DVD La dame de pique de TCHAÏKOVSKI

Piotr Ilitch Tchaïkovsky : La Dame de pique

Dossier : Arts,Lettres et SciencesMagazine N°717 Septembre 2016Par : Ewa Podle´s, Emily Magee, Misha Didyk, Ludovic Tézier, théâtre du Liceu de BarceloneRédacteur : Marc DARMON (83)Editeur : Un DVD ou Blu-Ray Opus Arte OABD7085D

Les deux plus célèbres opéras de Tchaïkovs­ki, Eugène Onéguine et La Dame de pique, ont pour orig­ine les vers de Pouchkine, sym­bole du roman­tisme russe. 

En fait entre ces deux opéras, les simil­i­tudes sont très nom­breuses, au-delà du poète : le style orches­tral se ressem­ble telle­ment que tel ou tel pas­sage de l’orchestre sem­ble pris de l’un ou de l’autre. Les deux opéras débu­tent par un chœur qui met dans l’ambiance (très dif­férente il est vrai), les airs de bass­es sem­blent inter­change­ables, le jeu avec les thèmes (presque des leit­mo­tive, plus nom­breux chez La Dame de pique) est de même nature. 

Et l’on retrou­ve une scène de duel dans les deux opéras (Pouchkine est mort en duel, cinq ans après les romans qui inspirèrent les deux opéras). 

Mais autant Eugène Onéguine met en scène la cam­pagne russe, à la Tchekhov, autant La Dame de pique met en scène la ville, Saint-Péters­bourg. Cette his­toire fan­tas­tique de jeu, d’amour con­trar­ié, d’obsession et de folie, de destruc­tion, d’attirance de la mort et d’excès est magnifique. 

La malé­dic­tion de la Dame de pique nous prend du début de l’opéra (le thème de la malé­dic­tion arrive très vite) jusqu’à la fin. 

La musique de Tchaïkovs­ki est superbe, au roman­tisme exac­er­bé et à l’orchestration effi­cace. Il s’offre le luxe de para­phras­er de longues min­utes le vingt-cinquième con­cer­to de Mozart dans le sec­ond acte (une longue scène pas­tiche du XVIIIe siè­cle, avec spec­ta­cle et bal­let) et de con­stru­ire la scène de la mort de la comtesse autour d’une chan­son française, et en français. 

La pro­duc­tion du théâtre de Barcelone en 2010 a beau­coup de mérite. Des chanteurs de pre­mier plan, dont Her­mann, le superbe ténor Misha Didyk, spé­cial­iste du rôle, et aus­si notre Ludovic Tézi­er impres­sion­nant, la sopra­no Emi­ly Magee, con­nue pour ses Strauss, touchante. 

Mais on se sou­vien­dra longtemps, dans son som­meil même, de la comtesse, cette « Dame de pique » qu’incarne l’incroyable Ewa Podle´s. Cette con­tral­to polon­aise a été célèbre dans les années 1980 et 1990. 

Impres­sion­nante dans Haen­del comme dans les mélodies de Chopin, elle inter­pré­tait aus­si une Opin­ion publique désopi­lante dans le célèbre Orphée aux Enfers d’Offenbach revu par l’équipe Minkows­ki- Pel­ly-Dessay-Naouri au Châtelet, prou­vant l’étendue de son répertoire. 

Ce soir-là à Barcelone, son inter­pré­ta­tion est grandiose. Lors des min­utes qui précè­dent sa mort, elle est hal­lu­ci­nante, au sens pro­pre, hyp­no­tique. Elle meurt en chan­tant en français la chan­son de son sou­venir devant un Her­mann désem­paré (car elle meurt sans lui don­ner son secret). 

Les décors et cos­tumes sont très élé­gants, bien que tra­di­tion­nels. Les change­ments de décors sont même assez impressionnants. 

Bien filmé (l’orchestre aus­si, c’est rare), ce spec­ta­cle est celui à avoir en image aujourd’hui pour La Dame de pique.

Poster un commentaire