Un toucan toco

Accéder de façon rapide et simple aux données pertinentes de l’entreprise

Dossier : TrajectoiresMagazine N°714 Avril 2016
Par Kilian BAZIN (07)
Par Hervé KABLA (84)

Une appli­ca­tion qui per­met au per­son­nel d’une société d’obtenir, où qu’il soit et sur n’im­porte quel sup­port les chiffres clés de l’en­tre­prise de manière intu­itive. Avec la con­clu­sion du créateur :
” À mon retour des États Unis le con­stat est sans appel : Paris et la France for­ment un excel­lent ter­rain de jeu, aujourd’hui, pour une jeune entre­prise du numérique.” 

Le marché de l’« analytics » est en pleine expansion. Pourquoi un tel phénomène, selon toi ?

La pen­sée ana­ly­tique devient acces­si­ble au plus grand nom­bre avec des out­ils de vul­gar­i­sa­tion. Les couch­es bass­es d’analyse et de traite­ment de la don­née sont plus faciles à met­tre en œuvre, et per­me­t­tent à des non-spé­cial­istes de les manip­uler, dans de nom­breux secteurs et dans de nom­breuses activ­ités de l’entreprise : mar­ket­ing, vente, dis­tri­b­u­tion, etc. 

Une fois qu’on a goûté à l’optimisation de son activ­ité par la don­née, on n’en revient plus, c’est un fait. 

“ Utiliser des histoires précises qui ont fait leurs preuves ”

L’efficacité est une drogue dure. Les col­lab­o­ra­teurs d’organisations com­plex­es sont très sol­lic­ités par leur man­age­ment pour pro­duire des élé­ments de report­ing, que le man­age­ment utilise pour pilot­er l’organisation.

On ne se soucie, hélas, jamais assez du fait que ces col­lab­o­ra­teurs puis­sent accéder aux résul­tats pro­duits. Le soin du design de l’expérience util­isa­teur et le sim­ple fait d’avoir la pos­si­bil­ité de restituer une infor­ma­tion enrichie à ceux qui la pro­duisent changent cette pra­tique du report­ing, dev­enue par ailleurs assez pénible. 

L’autre con­séquence est que les con­tribu­teurs peu­vent, grâce à ce retour, égale­ment affin­er la vision des dirigeants et éviter que des choses non mesurées mais essen­tielles soient oubliées : ils savent eux aus­si sur quelle base sont pris­es les décisions. 

Qu’est-ce qui le différencie du marché du « Big Data » ?

Der­rière le voca­ble Big Data, poussé par les gros acteurs du secteur du logi­ciel, se cache, sou­vent, surtout une révo­lu­tion cul­turelle plus que technologique. 

Sans for­cé­ment bien le maîtris­er, du moins au début, ils ont surtout amené des pop­u­la­tions opéra­tionnelles dites « métiers » à s’équiper en direct et à ne pas laiss­er leurs usages être décidés unique­ment par les DSI, qui, jusqu’ici, avaient lit­térale­ment le pou­voir dès qu’il s’agissait de données. 

Comment développe-t-on un logiciel qui convienne à tous types de clients ?

On est vol­u­bile. Il faut que tous les col­lab­o­ra­teurs, con­cep­teurs ou vendeurs, aient une vraie curiosité, posent beau­coup de questions. 

C’est un exer­ci­ce de maïeu­tique pas­sion­nant : le client et l’utilisateur ont la réponse à nos ques­tions. On trou­ve ensuite le point com­mun entre le besoin d’un com­mer­cial qui souhaite étudi­er sa per­for­mance, celle de la con­cur­rence dans son secteur avant un ren­dez-vous et un P.-D.G. du CAC 40 qui souhaite accéder aux prin­ci­paux chiffres issus de son con­trôle de gestion. 

Quand on recherche la sim­plic­ité du résul­tat final, on trou­ve beau­coup de points com­muns. Le « petit plus » de Tou­can Toco est d’utiliser des his­toires pré­cis­es qui ont fait leurs preuves et per­me­t­tent aux opéra­tionnels comme aux man­agers de se situer dans l’action ensuite. 

Toucan Toco est ta première société, qu’est-ce qui t’a poussé à te lancer ?

L’envie de créer. En troisième année à l’X, j’en étais arrivé à la con­clu­sion suiv­ante : je souhaite créer de la con­nais­sance grâce à la recherche sci­en­tifique, ou bien créer une organ­i­sa­tion humaine. 

Mes pre­mières expéri­ences pro­fes­sion­nelles m’ont pro­jeté vers le sec­ond choix. 

D’où vient ce nom si particulier ?


Le Tou­can toco est le mem­bre le plus con­nu et le plus répan­du de la famille des toucans.

Le tou­can est à l’image du pro­duit que nous met­tons entre les mains de nos util­isa­teurs : col­oré, gai et aux formes très car­ac­téris­tiques. Son bec est aus­si grand que son corps, ce qui lui per­met de réguler sa température. 

Toco, c’est pour l’allitération et pour le clin d’œil. Une fois qu’on l’a vue, notre mas­cotte ne s’oublie pas. 

Quelles sont les difficultés principales quand on crée un éditeur de logiciel en 2015 ?

Je ne vois pas beau­coup de dif­fi­cultés, si ce n’est que le champ con­cur­ren­tiel est très dense. Mais je ne suis pas sûr pour autant que cela ait été dif­férent dans les années 1980, 1990 ou 2000. La con­cur­rence devait être tout aus­si rude à l’époque.

En revanche, les nou­velles oppor­tu­nités sont aus­si nom­breuses : tech­nolo­gies open source très mûres et dépas­sant les tech­nolo­gies pro­prié­taires, réseaux soci­aux et autres nou­veaux gad­gets mar­ket­ing sur­puis­sants pour se faire con­naître et prospecter, effets de mode liés aux sociétés high-tech, ter­reau entre­pre­neur­ial hyper­fa­vor­able en plein Paris, etc. 

Y a‑t-il encore de la place pour de petits éditeurs de logiciel ?

Oui, il me sem­ble qu’il y a encore et peut-être plus que jamais avec le cloud de nom­breuses caté­gories à créer. Nous réus­sis­sons par exem­ple à créer une qual­ité d’expérience pour l’utilisateur final com­plète­ment inédite, car liée au grand bond en avant qu’a fait le numérique dans le domaine personnel. 

“ Un pied dans le monde du logiciel d’entreprise et l’autre dans le monde du Web ”

Avant les smart­phones, utilis­er un ordi­na­teur pour de nom­breuses fonc­tions dif­férentes et sans for­ma­tion était lit­térale­ment réservé à une élite, de fait. Aujourd’hui la majorité des util­isa­teurs ont un ordi­na­teur dans la poche et l’utilisent pour réalis­er des actions com­plex­es, sans for­ma­tion spécifique. 

Les out­ils au sein des entre­pris­es n’ont pas évolué aus­si vite, nous sai­sis­sons cette occa­sion : cul­turelle­ment nous avons un pied dans le monde du logi­ciel d’entreprise et l’autre dans le monde du Web. 

C’est un avan­tage non nég­lige­able face à des géants enter­rés sous leur Fortran. 

L’innovation est-elle plus facile dans une petite structure que dans un grand groupe ?

Je n’en suis pas vrai­ment sûr. Je fréquente de petites et de gross­es struc­tures en étroite rela­tion avec ces sujets, et j’observe plutôt une per­for­mance dépen­dant de quelques fac­teurs liés à la cul­ture des organ­i­sa­tions et des per­son­nes qui les com­posent, plutôt qu’à leur taille. 

Faut-il entreprendre en France ?

Oui, oui et oui. J’ai passé trois mois en Amérique du Nord, sur la côte est et la côte ouest, avant de lancer Tou­can Toco. À mon retour, mon con­stat était sans appel : Paris et la France for­ment un excel­lent ter­rain de jeu, aujourd’hui, pour une jeune entre­prise du numérique. 

Il y a de l’argent investi et à inve­stir, la qual­ité de vie et le nom­bre de pro­jets per­me­t­tent de fidélis­er les col­lab­o­ra­teurs et asso­ciés, les con­di­tions admin­is­tra­tives et fis­cales sont excel­lentes, clients, four­nisseurs ou parte­naires sont aus­si en avance. 

L’herbe est sou­vent plus verte ailleurs. 

Que faudrait-il faire de plus ?

Être opti­miste : partout, tout le temps, quoi qu’il arrive.

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