Un code barre

Standardiser le langage des entreprises pour une plus grande performance globale

Dossier : Dossier FFEMagazine N°732 Février 2018
Par François DEPREY

Pouvez-vous nous présenter votre cœur d’activité ?

En tant qu’organisation mon­diale spé­cia­li­sée dans l’établissement de stan­dards d’échange per­met tant la cir­cu­la­tion de biens de consom­ma­tion des pro­duc­teurs jusqu’aux consom­ma­teurs, notre rai­son d’être réside dans notre capa­ci­té à embar­quer un maxi­mum d’entreprises dans l’utilisation des stan­dards co-élaborés. 

En effet, plus il y a d’entreprises qui uti­lisent le stan­dard pour leur béné­fice com­mun, plus il s’impose et plus son effi­ca­ci­té est recon­nue. Nous offrons un forum d’écoute, de concer­ta­tion et de col­la­bo­ra­tion afin que les acteurs éco­no­miques puissent par­ta­ger leurs pro­blé­ma­tiques et conce­voir ensemble les moyens les plus per tinents pour tendre vers plus d’interopérabilité à tra­vers l’adoption d’un lan­gage commun. 

Les ten­dances actuelles à l’open inno­va­tion et l’approche col­la­bo­ra­tive faci­litent l’objectif d’on-boarding des entre­prises. Il s’agit ain­si, sur les besoins iden­ti­fiés par les entre­prises adhé­rentes, d’élaborer des stan­dards com­muns, de pro­mou­voir leur dif­fu­sion maxi­male et de par­ti­ci­per à leur amé­lio­ra­tion constante afin de res­ter tou­jours au plus proche du croi­se­ment entre les pra­tiques métiers et les nou­velles technologies. 

Par quoi se caractérisent les standards GS1 ?

Les stan­dards servent, entre autres, à ouvrir et déve­lop­per les mar­chés et évi­ter que des acteurs hégé­mo­niques imposent des solu­tions pro­prié­taires à l’ensemble du marché. 

LES STANDARDS GS1 CONSTITUENT UN VÉRITABLE LANGAGE COMMUN QUI PERMET D’IDENTIFIER, CAPTURER ET PARTAGER DE L’INFORMATION.


Tous nos groupes de tra­vail recherchent donc la par­ti­ci­pa­tion la plus large pos­sible et le consen­sus, sans quoi les stan­dards ne seront pas appli­qués par tous, sachant qu’ils ne sont pas obli­ga­toires et reposent sur une libre utilisation. 

Nos stan­dards sont éga­le­ment agnos­tiques, c’est-à- dire qu’ils fonc­tionnent pour tous les sec­teurs car il y a par­tout des enjeux d’identification.

Tou­jours en recherche de col­la­bo­ra­tion, nous avons par exemple récem­ment enri­chi les stan­dards du World Wide Web Consor­tium avec les stan­dards GS1 afin de contri­buer à rendre les moteurs de recherche plus effi­caces pour trou­ver les pro­duits de grande consommation. 

Produit digitalisé, supply chain interconnectée et commerce omnicanal : en quoi consiste votre offre de service ?

Asso­cia­tion à but non lucra­tif et « user dri­ven », le prin­cipe d’adhésion au stan­dard GS1 est très impor­tant. Les entre­prises adhé­rent au « sys­tème GS1 » en payant une coti­sa­tion annuelle, dépen­dante de leur CA, de 85 € pour les TPE à un maxi­mum de 4 000 € pour les grandes entre­prises réa­li­sant plus d’1 Md € de CA, la moyenne des coti­sa­tions se situant autour de 400 €. A ce jour, nous avons plus de 40 000 entre­prises adhé­rentes, dont 90 % de TPE et PME. 

En contre­par­tie de cette coti­sa­tion, nous offrons aux entre­prises la capa­ci­té à iden­ti­fier de manière unique leurs res­sources et ce, autour de 3 grands axes : le pro­duit, le lieu et le flux logistique. 

En effet, avec l’apparition du e‑commerce, le pro­duit n’est plus seule­ment pré­sent phy­si­que­ment en linéaire, il est éga­le­ment digi­ta­li­sé. Ce pro­duit digi­ta­li­sé s’accompagne de toute une série d’information (image, des­crip­tif tech­nique du pro­duit, prix etc.) qui doit être clai­re­ment définie. 

Il s’agit ain­si d’harmoniser l’information pro­duite sur Inter­net pour qu’elle soit par­ta­gée par tous les acteurs. 

Enfin, les pro­duits tran­sitent par un cer­tain nombre de lieux, il est donc impor­tant d’offrir des solu­tions inno­vantes pour une sup­ply chain plus connec­tée, assu­rant le pilo­tage des flux de mar­chan­dises et d’information et la tra­ça­bi­li­té du pro­duit tout au long de la chaîne logistique. 

Comment se fait cette identification ?

Depuis l’apparition des super et hyper mar­chés, les pro­duits ont été iden­ti­fiés grâce aux codes barres. Pro­gres­si­ve­ment, ces codes se sont sophis­ti­qués pour inté­grer de nou­veaux objets à iden­ti­fier, mais aus­si pour per­mettre de séria­li­ser les pro­duits, per­met­tant l’identification via un code unique d’un pro­duit propre. 

A l’intérieur du code déli­vré par GS1 France, on recon­naît le pré­fixe propre à chaque entre­prise, per­met­tant ain­si de clai­re­ment iden­ti­fier la « source » des pro­duits échan­gés. Les stan­dards GS1 consti­tuent un véri­table lan­gage com­mun qui per­met d’identifier, cap­tu­rer et par­ta­ger de l’information.

Avec le déve­lop­pe­ment du e‑commerce notam­ment, la qua­li­té de la data est deve­nue une prio­ri­té pour les entre­prises qui doivent veiller à ce que leurs pro­duits soient clai­re­ment iden­ti­fiés sur les market-place. 

Votre champ d’activité est extrêmement vaste. Comment répondre aux besoins en traitement de l’information de l’ensemble des secteurs d’activité ?

Nous per­met­tons l’amélioration des pra­tiques métiers de sec­teurs entiers avec les nou­velles tech­no­lo­gies en éta­blis­sant des règles com­munes qui seront ensuite adop­tées collectivement. 

Ain­si, depuis 40 ans, les entre­prises se concertent pour être capables d’améliorer leurs pro­ces­sus grâce aux nou­velles tech­no­lo­gies et les par­ta­ger de sorte que tous les opé­ra­teurs d’un même éco­sys­tème puissent tra­vailler sur les mêmes bases et opti­mi­ser leurs résultats. 

La grande dis­tri­bu­tion a été le ter­rain de déve­lop­pe­ment his­to­rique mais très vite, de nom­breux autres sec­teurs ont émer­gé, dans la dis­tri­bu­tion spé­cia­li­sée comme le bri­co­lage, les jouets, mais aus­si les sec­teurs de la san­té, de l’industrie, ou encore du bâtiment. 

Ces domaines sont tous por­teurs de pro­blé­ma­tiques d’identification simi­laires, notam­ment pour la tra­ça­bi­li­té plus ou moins com­plexe de matières pre­mières et semi-trans­for­mées dans leur sup­ply chain. Il s’agit autant de pou­voir tra­cer les pièces et leur nature qu’informer le client final. 

Or, les stan­dards peuvent iden­ti­fier n’importe quel pro­duit, quelle que soit sa nature, les méthodes d’identification étant construites pour mar­cher tout pro­duit, d’où une très large cou­ver­ture de nos standards. 

Quel est le rôle du ColLABorative Center ?

Outre le fait d’être un lieu ser­vant à faire col­la­bo­rer les entre­prises, c’est aus­si un espace de démons­tra­tion pour rendre acces­sibles les stan­dards issus des meilleures pra­tiques sec­to­rielles même en employant les tech­no­lo­gies les plus modernes ou répan­dues, comme la RFID. 

Nous sommes très sen­sibles à l’innovation dans les usages car ce sont les pra­tiques busi­ness qui déter­minent la pro­duc­tion de stan­dards, tout autant que les inno­va­tions technologiques. 

GS1 a pour mis­sion d’offrir un espace de col­la­bo­ra­tion aux entre­prises pour que cha­cun adapte des pro­ces­sus com­muns mal­gré leur matu­ri­té différente. 

Quels sont les prochains défis à relever ?

De dimen­sion inter­na­tio­nale, notre orga­ni­sa­tion est propre à chaque pays, en charge de faire remon­ter les besoins et d’appliquer loca­le­ment des stan­dards inter­na­tio­naux. Il faut donc savoir gérer les demandes de déve­lop­pe­ment de stan­dards dans un nou­veau sec­teur, dans un contexte glo­bal de tran­si­tion numé­rique et d’accélération tech­no­lo­gique majeure qu’il faut appré­hen­der avec pertinence. 

Il est évident que l’évolution constante et rapide du big data, de la robo­tique, de la blo­ck­chain et de l’intelligence arti­fi­cielle impacte gran­de­ment nos acti­vi­tés et qu’il nous faut être proches de l’écosystème des offreurs de solu­tions, pour les inci­ter à les rendre inter­opé­rables, afin d’accompagner au mieux les entre­prises dans les chal­lenges de demain.

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