Le livre de l’aveugle pour transcrire en braille les manuels scolaires

Le livre de l’aveugle pour transcrire en braille les manuels scolaires

Dossier : ExpressionsMagazine N°792 Février 2024Par Bernard POISSON (X48)

L’association « Le livre de l’aveugle », qui trans­crit des livres sco­laires en braille pour aider les aveugles sco­la­ri­sés, a besoin de béné­voles, dans une démarche de renou­vel­le­ment des générations.

À l’approche de mon départ en retraite, qui devait avoir lieu mi-1995, j’ai pen­sé aux acti­vi­tés béné­voles que je pour­rais exer­cer durant mon temps désor­mais libre. Or, juste à ce moment, parais­sait dans La Jaune et la Rouge d’avril 1995 un article de Jacques Bleuze (X40) sur la lec­ture tac­tile, l’édition braille des livres d’enseignement et l’activité dans ce domaine de l’association « Le livre de l’aveugle » (LLDLA) dont il était secré­taire géné­ral. Cela sem­blait cor­res­pondre à ce que je recher­chais, je pris contact avec lui, il assu­ra ma for­ma­tion à la trans­crip­tion braille et je com­men­çai à œuvrer pour LLDLA, acti­vi­té qui a duré de nom­breuses années.

Une vénérable mais très utile association

Cette asso­cia­tion a été créée en 1917, à l’origine pour venir en aide aux aveugles de guerre. Peu à peu, elle s’est recon­ver­tie en trans­cri­vant en braille des livres sco­laires des­ti­nés aux jeunes aveugles. Elle est décla­rée d’utilité publique depuis 1928 et a été cou­ron­née par l’Académie fran­çaise. Afin de suivre une sco­la­ri­té, l’élève aveugle a besoin des mêmes livres de classe que ses cama­rades, mais en braille. Or en France le ser­vice public ne suf­fit pas à assu­rer la tota­li­té des com­mandes de trans­crip­tion en braille des livres sco­laires. Au sur­plus, la répar­ti­tion aléa­toire des élèves aveugles dans les éta­blis­se­ments sco­laires, les chan­ge­ments fré­quents des pro­grammes des dif­fé­rentes matières et la diver­si­té des manuels d’une même dis­ci­pline deman­dés par les ensei­gnants concer­nés four­nissent une large matière à l’activité du LLDLA.

Des temps héroïques aux techniques modernes

En 1995, plu­sieurs copistes uti­li­saient encore des machines à écrire en relief (Per­kins). Mais l’informatique venait de faire son appa­ri­tion, avec un logi­ciel (ETEXTC) qui était un trai­te­ment de texte rudi­men­taire per­met­tant de réa­li­ser un fichier braille : on copiait celui-ci sur une dis­quette qu’on envoyait par La Poste au secré­ta­riat de l’association et le per­son­nel de l’atelier met­tait en route une impri­mante en relief ins­tal­lée dans ses locaux. Mais, dans les deux cas, il était néces­saire de connaître à fond l’écriture braille, ce qui exi­geait quelques semaines d’apprentissage sous la conduite d’un for­ma­teur che­vron­né. À pré­sent, c’est un véri­table trai­te­ment de texte spé­cia­li­sé (DBT) qui est uti­li­sé : four­ni par l’association, il trans­crit en braille un texte tapé en clair et le fichier est trans­mis par inter­net à l’atelier. Le trans­crip­teur n’a plus besoin que d’acquérir une connais­sance super­fi­cielle de l’écriture braille et de ses codes.

Une activité gratifiante pour qui a une culture scientifique

Notons aus­si que les ouvrages d’enseignement, et plus par­ti­cu­liè­re­ment les ouvrages scien­ti­fiques (mathé­ma­tiques, phy­sique, SVT…), com­portent des signes, des gra­phiques ou des tableaux qui ne peuvent pas être trans­crits direc­te­ment, mais néces­sitent une adap­ta­tion, que seules des per­sonnes connais­sant bien la matière cor­res­pon­dante sont capables d’effectuer. LLDLA four­nit aux trans­crip­teurs, outre le logi­ciel, des docu­ments leur per­met­tant de savoir dans chaque cas la manière de pro­cé­der et assure en tant que de besoin, à dis­tance et gra­tui­te­ment, la for­ma­tion néces­saire. Pour les inté­res­sés, cette acti­vi­té ne se limite donc pas à la sai­sie banale d’un texte ; elle com­porte une inter­ven­tion intel­li­gente et cette mis­sion d’utilité publique est donc très gra­ti­fiante. Exer­cée à domi­cile, elle convient par­fai­te­ment à des per­sonnes retrai­tées et néces­site d’assurer un tra­vail d’environ trente heures par mois. 

Une relève à assurer

Après avoir exer­cé cette acti­vi­té pen­dant vingt-cinq ans et trans­crit chaque année un ouvrage de mathé­ma­tiques ou de phy­sique de trois cents pages, d’une classe de seconde à la ter­mi­nale, le temps est venu pour moi de pas­ser la main. Aus­si l’actuel pré­sident du LLDLA, Michel Tes­sier, ancien pro­vi­seur, spé­cia­li­sé dans la céci­té, recherche des per­sonnes béné­voles pour assu­rer la pour­suite du tra­vail au sein de l’association. J’appuie for­te­ment cette démarche et je serai très heu­reux de savoir que des poly­tech­ni­ciens retrai­tés ou actifs inté­res­sés par le pro­jet reprennent le flambeau. 


Coor­don­nées de l’association :
Le livre de l’aveugle
124, bou­le­vard Camélinat
92240 Malakoff
Tél. : 01 47 35 91 17
association.lldla@gmail.com
www.lelivredelaveugle.fr

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