et n’ou­blie pas : Grâce à Lê Van Phuc, nous avons béné­fi­cié du trans­fert de com­pé­tences dans la méthodolo­gie du con­seil et d’une aide à la mise en place de la cer­ti­fi­ca­tion ISO au Viêt­nam. For­ma­tion, con­sul­tance, con­seil et man­age­ment, le rap­proche­ment avec l’A­pave est très fort et la col­lab­o­ra­tion étroite.

Avec quinze années d’ou­ver­ture seule­ment, le Viêt­nam s’est engagé dans le rat­tra­page de son retard — une trentaine d’an­nées en ter­mes de développe­ment économique — face aux autres drag­ons asi­a­tiques : il en va de son hon­neur nation­al. L’A­pave Viêt­nam et Asie du Sud-Est se veut une struc­ture forte et com­pé­tente à valeur ajoutée selon Nguyen Cong Phu. Sur la base d’une bonne con­nais­sance du marché local et d’un tra­vail sans relâche sur la tech­nic­ité et sur l’as­sur­ance qual­ité, la société par­ticipe active­ment, à sa mesure, à l’es­sor économique du Viêt­nam et à son inté­gra­tion au com­merce et aux échanges inter­na­tionaux, tout en priv­ilé­giant les fon­da­men­taux de toute entre­prise, la sat­is­fac­tion des besoins du client et la marge.

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1. Depuis avril 2005, une nou­velle loi sur l’oblig­a­tion de l’in­spec­tion tierce par­tie est entrée en vigueur pour assur­er la qual­ité des grands pro­jets, tels grands immeubles ou pro­jets gouvernementaux.

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