Tené MAYER (47)

René MAYER (47) grande figure des Ponts et Chaussées

Dossier : TrajectoiresMagazine N°714 Avril 2016Par : Jean Chapon (48), ancien vice-président du Conseil général des ponts et chaussées

René May­er est né le 7 févri­er 1925 à Tunis, mais c’est l’Algérie qu’il a tou­jours con­sid­érée comme sa terre natale – notam­ment la petite ville de Penthièvre (aujourd’hui Aïn Ber­da), près de Bône (Anna­ba), dont sa famille, orig­i­naire du grand-duché de Bade, a con­tribué à la fon­da­tion au XIXe siècle.

Une terre natale pour laque­lle il a tou­jours éprou­vé un amour pro­fond autant que raison­né, qui a large­ment inspiré son com­porte­ment et de remar­quables livres.

Une carrière emblématique

Il com­mence sa car­rière sur sa terre natale, au ser­vice ordi­naire de Con­stan­tine, chargé des routes, des aéro­ports et de l’hydraulique de 1952 à 1957. Il accom­plit déjà de belles réal­i­sa­tions, notam­ment le sauve­tage du via­duc de Sidi Rached sur le Rhummel.

En 1944 René May­er rejoint la Ire armée, avant de repren­dre ses études en taupe à Alger. Reçu major de sa pro­mo­tion spé­ciale à l’École poly­tech­nique en 1947, rang con­servé à sa sor­tie, il entre dans le corps des Ponts et Chaussées.

En 1957, il est directeur de l’habitat à Alger, mul­ti­pli­ant par trois la con­struc­tion de loge­ments dans toute l’Algérie ; puis secré­taire général à l’Aménagement du ter­ri­toire, et respon­s­able du Plan (dit de Con­stan­tine), pour ensuite servir à la Délé­ga­tion générale en Algérie jusqu’en 1962.

L’évolution de la sit­u­a­tion le con­duit à accepter un poste de chef d’une mis­sion des Nations unies auprès du gou­verne­ment grec, jusqu’en 1964. Il rejoint alors à Paris le min­istère de la Con­struc­tion, pour y être adjoint au directeur de l’aménagement fonci­er et de l’urbanisme.

En 1968, il est directeur région­al de l’équipement de Provence- Alpes-Côte d’Azur, jusqu’en 1974.

À la même époque (1969–1975) il assure remar­quable­ment le man­dat de prési­dent de l’Association des ingénieurs des Ponts et Chaussées et des Mines. Il est égale­ment admin­is­tra­teur de l’université d’Aix-Marseille II, où il enseigne ain­si qu’à l’École des ingénieurs de Mar­seille (1968–1974).

La rénovation d’établissements publics prestigieux

Il est alors chargé de la direc­tion générale de l’Institut géo­graphique nation­al (IGN) : il se bat pour trou­ver les ressources néces­saires à la vie de l’IGN, trans­for­mé en étab­lisse­ment pub­lic, sachant « indus­tri­alis­er » la men­tal­ité du per­son­nel, adapter les struc­tures, inve­stir, gag­n­er des marchés à l’étranger – tout cela en étant unanime­ment appré­cié à l’intérieur de l’IGN comme par ses tuteurs et clients, achevant notam­ment la carte de France au 1/25 000e entamée au début du XXe siècle.

“ Il a transformé l’IGN et le CSTB en entreprises commerciales de réputation internationale ”

À l’époque, il est un temps con­seiller munic­i­pal d’Aix-en-Provence (1976–1977).

Ce suc­cès con­duit le min­istère à le nom­mer P.-D.G. du Cen­tre sci­en­tifique et tech­nique du bâti­ment (CSTB) en 1980. Il le quitte en 1982, après l’avoir réor­gan­isé et trans­for­mé en entre­prise com­mer­ciale de répu­ta­tion inter­na­tionale, témoignant une fois de plus de ses qual­ités de chef d’entreprise, sachant « être de son temps » et innover raisonnable­ment et effi­cace­ment en permanence.

Un pied dans le privé : l’affaire Boussac

Pierre Drey­fus, min­istre de l’Industrie, fait appel à lui pour présider Bous­sac- Saint-Frères, en grande dif­fi­culté après un dépôt de bilan de l’entreprise alors en pos­ses­sion des frères Willot.

“ Fidélité envers sa terre natale, volonté d’être de son temps ”

Avec son sens du ser­vice pub­lic, dans ce méti­er du tex­tile bien dif­férent de ceux que con­naît habituelle­ment un ingénieur des Ponts et Chaussées, il lutte courageuse­ment pen­dant trois ans pour ten­ter de sauver l’organisme pub­lic qu’était dev­enue l’entreprise, gérante d’entités célèbres (Chris­t­ian Dior, Le Bon Marché, Con­fora­ma, etc.). Les con­di­tions sont néan­moins dif­fi­ciles et René May­er finit par céder BSF à Bernard Arnault (69).

René May­er est alors nom­mé prési­dent de la 2e sec­tion du Con­seil général des ponts et chaussées, fonc­tion qu’il exerce remar­quable­ment en y ajoutant celle de prési­dent du comité du Plan pour les nou­velles tech­nolo­gies de l’Information.

Une retraite active

Sa mis­sion bien rem­plie, il prend sa retraite de fonc­tion­naire en 1991. Une retraite « active », puisqu’il est vice-prési­dent du Crédit social des fonc­tion­naires (CSF) jusqu’en 2004, et qu’il pré­side le Comité d’évaluation du pro­gramme IMPACT de la Com­mis­sion européenne de 1993 à 1994 et la com­mis­sion économique du Con­seil nation­al de l’information géo­graphique jusqu’en 2000.

UN AUTEUR DE TÊTE ET DE CŒUR

À toutes les étapes de sa carrière, René Mayer a écrit.
Des publications liées à son métier : Féodalités ou démocratie ? (Marteau, 1968), La Rencontre de l’ingénieur et du philosophe (Les Éditions d’organisation, 1981), Gagner du temps sur le temps en 1989 et Information et Compétitivité en 1990 (La Documentation française), Pour une stratégie de l’Information (Publications de l’Union européenne, 1993).
Et des ouvrages sur sa terre natale : Algérie : mémoire déracinée (L’Harmattan, 1999) et un Dictionnaire biographique – Français d’Afrique du NordCe qu’ils sont devenus (2005), où il expose ses convictions sur ce qu’aurait dû devenir cette Algérie chère à son cœur, en particulier si le plan de Constantine avait été effectivement mis en œuvre.
Admirateur de Mouloud Feraoun et d’Albert Camus, il voulait que soit « normalisée » la situation des Français musulmans, que soit réalisée « l’égalité des conditions sociales », la relation de l’Algérie avec la France se faisant par une association de type fédéral.

Il fonde par ailleurs Akropo­lis, un réseau de con­sul­tants de haut niveau au ser­vice de maîtres d’ouvrage d’aménagement et de con­struc­tion, qu’il pré­side de 1991 à 1998 et quitte en 2004, et dirige le cab­i­net d’études René May­er jusqu’en 2001.

Un grand serviteur fidèle

René May­er a donc bien servi, au sens le plus noble du terme, en se dévouant au ser­vice pub­lic des pop­u­la­tions français­es et algériennes.

Com­man­deur de la Légion d’honneur et com­man­deur de l’Ordre nation­al du Mérite, il était aus­si offici­er des Palmes académiques, et grand offici­er de l’Ordre nation­al jor­danien de l’Istiqlal.

Jusqu’à la fin de sa vie, il a mar­qué sa fidél­ité envers sa terre natale par son active par­tic­i­pa­tion au CLAN (Comité de liai­son des asso­ci­a­tions nationales de rap­a­triés), et sa volon­té d’être de son temps en s’impliquant dans le groupe X‑Europe.

Commentaire

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lacroixrépondre
31 janvier 2018 à 11 h 50 min

bous­sac st fréres hom­mage a rené May­er
le prési­dent directeur général du groupe bous­sac, à cette époque m ‘avait nom­mer adjoint de direc­tion et con­seiller tech­nique d ‘une des 45 unités du groupe bous­sac st frères en venant chercher mes com­pé­tences ma tech­nic­ité et mes ‘expéri­ences dans mon mag­a­sin de sport à l alpe d ‘huez , je me sou­viens de notre entre­tien lorsque le prési­dent m ‘a deman­der de lui décrire tech­nique­ment et sans com­plai­sance une com­bi­nai­son sous la mar­que ted lapidus à l ‘époque en porte­feuille du groupe bous­sac saint frères , il faut admet­tre que ce recrute­ment pour co diriger une des unités tex­tile du groupe Bous­sac et me nom­mer con­seiller tech­nique pour une des 45 unités indus­trielles du groupe à Bethune (à 60 klm de Lille) est peu banale et un exem­ple de venir chercher les com­pé­tences à la base de notre société afin in fine, de réus­sir une mar­que haut de gamme de vête­ments de ski tech­nique et deux sous ‑mar­ques grande sur­face, un exem­ple de réus­site qui devrait inspir­er les jeunes diplômés des grandes écoles du com­merce exem­plar­ité d un prési­dent venant chercher lui même les com­pé­tences d un auto­di­dacte plutôt que de déléguer a des intermédiaires
hom­mage à vous mon­sieur le Pres­i­dent May­er hom­mage et con­doléances à votre famille , à votre sens, de l entre­prise indus­triel et de votre grande intu­ition mais aus­si, de se que veux dire le tra­vail sacral­is­tique en Françe,ainsi que le bon sens d un grand homme français.
Eddy Lacroix
con­seiller en stratégie économique et touris­tique à l inter­na­tion­al appor­teur d ‘affaires à l international,
ex adjoint de direc­tion et con­seiller tech­nique groupe Bous­sac saint frère,ex dirigeant dis­tri­b­u­tion sport , ex con­seiller tech­nique groupe de mar­ques Leja­by et Olympic a Lyon,
ex pro­mus pro­fesseur de l école nationale de ski alpin de Cha­monix-mont ‑blanc, ex mem­bre des équipes de Françe de ski alpin trois fois cham­pi­on, de Françe pro­fes­sion­nel de slalom par équipe. 

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