Quand le grand Paris prend forme sur et sous la ville

Dossier : Vie des entreprisesMagazine N°751 Janvier 2020
Par Jérôme STUBLER (86)

Con­stru­ire ou recon­stru­ire sans gên­er les activ­ités urbaines, plonger dans des pro­fondeurs nou­velles sans encom­bre, con­cevoir et exé­cuter au meilleur coût, sans oubli­er de pro­téger l’environnement et en con­tin­u­ant à être un acteur engagé sociale­ment sur les ter­ri­toires… Tels sont les défis qu’un con­cep­teur-con­struc­teur comme VINCI Con­struc­tion doit relever à l’occasion du Grand Paris. Inter­view de son prési­dent, Jérome Stubler (86).

La réussite du Grand Paris repose sur la grande expertise des acteurs qui y contribuent. Comment répondez-vous à cette exigence ?

Nous tra­vail­lons sur les répons­es que nous pou­vons apporter aux enjeux d’urbanisation avec de nou­velles approches en matière de (re)construction de la ville, sur et sous la ville. Notre organ­i­sa­tion en trois piliers com­plé­men­taires avec un réseau d’entreprises locales, des entre­pris­es de grands pro­jets et des entre­pris­es de spé­cial­ités nous per­met de pro­pos­er les offres les plus inté­grées pos­si­bles. Notre méti­er repose depuis tou­jours sur un invari­ant : la néces­sité de men­er à bien un chantier dans les meilleures con­di­tions de sécu­rité, de délai et de coût. Cela implique de respecter quelques fon­da­men­taux : une pré­pa­ra­tion pointue, des équipes tournées vers l’excellence et un accom­pa­g­ne­ment au long cours de nos clients. Qu’il s’agisse de faire naître une gare emblé­ma­tique comme celle de Noisy-Champs, de riper un ouvrage ou de mon­i­tor­er l’avancement d’un tun­neli­er, nous démon­trons aux maîtres d’ouvrage du Grand Paris que nos méth­odes de con­cep­tion et notre pro­duc­tiv­ité dans l’exécution ne cessent de s’améliorer. Aspi­rant à dévelop­per un véri­ta­ble parte­nar­i­at de con­fi­ance avec l’ensemble de nos par­ties prenantes, nous met­tons la trans­parence, le dia­logue et la respon­s­abil­ité au cœur de nos principes.

Sur un plan opérationnel, à quel niveau intervenez-vous et quel est votre périmètre d’action ?

Pour nous, la con­struc­tion est une étape dans le cycle de vie d’un ouvrage. Il faut ajouter, au départ, son finance­ment et sa con­cep­tion et pré­par­er ensuite sa main­te­nance.

De plus en plus sou­vent, nos clients font appel à nous dès la phase ini­tiale d’étude pour con­cevoir ensem­ble l’ouvrage au tra­vers d’un dia­logue direct et pro­duc­tif. Il en résulte davan­tage de coopéra­tion, une meilleure maîtrise des coûts et une phase d’étude plus intéres­sante pour les deux par­ties.

Dans le cadre du Grand Paris, de nom­breux pro­jets nous impliquent pour la con­struc­tion bien sûr, mais égale­ment pour la main­te­nance à long terme, pour assur­er leur via­bil­ité et leur rentabil­ité à long terme.

Les travaux souterrains impliquent des contraintes majeures, comment appréhendez-vous cette complexité ?

VINCI Con­struc­tion inter­vient à tous les points car­dinaux du réseau de trans­port du Grand Paris Express, ain­si que sur le pro­longe­ment de la ligne E du RER (Éole). Ces pro­jets impliquent 85 % de travaux souter­rains, qui néces­si­tent un savoir-faire très spé­ci­fique que VINCI Con­struc­tion maîtrise par­ti­c­ulière­ment : du creuse­ment des tun­nels en pas­sant par la con­struc­tion de sta­tions ou la réal­i­sa­tion d’ouvrages enter­rés…

Je peux citer deux exem­ples des con­traintes ren­con­trées : sur le tun­nel de la ligne 15 du Grand Paris Express qui relie la gare de Fort d’Issy–Vanves–Clamart (92) à celle de Ville­juif Louis-Aragon (94), la den­sité impres­sion­nante des car­rières a néces­sité un rétab­lisse­ment géologique sur 80 zones dif­férentes, en lim­i­tant au max­i­mum les nui­sances et les désagré­ments pour le bâti et les riverains. Plus au nord, sur le pro­longe­ment de la ligne 12, les parois moulées ont être con­gelées pour garan­tir l’étanchéité par rap­port à la nappe phréa­tique.

Pour faire face à ces con­textes aus­si var­iés que dif­fi­ciles, VINCI Con­struc­tion investit en R&D en met­tant au point de nom­breuses inno­va­tions. Je cit­erai CAP 3D, un sys­tème breveté reliant le tun­neli­er au BIM. Dévelop­pé avec le CEA, le tun­neli­er con­stru­it le mod­èle 3D de l’ouvrage automa­tique­ment à par­tir des 300 cap­teurs mesurant les paramètres mécaniques et géotech­niques.

Mais je pour­rais aus­si évo­quer l’hydrofraise à grip­per inven­tée par Sole­tanche Bachy ou encore un sys­tème d’analyse automa­tisée des ter­res polluées.

À quels autres enjeux êtes-vous confrontés ?

Les enjeux de la mobil­ité urbaine et de l’amélioration du cadre de vie, fon­da­men­taux pour les Fran­ciliens, nous con­cer­nent au quo­ti­di­en. Nous y appor­tons des solu­tions con­crètes en con­stru­isant des loge­ments plus abor­d­ables, mieux adap­tés aux besoins et au bud­get des pri­mo-accé­dants.

Nous con­tribuons à la créa­tion d’emplois en Île-de-France. C’est la démon­stra­tion du pro­fond sens social de nos métiers, fac­teur de fierté pour toutes nos équipes.

Le Fonds de dota­tion Chantiers & Ter­ri­toires Sol­idaires, co-créé par VINCI Con­struc­tion, encour­age et sou­tient des pro­jets d’intérêt général situés à prox­im­ité des chantiers du Grand Paris sur lesquels les entre­pris­es du Groupe tra­vail­lent.

Quelles sont les ambitions de VINCI Construction ?

La crois­sance est au ren­dez-vous avec un chiffre d’affaires qui a aug­men­té de 400 mil­lions d’euros en un an et cela avec plus de 30 000 pro­jets livrés en 2018.

Notre activ­ité s’internationalise tou­jours davan­tage, avec une crois­sance externe sig­ni­fica­tive en Océanie et des pro­jets iconiques. Je retiens la con­struc­tion du métro léger de la ville nou­velle de Lusail au Qatar, la con­sol­i­da­tion de sols sous-marins à l’aéroport de Hong Kong, deux ponts à haubans au Viet­nam, l’échangeur de Oua­gadougou au Burk­i­na Faso…

Ces grands pro­jets ne doivent cepen­dant pas occul­ter le nom­bre impor­tant de petites opéra­tions qui for­ment un socle qui nous rend plus présents et plus utiles au quo­ti­di­en.

Quels sont les axes que vous avez choisi de privilégier ?

Les années à venir seront pas­sion­nantes à plus d’un titre. Nous par­ticipons hum­ble­ment mais fer­me­ment à la révo­lu­tion énergé­tique. Pour ce faire, nous con­cevons et con­stru­isons des bâti­ments tou­jours plus économes en énergie.

Nous accom­pa­gnons aus­si le mou­ve­ment de la révo­lu­tion verte en réin­stal­lant la bio­di­ver­sité sur nos ter­ri­toires, y com­pris en milieu urbain, en assainis­sant les ter­res pol­luées, ou encore en pro­posant une offre de génie écologique. En par­al­lèle, nous inté­grons le numérique dans les chantiers pour davan­tage d’instantanéité, de flu­id­ité et de sécu­rité. Le BIM améliore sig­ni­fica­tive­ment la pré­pa­ra­tion des chantiers, tout en réduisant les mod­i­fi­ca­tions en phase de con­struc­tion. VINCI Con­struc­tion jouera tou­jours son rôle d’acteur mon­di­al de la con­struc­tion et de leader européen pour con­cevoir et réalis­er les ouvrages adap­tés au monde de demain.

Dans le cadre du pro­longe­ment du RER E vers l’ouest de Paris, VINCI Con­struc­tion réalise la gare souter­raine de La Défense et ses tun­nels adja­cents. Cette nou­velle gare pren­dra place sous le CNIT. Les équipes ont réal­isé un geste tech­nique hors du com­mun con­sis­tant à men­er à bien la reprise en sous- œuvre de la struc­ture du CNIT pour per­me­t­tre le creuse­ment en taupe de la sta­tion cathé­drale.

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