Opération Monge

Opération Monge : diversité, réussite et égalité des chances

Dossier : Vie de l'associationMagazine N°761 Janvier 2021
Par Yves DEMAY (77)

Il y a une réal­ité factuelle, incon­testable : la faib­lesse des pour­cent­ages de bour­siers et de jeunes femmes dans les élèves de la for­ma­tion ingénieur de l’École. Cette sit­u­a­tion est con­nue, analysée depuis plusieurs années et combattue.

Cela a pu con­duire à de fauss­es bonnes idées. Comme admin­is­tra­teur de l’École, j’ai voté en faveur d’une aug­men­ta­tion du nom­bre d’élèves admis par la fil­ière TSI qui est une fil­ière plus tech­nique. Cela aurait pu per­me­t­tre l’admission de quelques bour­siers sup­plé­men­taires, et si on y réflé­chit bien, c’était une forme de dis­crim­i­na­tion positive.

Construire la réussite, un défi pas si simple

Comme directeur général, j’ai con­nu ensuite les dif­fi­cultés de cer­tains de ces élèves qui tra­vail­laient beau­coup plus et qui n’y arrivaient pas. Dans plusieurs cas, c’est grâce à la sol­i­dar­ité de l’AX qu’on a trou­vé les solu­tions pour don­ner à ces jeunes cama­rades le temps et les moyens de valid­er finale­ment sans passe-droit leur diplôme. Ils n’étaient pas moins intel­li­gents, valeureux ou méri­tants, mais claire­ment moins bien pré­parés. Leurs acquis en math­é­ma­tiques à l’entrée n’étaient pas suff­isants, d’où le sur­croît d’efforts pour rat­trap­er. Or, même quand on a un bon point de départ, la charge de tra­vail pour valid­er peut être impor­tante et la sur­charge pour rat­trap­er un bon niveau pèse donc très lourd. On a donc con­nu des élèves mal­heureux, en souf­france, et on ne peut le souhaiter. L’École est rev­enue en arrière sur le nom­bre de places pour rétablir une vraie sit­u­a­tion de réus­site pour les admis. Puisque cette expéri­ence n’a pas paru être une bonne voie, faut-il en déduire qu’on ne peut rien faire ? Que nenni.

Les réponses convergentes de l’École et de l’AX

Les études, l’approche sci­en­tifique des don­nées con­duisent à une vérité implaca­ble : la chance d’être admis dépend beau­coup de l’endroit où on a été pré­paré. Aujourd’hui, peu de class­es pré­para­toires pré­par­ent bien au con­cours de l’X, et ces class­es se sont con­cen­trées dans quelques lycées, en grande par­tie en Île-de-France. Pour des élèves d’un milieu moins favorisé, la classe pré­para­toire de prox­im­ité est la solu­tion la plus économique, et celle qui paraît la plus raisonnable à la famille, lim­i­tant sans doute les chances de réus­sir le con­cours de l’École poly­tech­nique. Au cours de l’été 2019, le prési­dent de l’École a mené et fait men­er une réflex­ion sur la diver­sité. En par­al­lèle, il y a eu un groupe de tra­vail de l’AX, réu­nis­sant des cama­rades motivés, et pour cer­taines et cer­tains très engagés avec une expéri­ence de ter­rain. Le con­seil de l’AX a forte­ment souligné que la diver­sité des pro­fils et la véri­ta­ble égal­ité des chances étaient non seule­ment sociale­ment souhaita­bles, mais aus­si une néces­sité et une oppor­tu­nité pour la réus­site et le ray­on­nement de l’École. Les échanges avec l’École ont mon­tré une excel­lente con­ver­gence sur le diag­nos­tic et les actions à men­er. L’AX est donc résol­u­ment engagée en sou­tien du plan d’action de l’École, porté par Éric Labaye. 

Donner envie de viser l’X

L’axe stratégique est de don­ner de véri­ta­bles chances de réus­site à des can­di­dates et des can­di­dats qui aujourd’hui ne les ont pas. Il y a cer­taine­ment des mesures à pren­dre, comme c’est déjà le cas, au niveau du con­cours, pour lut­ter con­tre des biais qui pour­raient injuste­ment favoris­er telle ou telle pré­pa­ra­tion. Il y a cer­taine­ment un enjeu fort à don­ner la pos­si­bil­ité aux meilleures et aux meilleurs d’accéder aux pré­pa­ra­tions les plus per­for­mantes, et prob­a­ble­ment une forme de « décon­cen­tra­tion » à pro­mou­voir. Il faut aus­si don­ner envie, instiller l’idée que les études sci­en­tifiques con­stituent une voie intéres­sante, et que même l’École poly­tech­nique n’est pas inaccessible.

L’opération Monge est lancée

C’est sur ce volet des actions que se place l’opération Mon­ge que l’École vient de lancer, sous l’égide du Pôle Diver­sité et Réus­site. Alice Car­pen­tier qui ani­me ce pôle a, depuis plusieurs années, mené de nom­breuses actions réussies, dont les cordées de la réus­site, le pro­gramme « Une grande école pourquoi pas moi » avec trois lycées de l’Essonne et des actions spé­ci­fiques pour attir­er des jeunes femmes vers les études sci­en­tifiques. Dans l’opération Mon­ge, l’objectif est que des élèves, récem­ment admis, vien­nent témoign­er dans des cen­taines de lycées en France. Elles et ils sont là pour mon­tr­er que c’est pos­si­ble et servir de mod­èles positifs.

Le rôle indispensable des correspondants de l’AX

En appui de cette opéra­tion, la com­mu­nauté des anciens élèves s’engage dans la mise en place d’un réseau de cor­re­spon­dants. Ces cama­rades volon­taires aideront pour les con­tacts avec les lycées, accom­pa­g­neront les élèves lors de leur présen­ta­tion, et assureront la con­ti­nu­ité de l’action en regard de pro­viseurs qui restent plusieurs années, alors que les élèves changent tous les ans. L’AX a lancé un appel qui a reçu un bel écho comme le mon­tre la carte. Pour­tant, il reste de la place pour plus de correspondants.

Fais grandir le réseau des correspondants

Aujourd’hui 70 per­son­nes se sont man­i­festées. Une cen­taine, ce serait mieux pour cou­vrir davan­tage la France et ren­forcer la capac­ité d’accompagner et de pro­mou­voir dans des cen­taines de lycées chaque année. Diane Dessalles-Mar­tin (76), bénév­ole à temps par­tiel au sein du Pôle Diver­sité et Réus­site de l’X, ani­me, pour l’AX, ce réseau, et assure ain­si le lien entre l’AX et l’École.

Chère cama­rade, cher cama­rade, rejoins le réseau des cor­re­spon­dants diver­sité et réussite. 

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