Jean Delacarte X47

Jean Delacarte (X47) un scientifique habité par le souci de transmettre

Dossier : TrajectoiresMagazine N°792 Février 2024
Par Hubert JACQUET (64)

Décé­dé le 2 novembre 2023, Jean Dela­carte a eu une brillante car­rière pro­fes­sion­nelle de chi­miste. Mais il est sur­tout connu pour ses enga­ge­ments et ses actions en faveur de la trans­mis­sion des savoirs et acquis de l’expérience, que ce soit aux Appren­tis d’Auteuil, à l’AX ou dans le sec­teur aérospatial.

Né à Neuilly-sur-Seine le 2 décembre 1927, Jean avait un grand-père agré­gé de mathé­ma­tiques. Son père Louis, X1923, est direc­teur au PLM puis à la SNCF. Après des études secon­daires et une pré­pa à Sta­nis­las, puis l’X, il entre dans le corps des Poudres, où il est res­pon­sable des pro­per­gols solides. La mise au point de la poudre Tubal est un suc­cès qui lui vaut d’être nom­mé – à 26 ans – patron de l’autopropulsion au Centre d’études du Bou­chet, où il théo­rise la com­bus­tion des blocs de poudre.

En 1960, il est pla­cé au dépar­te­ment chi­mique de la socié­té Air Liquide sur un pro­jet d’étage cryo­génique pour la fusée Dia­mant. Sur sa pro­po­si­tion, Air Liquide rachète la socié­té chi­mique de la Grande Paroisse, qu’il intègre et dont il devient rapi­de­ment PDG. En 1981, Jean Dela­carte est secré­taire géné­ral de la socié­té Air Liquide dont il devient direc­teur géné­ral de 1984 à 1992.

Au service des autres

Jean s’est beau­coup inves­ti au ser­vice des autres et de la Nation, d’abord comme conseiller béné­vole du délé­gué géné­ral pour l’Armement, de 1990 à 1999. Et sur­tout au sein de la com­mu­nau­té poly­tech­ni­cienne. Dès 1968, il apporte son concours à la Caisse de secours de l’AX et, à par­tir de 1986, il en assure la pré­si­dence jusqu’en 1998. Nom­mé au conseil d’ad­ministration de la Mai­son des X, il y inves­tit beau­coup de son temps, en par­ti­cu­lier au sein du comi­té d’audit dont il sera un membre actif jusqu’à ses der­niers jours. C’est lui qui met au point le contrat de gérance confié à Sodex­ho, avec le sou­ci de créer un accord gagnant-gagnant. C’était en 1996, et l’accord se révèle tou­jours actuel.

Le souci de transmettre

Ani­mé par une volon­té constante et forte de trans­mettre, Jean Dela­carte s’est inves­ti dans de nom­breux domaines. Tout d’abord, celui de l’industrie aéro­spa­tiale, domaine qu’il connais­sait en rai­son de son pas­sé profes­sionnel. Il par­ti­cipe au lan­ce­ment et aux tra­vaux de l’Académie de l’air et de l’espace, dont il assure la vice-pré­si­dence de 1994 à 1997. Au début de ce siècle, consta­tant qu’il n’y avait pas de for­ma­tion conti­nue adap­tée aux ingé­nieurs du sec­teur aéro­spa­tial, il s’associe avec Jacques Bouttes (X52) pour créer les Entre­tiens de l’aéronautique et de l’espace – aus­si connus sous le nom d’Entretiens de Tou­louse – sur le modèle des Entre­tiens de Bichat dans le sec­teur médi­cal. Depuis lors ce sont 5 500 ingé­nieurs qui ont béné­fi­cié de cette for­ma­tion, pour leur plus grande satisfaction.

Mais Jean ne s’intéressait pas qu’aux ingé­nieurs et scien­ti­fiques. Il avait le sou­ci d’aider les plus défa­vo­ri­sés et c’est ce qui a moti­vé son choix de consa­crer beau­coup de son temps aux Appren­tis d’Auteuil. Il y avait un bureau où il tra­vaillait presque quo­ti­dien­ne­ment. Nico­las Truelle (X80), DG de la Fon­da­tion, rap­pelle que « sa pre­mière réa­li­sa­tion fut de déve­lop­per une rela­tion forte avec l’École poly­tech­nique pour que cer­tains de ses élèves fassent leur stage de pre­mière année dans un éta­blis­se­ment d’Apprentis d’Auteuil [.…]. Grâce à lui plu­sieurs cen­taines de poly­techniciens auront vécu et se seront inves­tis aux côtés de jeunes en grande dif­fi­culté. La convic­tion de Jean était très claire : ce n’était pas les poly­tech­ni­ciens qui venaient aider la Fon­da­tion, c’était la Fon­da­tion qui aidait l’École poly­tech­nique à for­mer les polytechniciens. »

Ce sou­ci de trans­mettre, inutile de dire qu’il le mani­fes­tait aus­si au sein de sa famille, comme peuvent en attes­ter son épouse, ses quatre filles, ses huit petits-enfants et neuf arrière-petits-enfants.

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