Accompagner un élève international

Dossier : ExpressionsMagazine N°712 Février 2016
Par Yves DEMAY (77)

L’École est main­te­nant recon­nue pour son carac­tère inter­na­tio­nal, le Magnan est une véri­table tour de Babel. Le par­rai­nage par les anciens est un ciment essen­tiel entre géné­ra­tions et cultures. Alors ins­cri­vez-vous vite pour la ren­contre avec votre filleul lors du déjeu­ner du 16 avril .

Dans l’école que j’ai connue élève, les inter­na­tio­naux étaient presque tous des élèves fran­co­phones venant de quelques pays. Aujourd’hui, une bonne part du corps ensei­gnant et des cher­cheurs dans les labo­ra­toires ne sont pas de natio­na­li­té française.

La majo­ri­té des étu­diants de mas­ter ou de doc­to­rat sont inter­na­tio­naux. La lettre de mis­sion que le ministre de la Défense vient d’adresser à l’École demande de por­ter à cent cin­quante le nombre d’élèves inter­na­tio­naux dans le cycle polytechnicien.

Deux révolutions

La com­pé­ti­tion mon­diale de l’enseignement supé­rieur et de la recherche, de plus en plus vive, va encore s’accentuer. Nous allons vivre deux nou­velles révolutions.

UN ENGAGEMENT PERSONNEL

Dès mon arrivée à la direction de l’École, il m’a semblé compatible avec ma fonction de parrainer un jeune Chinois. 
C’est avec plaisir que j’ai renouvelé mon engagement deux ans après avec un autre filleul, Cambodgien cette fois.

D’une part, les jeunes nés après la géné­ra­li­sa­tion d’Internet com­parent mon­dia­le­ment les offres, et ils arrivent main­te­nant à l’âge des choix pour leur for­ma­tion supérieure.

D’autre part, l’enseignement à dis­tance (les MOOC) va créer un effet de sta­ri­sa­tion et de ren­for­ce­ment de l’identification de quelques pôles mon­diaux de pre­mier rang. L’ouverture inter­na­tio­nale est donc essen­tielle dans le pro­jet de l’École.

Essen­tielle parce que c’est une clé pour être, et être recon­nu, comme une des meilleures uni­ver­si­tés mondiales.

Essen­tielle aus­si pour répondre aux besoins des entre­prises : la moi­tié des élèves inter­na­tio­naux res­tent en France pour leur pre­mier emploi, ce qui com­pense par­tiel­le­ment les départs hors de France des poly­tech­ni­ciens fran­çais et per­met de mieux répondre aux besoins des employeurs.

Il faut donc que les inter­na­tio­naux soient convain­cus d’avoir fait le bon choix en venant à l’École poly­tech­nique. En effet, ils sont nos meilleures cau­tions pour convaincre d’autres jeunes de venir.

Gérer la transplantation

Bien sûr, il y a la qua­li­té de l’enseignement, le lien très fort avec la recherche, l’hébergement confor­table, la vie col­lec­tive du Pla­teau, etc. Pour autant, il ne faut pas sous-esti­mer la dif­fi­cul­té de la « trans­plan­ta­tion ». Cer­tains élèves inter­na­tio­naux du cycle poly­tech­ni­cien sont admis par le concours en fran­çais après classes préparatoires.

LE MAGNAN DE BABEL

L’idée selon laquelle l’X ne serait guère internationale est largement démentie par les faits. 
Il suffit pour s’en convaincre de venir déjeuner au magnan de l’École et d’écouter parler anglais, russe, chinois, vietnamien, coréen, marocain – et aussi français – de table en table.

Que ce soit en France ou dans leur pays, ils ont vécu, pen­dant deux ou trois ans, une phase qui les rap­pro­chait de l’École poly­tech­nique et du modèle français.

Mais d’autres élèves sont recru­tés par le concours inter­na­tio­nal, en anglais, dans leur uni­ver­si­té. Leur seul contact avec la France avant leur arri­vée a pu se limi­ter à une ren­contre de quelques heures avec les pro­fes­seurs de l’École qui leur ont fait pas­ser le concours et aux cour­riels échan­gés en vue de leur arrivée.

Il leur faut apprendre le fran­çais, et pour cer­tains en par­tant de rien ou bien peu. Il leur faut s’habituer à nos règles, nos codes. Il leur faut s’adapter aux exi­gences de la sco­la­ri­té polytechnicienne.

Le parrainage est essentiel

L’élève qui avait enta­mé une for­ma­tion uni­ver­si­taire plus spé­cia­li­sée et qui était le meilleur ou l’un des tout meilleurs de sa pro­mo est confron­té à des dis­ci­plines qu’il ne connaît pas et à un groupe d’excellence où il vivra peut-être l’expérience de ne plus être le meilleur.

C’est là qu’intervient le par­rai­nage. Depuis plu­sieurs années, l’AX orga­nise le par­rai­nage de jeunes élèves inter­na­tio­naux par un ou une ancienne élève. Pour ren­con­trer régu­liè­re­ment beau­coup de nos élèves inter­na­tio­naux, je peux témoi­gner com­bien celles et ceux qui ont la chance d’être par­rai­nés appré­cient cet engagement.

Quand, à leur arri­vée, il est deman­dé aux jeunes inter­na­tio­naux s’ils sou­haitent être par­rai­nés, presque tous répondent posi­ti­ve­ment. <3>Une chance pour les parrains

Le par­rai­nage est aus­si une chance pour les par­rains. Les élèves sont des jeunes excep­tion­nels, ouverts sur le monde, por­teurs d’une culture, de connais­sances, de réfé­rences enrichissantes.

Du reste, nombre de celles et ceux qui l’ont accep­té une fois renou­vellent leur enga­ge­ment de parrain.

ÊTRE PARRAIN, C’EST QUOI ?

Un parrain ou une marraine prend deux engagements :
– assurer un contact régulier. Ce contact, au moins mensuel, peut prendre la forme d’un mail. Il vise à vérifier que l’élève international n’est pas en difficulté, ne traverse pas une période creuse psychologiquement, en particulier quand, au milieu de l’hiver, la température et la luminosité du Plateau sont très loin des standards tropicaux ; 
– aider, si nécessaire, pour certains choix. Les élèves doivent faire des choix de stage, d’option, de formation complémentaire. Les conseils des anciens sont précieux, même si naturellement, comme nos enfants, les élèves internationaux ont une grande liberté dans l’usage qu’ils en feront. 
Les organisateurs s’efforcent de tenir compte des préférences exprimées pour la nationalité des filleuls. Pour prendre tout son sens, cet engagement s’étend sur deux ans, pendant la période de présence de l’élève sur le Plateau. Les liens établis, la sympathie qui s’est créée fait que les contacts durent en général au-delà de ces deux ans. 
Bien sûr, au-delà du minimum lié aux engagements, il est bien de faire plus. L’accueil pour un repas ou une période de vacances est l’occasion de faire mieux connaissance et de tirer tout le potentiel d’échanges. L’invitation pour un spectacle ou une activité est aussi l’occasion de partages culturels.

Un réseau efficace

Lorsque Jean René Argouarc’h (70) qui a si bien joué le rôle d’animateur des par­rai­nages d’élèves inter­na­tio­naux a décla­ré, il y a quelques mois, qu’il sou­hai­tait pas­ser la main, j’ai accep­té de prendre le relais, sous la hou­lette ami­cale d’Hortense Lher­mitte (83).

Heu­reu­se­ment, je suis loin d’être seul ; un réseau est en place qui contri­bue, notam­ment, à assu­rer le relais vers les promotions.

Il y a aus­si, et c’est extrê­me­ment impor­tant, le kes­sier inter. Alexan­dr Gala­shov, Russe et kes­sier inter­na­tio­nal de la pro­mo 2013, a été une excep­tion­nelle che­ville ouvrière des par­rai­nages. C’est lar­ge­ment grâce à lui que le repas inter­na­tio­nal du grand magnan a été un suc­cès et l’occasion de ren­contres conviviales.

Nos élèves ont mon­tré un rapide aper­çu de leur pays en inter­pré­tant une ou des chan­sons, voire une danse, de leur nation. Un seul regret : ce fut trop court. En cette jour­née où le grand magnan per­met­tait tant de ren­contres et d’activités, les sol­li­ci­ta­tions étaient nombreuses.

Des volontaires

POUR EN SAVOIR PLUS

Correspondant de promo
ou yves.demay [at] polytechnique.edu

Il est temps de pen­ser à la pro­mo­tion 2015. Avec Chu Xuan-Bach, actuel kes­sier inter, nous allons orga­ni­ser de nou­veaux par­rai­nages pour les­quels j’appelle les lec­teurs à se por­ter volontaires.

Le par­rai­nage est utile, gra­ti­fiant et peu exigeant.

Déci­dez-vous, envoyez un cour­riel sans tar­der pour vous mani­fes­ter et réser­vez le same­di 16 avril pour le déjeu­ner orga­ni­sé par l’AX pour la ren­contre avec votre filleul.

Commentaire

Ajouter un commentaire

Ralph66répondre
15 février 2016 à 11 h 07 min

Par­rain
Bon­jour
Bra­vo de cette ini­tia­tive par­rai­nage a l’international
Me joindre pour contri­bu­tion action raphaelattias@gmail.com

Répondre