ADLIN Science : une société à mission et à impact au service de la recherche en biologie moléculaire

Dossier : Health techMagazine N°773 Mars 2022
Par Paul RINAUDO (E2019)

ADLIN Sci­ence four­nit des solu­tions aux acteurs français et européens de la recherche et du secteur de la san­té pour le traite­ment des don­nées mul­ti­omiques. En tant que société à mis­sion et à impact, elle par­ticipe aus­si bien à l’essor de la médecine de pré­ci­sion qu’au finance­ment de la recherche. Entre­tien avec Paul Rin­au­do (E2019) et CEO de l’entreprise.

Définissons ce que sont les sciences multiomiques. De quoi s’agit-il ?

Tout le monde con­naît la génomique (l’observation de l’ADN), la tran­scrip­tomique (dis­ci­pline con­nue grâce aux vac­cins ARN mes­sager), mais il existe aus­si l’épigénétique (l’expression des gènes), la pro­téomique (l’étude des pro­téines), etc.

Les sci­ences mul­ti­omiques décrivent l’ensemble de nos fonc­tion­nements intramolécu­laires. Elles per­me­t­tent de com­pren­dre la cause réelle des patholo­gies. Leurs études et leurs obser­va­tions ciblent l’origine des mal­adies et non plus les symptômes.

Pourquoi s’intéresser à ces données ?

Plusieurs raisons ! Elles sont la clé pour l’essor de la médecine de pré­ci­sion. Elles pour­raient égale­ment per­me­t­tre la val­ori­sa­tion de la recherche dans les lab­o­ra­toires et les hôpi­taux ; le tout en ren­dant plus acces­si­bles les don­nées à tous les acteurs du secteur de la santé.

Quelles sont les solutions que vous proposez à vos différents partenaires ?

Lorsqu’on par­le de don­nées génomiques ou de san­té, on évoque trop rapi­de­ment l’intelligence arti­fi­cielle. Nous restons con­va­in­cus de l’importance de cette approche néan­moins comme le dit très bien l’expression “Garbage in = Garbage out”. Nous nous attelons à fournir une solu­tion qui accom­pa­gne les chercheurs dans la struc­tura­tion des don­nées, depuis la ques­tion biologique jusqu’à l’analyse sta­tis­tique. Notre plate­forme ADLIN offre un cadre de tra­vail mul­ti­dis­ci­plinaire et mul­ti-insti­tu­tion­nels adap­té aux spé­ci­ficités de nos util­isa­teurs (biol­o­gistes, bioin­for­mati­ciens, math­é­mati­ciens, cliniciens…).

“ADLIN, en tant que société à missions se positionne comme tiers de confiance entre acteurs publics et privés.”

Vous vous appuyez sur un business model innovant…

Nos solu­tions sont gra­tu­ites pour tous les chercheurs du secteur pub­lic et payants pour le secteur privé. En tant que société à mis­sion, nous avons pris l’engagement de par­ticiper active­ment à la val­ori­sa­tion sci­en­tifique et économique des travaux des scientifiques.

Ce mod­èle se veut vertueux… Les for­faits pre­mi­um payés par le secteur privé per­me­t­tent de fournir notre solu­tion gra­tu­ite­ment au public.

Quels sont les atouts de votre modèle ? 

Les chercheurs publics peu­vent struc­tur­er leurs don­nées de façon plus qual­i­ta­tive et interopérable. Ils peu­vent plus facile­ment les partager avec les acteurs privés dans le cadre de leurs pro­to­coles pré­clin­iques et cliniques.

Pourquoi promouvoir une collaboration multidisciplinaire avec vos partenaires ?

Le biol­o­giste ne tra­vaille plus comme il y a vingt ans. Il a besoin de com­pé­tences spé­ci­fiques pour extraire la valeur sci­en­tifique des don­nées omiques (bio-infor­mati­ciens, math­é­mati­ciens). Or, ces pro­fils rares sont peu présents au sein du lab­o­ra­toire où il tra­vaille. Nos solu­tions per­me­t­tent de tiss­er des liens entre les insti­tu­tions et les dif­férents acteurs. Elles offrent ain­si un cadre col­lab­o­ratif pour men­er des pro­jets de toute nature.

Avez-vous le sentiment que les acteurs privés et publics ont du mal à se parler ? 

On par­le sou­vent de schisme entre ces acteurs ! Le Prési­dent Emmanuel Macron l’a même évo­qué lors de son dis­cours en juin 2021 sur la stratégie « inno­va­tion san­té 2030 » (sources : https://www.vie-publique.fr). La défi­ance réciproque entre ces acteurs est mal­heureuse­ment jus­ti­fiée. Les lab­o­ra­toires publics se plaig­nent d’un manque de resti­tu­tion de valeurs économiques et sci­en­tifiques de la part des acteurs privés. À l’inverse, ces derniers ont le plus grand mal pour exploiter les don­nées issues du pub­lic, faute d’une struc­tura­tion de qual­ité. Cha­cun recon­naît d’ailleurs cet état de fait. Pour cette rai­son, il est essen­tiel de faire appel à des tiers de con­fi­ance qui vont faciliter leurs collaborations.

Que veut dire être tiers de confiance dans ce secteur ? 

ADLIN s’est con­stru­it pour répon­dre à cet enjeu. D’un côté nous prônons la gra­tu­ité de la plate­forme. De l’autre, nous garan­tis­sons n’avoir jamais accès aux don­nées. Celles-ci restent la pro­priété des lab­o­ra­toires. Nous nous démar­quons ain­si des mod­èles anglo-améri­cains ou de type SaaS. Pour nous, être tiers de con­fi­ance est s’assurer que l’intérêt de nos util­isa­teurs sont liés aux nôtres. Ils doivent surtout en être convaincus.

“Les sciences multi-omiques sont la clé pour mieux comprendre la cause réelle des pathologies.”

Un tiers de confiance qui traite des données implique nécessairement des obligations. 

Nous suiv­ons les pré­con­i­sa­tions de la CNIL et du RGPD et sommes les pre­miers à défendre la pro­tec­tion des don­nées per­son­nelles. Comme évo­qué, nous esti­mons d’ailleurs qu’elles doivent rester la pro­priété de ceux qui la génèrent.

Comment obtenez-vous le consentement des personnes pour la collecte de leurs données ?

C’est un point extrême­ment impor­tant. Cela reste de la respon­s­abil­ité des insti­tu­tions (hôpi­taux, lab­o­ra­toires de recherch­es). Pour les aider, nous les accom­pa­gnons dans la capac­ité à gér­er les con­sen­te­ments de cha­cun et à met­tre en place une bonne ges­tion des don­nées. Notre but est de per­me­t­tre un partage con­trôlé des don­nées dans le futur.

Pour la recherche médicale, les règlements européens sont-ils trop stricts à l’égard de la protection des données ?

Pas du tout, au con­traire. Nous avons la chance de dis­pos­er d’un cadre pro­tecteur au ser­vice des intérêts de nos citoyens et de nos entre­pris­es. Le RGPD est pour une entre­prise comme ADLIN une réelle oppor­tu­nité. Notre enjeu, en tant que start-up, est de le respecter. En étant con­forme, nous créons un avan­tage con­cur­ren­tiel con­tre des acteurs améri­cains, asi­a­tiques ou russes.

Comment vous positionnez-vous sur ce marché ? 

Nous voulons être un rôle de fédéra­teur de l’écosystème. Pour faire face à la con­cur­rence des GAFAM, nous avons besoin de créer un réseau européen com­posé de grands groupes, d’ETI, de start-up, d’institutions publiques, défenseurs de la sou­veraineté européenne. Les prochains mois seront dédiés au développe­ment de nos solu­tions aux côtés de nos parte­naires académiques (Insti­tut Imag­ine, Cen­tre Léon Bérard – Share4Kids, Poly­tech­nique…) et au recrute­ment de tal­ents en quête d’un pro­jet ayant du sens.

Avez-vous un souhait ? 

En tant que sociétés à mis­sion, nous avons besoin du sou­tien des pou­voirs publics pour faire émerg­er un cham­pi­on européen de la val­ori­sa­tion des don­nées issues de la recherche et des hôpi­taux. Les efforts réal­isés par les pou­voirs publics sont con­sid­érables et nous avons une chance inouïe d’innover en France. Main­tenant, notre mod­èle a ten­dance à se cal­quer sur ce que nous obser­vons outre-atlantique.

Les prochains mois ou années devront per­me­t­tre de con­stru­ire une Europe plus forte, autonome et défen­dant ses valeurs.


En bref

  • Créa­tion : Novem­bre 2020
  • Employés : 15 
  • Locaux : Geno­pole, Ago­ra­nov et Grenoble 
  • Spé­cial­ité : développe­ment d’une plate­forme en biolo­gie moléculaire
  • www.adlin-science.com

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