L'amphi des présidents au magnan 2015 de l'Ecole polytechnique

Dans les coulisses du Magnan des 150 ans

Dossier : ExpressionsMagazine N°710 Décembre 2015
Par Michel ROSTAGNAT (75)

Quelques transfuges notoires de l’édition 2014 ont heureuse­ment rem­pilé pour met­tre le pied à l’étrier à la classe en 5.

La nou­velle équipe a vite appris à se con­naître, au rythme de deux réu­nions par mois. D’emblée, Yves Demay, directeur général de l’École, nous a mis à l’aise : pas ques­tion d’organiser la journée au print­emps, l’agenda fes­tif était trop chargé ; on la fix­erait au 10 octo­bre, jour où l’École ouvri­rait ses labos pour la Fête de la sci­ence. L’équipe s’est vite con­sti­tuée, jusqu’au bout appliquée et soudée comme un pack néo-zélandais.

“ À la croisée des générations, des nations et des passions ”

Au début, on aura débal­lé nos rêves les plus fous : des mont­golfières, un grand spec­ta­cle au Bôbar, un tournoi de pok­er, des tentes sur la pelouse devant le mag­nan comme au Bicen­te­naire de 1994 (6 000 con­vives, record à battre).

Cet exer­ci­ce de défoule­ment col­lec­tif a en fait très vite débouché sur un pro­gramme de rêve : Garde répub­li­caine, jeux de société famil­i­aux, con­cours d’éloquence en anglais (le fameux debat­ing), amphi des prési­dents de l’École et de l’AX, con­certs de jazz de nos vénérables Dix­ieland Seniors ain­si que de piano d’un cama­rade vir­tu­ose, Jonathan Gilad (2001).

Le rendez-vous des amis

Pour l’AX, le Mag­nan était l’un des trois temps forts de son année jubi­laire. Assez naturelle­ment, nous est apparue sa sin­gu­lar­ité : le Bal de l’X, le 29 mai au château de Ver­sailles, ce serait les pail­lettes, le luxe, la gloire ; le col­loque du 10 décem­bre sur l’ingénieur, le forum, l’académie, les sci­ences ; eh bien nous, nous seri­ons le ren­dez-vous des amis, la réu­nion de famille, le bon air de la patrie.

« Pour la patrie, les sci­ences et la gloire » : l’AX tenait ain­si sa trilogie.

Le choix n’était certes pas anodin. Car qui dit ambiance famil­iale dit ani­ma­tions, donc dépens­es, pour un bud­get ser­ré. On s’entendit d’emblée sur un prix d’entrée de 35 €, réduit à 15 € pour les jeunes et les élèves. Et nous voilà déposés au bord de la route des spon­sors, per­spec­tive éprouvante.

Des mécènes internationaux


L’amphi des présidents.

Là encore, la for­tune nous aura souri. Guère du côté de nos com­pa­tri­otes, où les mécènes ont, comme on dit à Lyon, « mal à la main qui donne » ; mieux en revanche du côté des entre­pris­es étrangères. Notre fil­ière chi­noise nous a valu un beau spon­sor­ing de Huawei France, qui sera venu fort juste­ment se présen­ter aux audi­teurs du con­cert de Jonathan Gilad dont elle était le grand sponsor.

Puis on s’est attaqué au cise­lage de slo­gans. Et de nos dis­cus­sions folles sont sor­tis les plus beaux : « Le rassem­ble­ment des X de 18 à 118 ans », puis finale­ment « À la croisée des généra­tions, des nations et des passions ».

En peu de mots, le décor était cam­pé. Ce Mag­nan serait placé sous le signe de la ren­con­tre et de la con­fronta­tion amicale.

Une course de fond

Nous en étions là au début du print­emps. La course de fond était com­mencée, mais la ban­de­role de l’arrivée encore loin. On en prof­i­ta pour régler quelques détails insti­tu­tion­nels – les insti­tu­tions ont, au fond, une lour­deur ras­sur­ante dans un univers insta­ble – en actant dans de nou­veaux statuts la tutelle de l’AX sur notre asso­ci­a­tion dont la direc­tion était par con­struc­tion appelée à tourn­er tous les ans.

Mais il y avait plus angois­sant : les cama­rades répondraient-ils à l’appel ? Allait-on se don­ner tant de mal pour ne voir, le jour J, qu’un filet ténu de vis­i­teurs égarés ? Force est de con­stater que, au début de l’été, le comp­teur restait blo­qué à 250 inscrits.

Dans l’équipe, les opti­mistes jouaient les loco­mo­tives : « Les gens s’inscriront dans les quinze derniers jours. Pour le sport, on organ­ise un match de gala entre les élèves et les vieux, le reste suiv­ra. » Con­fes­sion à demi rassurante.

Les optimistes avaient raison

Les opti­mistes avaient rai­son : les choses se sont passées exacte­ment comme ils l’avaient prévu. Seule ombre au tableau : au lieu des 1 000 vis­i­teurs escomp­tés, on n’en aura reçu que 700. Il faut cepen­dant y ajouter les 170 par­rains et filleuls qui auront bel et bien été des nôtres, et bien sûr la foule des curieux venus décou­vrir cette école mythique en ce jour de Fête de la science.

Heureuse­ment, Mon­sieur le Mag­nan, rompu à cet exer­ci­ce, sut enten­dre nos ultimes récla­ma­tions pour un ajuste­ment du nom­bre de con­vives et une four­ni­ture de vins importés.

Tout marche

À J – 2, le chef de l’équipe, qui fait plutôt par­tie des pes­simistes, se rend à l’X pour une recon­nais­sance des lieux. Il y est reçu à bras ouverts. Les portes s’ouvrent les unes après les autres, les affich­es dis­parais­sent pour aller se coller aux endroits stratégiques, les per­son­nels civils et mil­i­taires pren­nent rang, les tables et pan­neaux des stands s’installent, le piano est annon­cé : tout marche.

“ Les acteurs du drame poussent dans le Grand Hall comme champignons après la pluie ”

Le jour J, dès potron-minet, les deux 75 de la bande débar­quent à 7 h 50 sur le tar­mac de l’École, dans la brume mati­nale du lac bicor­nu. Juste avant la Garde républicaine.

On com­mence à s’agiter fébrile­ment : y a‑t-il une petite salle où les femmes gen­darmes pour­ront s’habiller dis­crète­ment ? Où met­tre les stands pour qu’ils soient vis­i­bles et attirent le cha­land ? Les affich­es sont-elles bien placées, sur le par­cours des élèves (le tré­sor de la com­mu­nauté poly­tech­ni­ci­enne) et, pour celles du con­cert, sur le par­cours des visiteurs ?

Les jazzmen ne doivent-ils pas être placés à côté du canon, sous la pein­ture d’Olivier Debré ? Les acteurs du drame, colonels, mem­bres des binets, agents tech­niques, poussent dans le Grand Hall comme des champignons après la pluie d’automne.

Et voilà les vis­i­teurs. Comme tou­jours, les grands anciens sont les plus fidèles. L’avenir appar­tient à ceux qui se lèvent tôt : selon cet adage, il est ouvert à nos anciens. Puis vien­nent les plus jeunes, beau­coup de familles, des cou­ples dont un mem­bre est fier de présen­ter sa vieille École à sa moitié.

Comme dans un rêve

L’ÉQUIPE 2015

Michel Ros­tag­nat (75), prési­dent
Lau­rent Daniel (96), secré­taire
Serge Del­wasse (86), tré­sori­er, organ­i­sa­tion des ren­con­tres sportives
Serge Cail­let (75), secré­taire adjoint, rela­tions avec l’École
Hervé Kabla (84), webmaster
Juli­ette Alain (2013), mem­bre de la “Lucky Lukès”, déléguée aux rela­tions extérieures
Philippe Castel­lani (76)
Nico­las Duvinage (95)
Ban Zheng (2005), rela­tion avec les élèves et les jeunes anciens
Bruno Van Parys (71), délégué général de l’AX

La suite de la journée se déroule pour les organ­isa­teurs comme dans un rêve. Plus le temps de se pos­er de ques­tions. La sub­lime journée d’automne apprêtée par les dieux du Mag­nan lui vaut un suc­cès mérité. Même les con­claves de l’après-midi, en amphis Ara­go et Poin­caré, con­nais­sent un franc succès.

On a des moments bluffants, comme cet extra­or­di­naire debat­ing qui prou­ve par a + b que, dans l’art de la rhé­torique, les X peu­vent en remon­tr­er aux com­merçants les plus madrés. Quelques décep­tions évidem­ment, notam­ment du côté des ani­ma­teurs sportifs bénév­oles qui n’ont pas trou­vé leur pub­lic. Mais, dans l’ensemble, c’est une belle journée.

Le Mag­nan 2015 s’achève sur une note d’optimisme, avec des comptes dans le vert et du bleu dans les yeux. Ses arti­sans s’apprêtent à pass­er le flam­beau à la généra­tion 2016.

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