Les Trois Mousquetaires – Milady / La fille de son père / L’Innocence / Une affaire d’honneur / Un silence / Making of

Dossier : Arts, lettres et sciencesMagazine N°792 Février 2024
Par Christian JEANBRAU (63)

Alexan­der Payne (Win­ter Break) est un bon met­teur en scène, Nico­las Cage (Dream Sce­na­rio) fait de louables efforts, Laure Cala­my (Iris et les hommes) est tou­jours pétu­lante, mais… quand faut choi­sir, faut choisir !

Les Trois Mousquetaires - MiladyLes Trois Mousquetaires – Milady

Réa­li­sa­teur : Mar­tin Bour­bou­lon – 1 h 55

Un vrai plai­sir de ciné­ma ! Je n’avais pas été embal­lé par le pre­mier cha­pitre. Ce deuxième volet est excellent. Les acteurs sont par­faits et par­fai­te­ment mis en valeur : jeu­nesse infa­ti­gable et fou­gueuse de Fran­çois Civil, drô­le­rie de Pio Mar­maï, de Romain Duris, effi­ca­ci­té de Vincent Cas­sel dans le rôle le moins évident. Magni­fiques scènes d’ensemble, ça bouge, ça court, ça cogne. Les femmes, mal­gré Eva Green, sont en retrait. Mais on est là pour les quatre héros, fami­liers, cava­leurs, inso­lents, frères d’armes. Louis Gar­rel recon­duit son Louis XIII sub­til. Toute la dis­tri­bu­tion est à la hau­teur et Lyna Khou­dri a un cou mer­veilleux. Cette fois, on attend vrai­ment le cha­pitre III !


La fille de son père La fille de son père 

Réa­li­sa­teur : Erwan Le Duc – 1 h 31

Poé­tique et impres­sion­niste. Accu­mu­la­tion de petites choses et pré­sence, étrange, forte, des acteurs, Nahuel Pérez Bis­cayart, lunaire, Céleste Brunn­quell, juste et sen­sible, père et fille fusion­nels au bord pour­tant de l’indépendance, s’équilibrant autant que se dés­équi­li­brant, Maud Wyler, réelle et tou­chante, Moham­med Lou­ri­di, ado par­fait… On avance sur un tapis de feuilles d’automne avec le sou­ve­nir, non dit, pré­gnant, la faille ori­gi­nelle du départ sans expli­ca­tion de la mère. Des ques­tions sans réponses et une drôle de vie à deux plus les autres bâtie sur l’absence obs­ti­né­ment occul­tée. De très jolies scènes, même secon­daires, et un court mais épa­tant numé­ro de Noé­mie Lvovs­ky en maire éco-illu­mi­née. Une pro­po­si­tion de ciné­ma cham­pa­gni­sée plus pro­fonde peut-être qu’il n’y paraît.


L’InnocenceL’Innocence

Réa­li­sa­teur : Kore-eda – 2 h 06

L’amitié confu­sé­ment amou­reuse de deux gamins bâtit les cou­lisses d’une his­toire com­plexe truf­fée de mal­en­ten­dus où mère, pro­fes­seur, école, direc­trice, cadres se débattent, s’enlisent, perdent leur latin, découvrent leurs failles, frôlent le pire, avec flo­ri­lège de cour­bettes asia­tiques et « pas-de-vague » à la japo­naise. Kore-eda nous pro­pose ici les méandres laby­rin­thiques d’une com­pli­ca­tion à déchif­frer, dont la vic­time prin­ci­pale est l’enseignant et qui ne débouche pas sur grand-chose de nou­veau mais lui a valu en mai der­nier la « Queer Palm », récom­pense annuelle du plus beau film « trai­tant de la diver­si­té sexuelle et de genre » du fes­ti­val de Cannes. Les chro­ni­queurs des Inro­ckup­tibles sont contents ! Nom de Dieu !


Une affaire d’honneur Une affaire d’honneur 

Réa­li­sa­teur : Vincent Per­ez – 1 h 40

Je suis bon client pour ce genre de sujet… et j’ai beau­coup aimé ce film assez médiocre dont le cas­ting m’enchantait dès le départ, mis au ser­vice d’une trame sans finesse psy­cho­lo­gique mais qui nous pro­pose un qua­si-docu­men­taire sur les affaires d’honneur et les règles du duel à la fin du XIXe siècle, un peu d’information his­to­ri­co-fémi­niste à la clé. Rosch­dy Zem réen­dosse son cos­tume de per­son­nage fer­mé, mutique, miné­ral, Doria Tillier ne manque pas de qua­li­tés ath­lé­tiques et tout le monde s’agite très hono­ra­ble­ment dans un for­ma­lisme tiré au cor­deau qui relève pour beau­coup de l’album illus­tré. Un diver­tis­se­ment appli­qué qui plai­ra aux convain­cus sans convaincre les difficiles.


Un silenceUn silence

Réa­li­sa­teur : Joa­chim Lafosse – 1 h 39

Len­teur, charge émo­tion­nelle, sol­li­ci­ta­tion du spec­ta­teur, épais­seur du pro­pos, per­for­mance fas­ci­nante d’Emmanuelle Devos, excel­lence de Daniel Auteuil. Jeanne Che­rhal (la com­mis­saire) et Mat­thieu Galoux (le fils) impec­cables… Tiré de la dra­ma­tique affaire His­sel, une affaire dans l’affaire Dutroux. Un pédo­phile, avo­cat des par­ties civiles de crimes pédo­philes… Le scé­na­rio reste opaque vingt minutes tan­dis que l’atmosphère, pesante, s’installe. Un très bon film qui se mérite, ellip­ti­que­ment dense et puissant.


Making ofMaking of

Réa­li­sa­teur : Cédric Kahn – 1 h 54

On passe un bon moment, mais… On court beau­coup de lièvres à la fois (trop ?) à tra­vers un flot de situa­tions qui balaient à peu près tous les cas de figure atten­dus d’un film dans le film, fil­mant sa galère et les ava­nies qui lui tombent des­sus tan­dis que l’humain cla­pote dans les affres de l’humain. Le comique est un peu en deçà du niveau espé­ré, le sérieux est un peu mièvre, un chouïa conve­nu. Indis­cu­ta­ble­ment des scènes fortes, des trou­vailles, l’évidence par­fois d’une vraie res­ti­tu­tion du réel, des acteurs abso­lu­ment excel­lents… mais une grosse pin­cée de nar­cis­sisme, le ciné­ma enivré de se regar­der être le ciné­ma. Au total : Très Bien ? Non ! Bien ? Oui, avec quelques réserves.

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