R. Strauss : Salomé

Dossier : Arts, Lettres et SciencesMagazine N°645 Mai 2009Par : Mise en scène, David Mc VicarRédacteur : Marc DARMON (83)

Jusqu’à la com­po­si­tion de Salomé, Richard Strauss était un com­pos­i­teur postro­man­tique bril­lant, qui s’était illus­tré par de nom­breux poèmes sym­phoniques très appré­ciés (Don Juan, Till l’Espiègle, Don Qui­chotte…). Ces œuvres mag­nifiques et très acces­si­bles asso­ci­aient un orchestre wag­nérien et le don de Strauss pour la nar­ra­tion et la col­oration de l’orchestration. La décou­verte de ce com­pos­i­teur doit com­mencer par ces poèmes symphoniques.

Coffret DVD de SaloméLe jour de la créa­tion de Salomé à Dres­de en 1905 devant le monde musi­cal d’alors (Mahler était dans la salle), Strauss devint le maître incon­testé de l’opéra alle­mand de son temps, et con­sacra désor­mais à cette forme la majorité de son activ­ité créatrice.

Strauss avait été attiré par la pièce d’Oscar Wilde et le scan­dale qu’elle avait sus­cité et déci­da de pren­dre la pièce sans la mod­i­fi­er (à la tra­duc­tion près) pour la met­tre en musique. Il fit de même l’année suiv­ante avec l’Elek­tra d’Hugo von Hof­mannsthal, alors que l’opéra alle­mand ne s’était plus intéressé à l’Antiquité depuis les opéras de jeunesse de Mozart, d’ailleurs en ital­ien. La vio­lence, le réal­isme, la sen­su­al­ité de la musique de ces deux opéras Salomé et Elek­tra sont tels que Strauss dut revenir à un style moins agres­sif pour ses opéras qui suivirent, Le Cheva­lier à la rose et Ari­ane à Nax­os.

La pièce de Wilde regroupe toute l’histoire en un acte. Salomé rejetée par Jean-Bap­tiste exige sa tête et danse pour Hérode afin de l’obtenir. Elle se livre à une telle scène de folie avec la tête de Jean-Bap­tiste qu’elle dégoûte l’assistance, qui l’exécute.

Le doc­u­men­taire pas­sion­nant qui com­plète le DVD mon­tre les nom­breux mois de pré­pa­ra­tion d’une telle pro­duc­tion, pen­dant lesquels se con­stru­isent les décors et les cos­tumes, mais aus­si les grandes idées de mise en scène et du jeu des acteurs. La mise en scène à Covent Gar­den est vio­lente, avec sang et nudité, absol­u­ment dans l’esprit de l’œuvre. Due à David Mc Vic­ar, l’un des met­teurs en scène les plus intéres­sants du moment, elle est remar­quable, et pleine d’idées qui enrichissent le spec­ta­cle. Par­mi celles-ci, citons la Danse des Sept voiles trans­for­mée en une séduc­tion de Salomé par son beau-père à tra­vers sept âges et sept cham­bres jusqu’au dénoue­ment final.

Sous la direc­tion vive et lis­i­ble de Philippe Jor­dan, les chanteurs prin­ci­paux se dépassent. Men­tion spé­ciale pour l’Hérode veule et faible de Thomas Moser et la princesse sen­suelle et provo­cante de la belle Nad­ja Michael. Superbe réal­i­sa­tion sonore et visuelle, sans aucun doute le meilleur Salomé en DVD.

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