Charles-Félix de Choiseul-Praslin (X1795)

Pour contribuer à l’histoire de l’AX

Dossier : Traditions 2015 -Magazine N°Pour contribuer à l'histoire de l'AX
Par Serge DELWASSE (X86)

On a beau avoir fêté l’an­née der­nière les 150 ans de l’AX, après la fusion de la SAS et de la Caisse de Secours en 1865, le magnan et la créa­tion d’une asso­cia­tion d’an­ciens élèves remonte à 1830. 

Bere­chit : Au com­men­ce­ment eut lieu le ban­quet « offert par les anciens élèves aux élèves actuels ». 

Dans la réunion pré­pa­ra­toire qui eut lieu le 13 août 1830, pour la nomi­na­tion des com­mis­saires qui devaient ordon­ner le ban­quet offert par les anciens élèves de l’é­cole poly­tech­nique aux élèves actuels, M. Blanq pro­po­sa de pro­fi­ter de la cir­cons­tance qui allait ras­sem­bler un grand nombre d’an­ciens élèves, pour fon­der, entre nous, une asso­cia­tion libre dont Paris serait le centre. 

Ce qui devait arri­ver arri­va, et l’association poly­tech­nique fut créée moins de trois mois après : 

Le bureau de l’as­so­cia­tion Poly­tech­nique, com­po­sé de MM. Vic­tor de Tra­cy, dépu­té (pré­sident ) , de Pras­lin, Pair de France, Vau­villiers , ins­pec­teur divi­sion­naire des ponts et chaus­sés, (vice-pré­sident) , de Pon­té­cou­lant , Auguste Comte, Lara­bit , Fran­cois, (secré­taires) , nous prie de publier la note sui­vante, arrê­tée par cette asso­cia­tion dans sa der­nière séance tenue à l’Hô­tel-de-Ville, le mar­di 30 novembre 1830. 

« L’or­don­nance en date du 13 novembre der­nier sur l’or­ga­ni­sa­tion de l’E­cole Poly­tech­nique a été l’ob­jet de nom­breuses et vives attaques. » 

L’as­so­cia­tion Poly­tech­nique1 se croit natu­rel­le­ment appe­lée à émettre son opi­nion à cet égard. Elle pré­pare un tra­vail d’en­semble sur le régime et l’en­sei­gne­ment de l’E­cole Poly­tech­nique, consi­dé­rée dans sa des­ti­na­tion la plus utile au pays. Mais l’As­so­cia­tion Poly­tech­nique ne croit pas devoir attendre la fin de cet impor­tant tra­vail, pour décla­rer que les dis­po­si­tions prin­ci­pales de la nou­velle orga­ni­sa­tion lui semblent n’a­voir été ins­pi­rées que par des vues étroites, peu conformes aux vrais inté­rêts géné­raux de l’E­tat. Elle pense que ce n’est qu’en s’é­car­tant du noble but que se sont pro­po­sé les illustres fon­da­teurs de l’E­cole , que le gou­ver­ne­ment a pu s’en­ga­ger dans la voie rétro­grade où il paraît avoir été pous­sé a son insu. 

Comme on peut le voir, dès sa créa­tion, l’association s’occupa d’empêcher les poli­tiques, au choix, de tuer la poule aux œufs d’or, de cas­ser le jouet, ou tout sim­ple­ment de mettre en œuvre le rap­port Attali . 

Mais son objet social était beau­coup plus large, puisqu’il s’agissait de faire… tout ce que fait l’AX aujourd’hui, et même un peu plus : 

— ASSOCIATION POLYTECHNIQUE — .Les anciens élèves de l’É­cole Poly­teth­nique ont for­mé une asso­cia­tion, dite Asso­cia­tion poly­tech­nique, dont on a le droit d’at­tendre de grands résul­tats. Rap­pro­cher les anciens élèves et leur four­nir les moyens de s’en­tr’ai­der, rêpandre par­mi les classes labo­rieuses les pre­miers élé­ments des sciences posi­tives, sutout dans leur par­tie app1icable, s’oc­cu­per enfin des sciences et des arts qui doivent inté­res­ser des hommes nour­ris d’une ins­truc­tion com­mune ; tel est le but de cette réunion savante, qui compte déjà par­mi ses membres des géné­raux, des aca­dé­mi­ciens, des pairs, des dépu­tés et des nota­bi­li­tés indus­trielles : car on retrouve par­tout les anciens élèves de l’É­cole Poly­tech­nique sur la route de la gloire, de la science et de la civi­li­sa­tion. Les cours gra­tuits qu’elle orga­nise dans les divers quar­tiers de la capi­tale pour pro­pa­ger par­mi les ouvriers les notions élé­men­taires qui doivent gui­der la pra­tique dans les arts et dans les métiers, les dis­cus­sions scien­ti­fiques et indus­trielles ouvertes dans ses assem­blées pério­diques, les mémoires nom­breux que cha­cun s’empresse d’ap­por­ter comme le tri­but de ses lumières, le savoir et la bonne volon­té des divers membres ; tout ins­pire de grandes espé­rances sur l’in­fluence à venir de l’As­so­cia­tion poly­tech­nique, et fait pres­sen­tir les résul­tats impor­tants qu’elle est appe­lée à réa­li­ser un jour, quand elle aura réuni dans son sein tous 1es hommes qui doivent natu­rel­le­ment lui appartenir(•). 

Ne nous trom­pons pas, c’était bien une asso­cia­tion d’anciens élèves, qui 

  • a édi­té un annuaire de ses membres – 455 en 1832, sur un total d’anciens vivants que j’évalue à 3000, c’est pas mal…Le compte-ren­du de cette asso­cia­tion se trouvent à la BNF (http://goo.gl/EfKG29). Il est repro­duit ici comme pdf de l’ar­ticle et ci-des­sous on trou­ve­ra l’ex­trait de l’annuaire 
  • était pré­si­dée par un vieux ayant de l’entregent, le duc de Choi­seul, X1795 
  • avait un vice-pré­sident cau­tion morale, en la per­sonne d’Auguste Comte 
  • avait créé une caisse de secours 
  • et orga­ni­sait des cau­se­ries sur des sujets d’actualité, tels que les che­mins de fer et la dette de l’Etat

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1 Un spin-off est d’ailleurs créé dès les 29 mars, l’Association Phi­lo­tech­nique, qui est tou­jours active… 

COMPTE RENDU

De la sous­crip­tion ouverte par l’As­so­cia­tion poly­tech­nique en faveur des offi­ciers d’ar­tille­rie et du génie ren­voyés en congé sans solde.

Reçu de divers  1,710 f. 95 
Remis au com­mis­saire dési­gné par MM. les offi­ciers pour rece­voir les fonds  1,520 f. s.c.;
Envoyé à Mez en bon sur Paris  76 f. 95  1,710 f. 95 
Pour frais divers et salaire d’un agent char­gé de por­ter les listes de sous­crip­tions à domicile  114 f. 00 

Très rapi­de­ment, les dis­cus­sions poli­tiques y furent pros­crites, et l’association se concen­tra sur sa mis­sion phi­lan­thro­pique d’organisation des cours gra­tuits à l’attention des ouvriers. 

Par ailleurs, se créa une Union Poly­tech­nique qui était, elle, un par­ti poli­tique dit « modé­ré » – ce qui vou­lait dire à l’époque, qu’il était révo­lu­tion­naire mais ne sou­hai­tait pas que trop de sang fût ver­sé. Le 25 février la Répu­blique était pro­cla­mée. L’Union Poly­tech­nique s’est pro­ba­ble­ment retrou­vée sans objet. Dès le 13 mars, la fusion avec l’Association est mise en œuvre, sous le nom de Club de l’Union Poly­tech­nique1. Le pre­mier pré­sident en est Tra­cy autre vieux, autre VIP, et on va cher­cher la seconde vieille gloire de l’Ecole en la per­sonne d’Arago, nom­mé Pré­sident hono­raire… L’objet social de l’association est très orien­té vers le poli­tique (le sou­tien à la Répu­blique) et le social, mais quelqu’un demande néan­moins qu’on édite un… annuaire ! Et pas n’importe quel annuaire, un annuaire de tous les anciens. 

Il est éga­le­ment pré­vu, en cas de dis­so­lu­tion, de ver­ser les fonds à… la Caisse des Elèves. 

Ce Club aura semble-t-il une vie rela­ti­ve­ment courte, puisque on n’en trouve pas de trace dans la presse après mai 1848. L’Association Poly­tech­nique (la même ? une nou­velle ? le Club ayant repris le nom ?) dis­pen­se­ra des cours gra­tuits jusqu’à ce jour sous le nom, semble-t-il, de « l’Union des Asso­cia­tion Poly­tech­niques de France ». Elle com­men­ce­ra d’ailleurs rapi­de­ment à recru­ter des non‑X par­mi ses membres, et s’éloignera peu à peu de la com­mu­nau­té X. La SAS sera créée en 1865, obtien­dra l’utilité publique en 1867 (l’association Poly­tech­nique devant elle attendre jusque 1869), fusion­ne­ra avec la SAX, et don­ne­ra nais­sance à l’AX

N’empêche ! l’AX aura été créé lors du magnan des anciens de 1830. Voi­ci une bonne rai­son de se rendre au Grand Magnan du 8 octobre 2016. 

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