Routeur optique : une communication sécurisée facilitée

Dossier : Vie des entreprisesMagazine N°789 Novembre 2023
Par Bruno SANGLÉ-FERRIÈRE

Spé­cial­iste de la com­mu­ni­ca­tion par pho­tons intriqués, Bruno San­glé-Fer­rière conçoit et développe de nom­breux brevets per­me­t­tant notam­ment de répon­dre aux prob­lé­ma­tiques de sécuri­sa­tion des don­nées. Aujourd’hui, il revient sur la créa­tion d’un rou­teur optique pas­sif per­me­t­tant de faciliter la com­mu­ni­ca­tion sécurisée par photons.

Après avoir longtemps travaillé à la création d’un routeur optique passif, vous pouvez désormais nous en parler ! De quoi s’agit-il ?

Nous avons en effet tra­vail­lé quelque temps à la créa­tion d’un rou­teur optique pas­sif per­me­t­tant d’acheminer les pho­tons au sein d’un réseau et donc de faciliter la com­mu­ni­ca­tion sécurisée par pho­tons. Nous avons donc aujourd’hui ce rou­teur pho­tonique pas­sif, qui per­met d’acheminer les pho­tons au sein d’un réseau optique. 

Il per­met d’utiliser notre sys­tème de com­mu­ni­ca­tion par pho­tons intriqués au sein d’un réseau dont les ter­minaux sont éloignés de quelques mètres à env­i­ron 120 kilo­mètres du rou­teur. Chaque ter­mi­nal peut ain­si envoy­er directe­ment des pho­tons à un unique ter­mi­nal de son choix, con­nec­té au même rou­teur ; sans crain­dre que le flux de pho­tons envoyés ne soit répar­ti sur autant de ter­minaux con­nec­tés au routeur.

Est-ce là la seule utilisation possible du routeur ?

Non, il peut égale­ment être util­isé pour le quan­tum Key Dis­tri­b­u­tion. Il est sim­ple d’emploi puisqu’une seule fibre optique relie le rou­teur à cha­cun des ter­minaux. Il per­met donc de reli­er de façon sécurisée et très rapi­de de nom­breux ordi­na­teurs ou serveurs.

Revenons sur l’avantage de l’utilisation des photons intriqués. Comment expliquez-vous ce concept ?

Les pho­tons intriqués ont été mis en valeur par un Prix Nobel français, Alain Aspect, qui est recon­nu pour avoir éclairé les aspects fon­da­men­taux du com­porte­ment quan­tique des pho­tons intriqués et pour avoir con­tribué à la com­préhen­sion du monde quan­tique. J’ai de mon côté con­stru­it un sys­tème qui per­met d’utiliser ces propriétés.

Qu’est-ce que la transmission de données intriquées ?

Il s’agit d’un moyen de trans­met­tre des don­nées en mod­i­fi­ant les pro­priétés d’un des deux pho­tons intriqués. Ils sont ain­si envoyés cha­cun vers deux appareils dif­férents. La polar­i­sa­tion des deux pho­tons n’est décidée que lorsque l’appareil le plus proche est atteint par le pho­ton qui lui a été envoyé. La polar­i­sa­tion est décidée par l’absorption du pho­ton dans l’un des deux états choi­sis par­mi de nom­breux autres paires d’états pos­si­bles, en fonc­tion des don­nées qui doivent être envoyées. La polar­i­sa­tion du sec­ond pho­ton est lue sur le sec­ond dis­posi­tif… Cette méthode inno­vante, encore jamais util­isée, per­met de sécuris­er tou­jours davan­tage les échanges, en véri­fi­ant cette fois que les infor­ma­tions trans­mis­es n’ont pas été écoutées.

Comment les photons sont-ils transmis ?

Les fibres optiques peu­vent trans­met­tre des pho­tons sur une dis­tance d’environ 100 km mais avec des pertes. Le comp­tage sta­tis­tiques des états des pho­tons reçus peut néan­moins aider à déter­min­er quelles infor­ma­tions ont été envoyées. Ils peu­vent égale­ment être envoyés à tra­vers l’espace libre, par exem­ple à par­tir d’un satel­lite. La prin­ci­pale lim­ite à la dis­tance est alors fixée par la pré­ci­sion de la lentille qui trans­met les photons.

La distance entre les deux appareils a‑t-elle un impact sur la vitesse de transmission ?

Les pho­tons sont intriqués et donc la polar­i­sa­tion du sec­ond pho­ton est immé­di­ate­ment fixée en fonc­tion de la polar­i­sa­tion du pre­mier, quelle que soit la dis­tance qui les sépare.

Quelles sont les applications concrètes de ce nouveau dispositif ?

Tous les sys­tèmes dévelop­pés par Car­rousel Dig­i­tal sont com­plé­men­taires. Out­re la sécuri­sa­tion des sig­na­tures élec­tron­iques par clé à usage unique per­me­t­tant de lut­ter con­tre les ordi­na­teurs quan­tiques, et le trans­port sécurisé des don­nées décrit ci-dessus, nous avons un autre brevet sur un autre dis­posi­tif qui per­met de s’assurer de sa géolo­cal­i­sa­tion et qui fonc­tionne même en intérieur, con­traire­ment aux GPS habituels. Ce sys­tème est d’ailleurs meilleur marché que le GPS puisque, reposant sur des ondes de type radio (FM, Grandes ondes), ne néces­site pas de satel­lite. Enfin nous avons des brevets sur la dis­tri­b­u­tion de clés à usage unique par inter­net ain­si que sur un cir­cuit élec­tron­ique per­me­t­tant de pro­téger ces clés au sein de la mémoire sur laque­lle elles sont enreg­istrées con­tre tout change­ment indésiré du logi­ciel qui les exploite. 

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