Œuvres de Chostakovitch, Respighi et Nino Rota

Dossier : Arts, Lettres et SciencesMagazine N°677 Septembre 2012Par : Orchestre philarmonique de Berlin, direction Riccardo CHAILLY : FELLINI, JAZZ & CORédacteur : Marc DARMON (83)

Voilà un con­cert très orig­i­nal, réu­nis­sant un des tout pre­miers orchestres du monde dans un lieu par­a­disi­aque jouant qua­tre « suites » éton­nantes, des œuvres pas­sion­nantes mais sor­tant des sen­tiers battus.

Coffret BlueRay OEuvres de Chostakovitch, Respighi et Nino Rota à la WaldbühneL’amphithéâtre en plein air de la Wald­bühne accueille chaque été l’Orchestre phil­har­monique de Berlin pour des con­certs pop­u­laires qui sont de véri­ta­bles événe­ments. Dans ce lieu au milieu de la ver­dure, des mil­liers de spec­ta­teurs vien­nent voir, par­fois assis assez loin, des con­certs générale­ment très clas­siques mais dans une ambiance vrai­ment excep­tion­nelle. Des étés précé­dents, le DVD a gardé trace de quelques con­certs remar­quables, notam­ment les œuvres célèbres de Gersh­win sous la direc­tion de Sei­ji Oza­wa (Euroarts) et un cou­plage russe avec Le Sacre du print­emps et le Troisième Con­cer­to de Rach­mani­nov sous la direc­tion de Simon Rat­tle (chez Euroarts également).

Lors de l’été 2011, le con­cert qui a été con­servé et pub­lié est con­sacré à la Sec­onde Jazz Suite de Chostakovitch, à la suite com­posée par Nino Rota d’après la musique qu’il avait offerte à Felli­ni pour La Stra­da et aux deux suites les plus célèbres d’Ottorino Respighi célébrant Les Pins de Rome et Les Fontaines de Rome.

La Jazz Suite de Chostakovitch est en fait l’association de plusieurs musiques de films qu’il com­posa dans les années 1930 à 1950, pour des raisons prin­ci­pale­ment ali­men­taires, orchestrée pour un orchestre très riche, enrichi d’accordéon, gui­tare, qua­tre sax­o­phones, piano et xylo­phone. La célèbre Valse n° 2, immor­tal­isée par Kubrick et la pub­lic­ité pour la CNP (déjà dirigée par R. Chail­ly), accom­pa­g­nait ini­tiale­ment un film sovié­tique de 1956 célébrant le courage des pio­nniers cul­ti­vant les ter­res vierges. Et vous décou­vrirez dans cette suite d’autres valses sim­i­laires, à connaître.

La Stra­da de Felli­ni doit beau­coup à la musique de Nino Rota, un véri­ta­ble com­pos­i­teur clas­sique, qui, comme Ennio Mor­ri­cone et Michael Nyman, doit sa célébrité à des musiques de films alors qu’il a com­posé de nom­breuses œuvres « savantes ». Sa musique est sou­vent défendue par les grands chefs ital­iens, comme Ric­car­do Muti et Ric­car­do Chail­ly. Ici réar­rangés sous forme d’une suite de bal­let, les dif­férents moments du film font ressor­tir les thèmes récur­rents, dont cer­tains, immortels.

Les deux cycles de poèmes sym­phoniques romains de Respighi (manque le troisième cycle, moins réus­si, Fêtes de Rome ) mon­trent une orches­tra­tion remar­quable et une car­ac­téri­sa­tion des jardins et des fontaines de Rome sur­prenante. Écoutez la beauté de « La Fontaine de Trévi à midi », sec­ond poème des Fontaines de Rome, peut-être le poème où l’art de pein­tre de Respighi, élève à Saint-Péters­bourg de Rim­s­ki-Kor­sakov comme Prokofiev et Stravin­s­ki, est le mieux résumé.

Ric­car­do Chail­ly est un des rares chefs à avoir attaché son nom à deux des plus beaux orchestres du monde. Nom­mé à trente-cinq ans à la tête du Con­cert­ge­bouw d’Amsterdam, il y a ani­mé une péri­ode faste pen­dant seize ans, du même niveau que la péri­ode de trente ans qui eut lieu aupar­a­vant sous la direc­tion de Bernard Haitink.

Désor­mais à la tête du Gewand­haus de Leipzig, il offre chaque fois avec cet orchestre des con­certs mag­nifiques, et ses pas­sages à Paris sont autant de témoignages de l’immense qual­ité de cet ensem­ble. Ici à la tête du Phil­har­monique de Berlin, Ric­car­do Chail­ly fait ray­on­ner cette musique pour le plaisir appar­ent de tous les spec­ta­teurs. Et il con­clut, comme le veut la tra­di­tion, par un Berlin­er Luft (de Paul Lincke) repris par le pub­lic vis­i­ble­ment ravi.

Les images de ce con­cert, comme sou­vent à la Wald­bühne (c’est le cas des con­certs russe et Gersh­win cités plus haut), sont superbes. Une scène mag­nifique­ment éclairée et décorée, dans un parc ray­on­nant, tout au long du couch­er du soleil. Et une réal­i­sa­tion qui per­met de par­faite­ment suiv­re la musique, mon­trant suc­ces­sive­ment les pupitres per­ti­nents et le chef. Et en haute déf­i­ni­tion (en Blu- Ray), on voit aus­si bien que si on était sur place lors des plans larges, et bien mieux lors des gros plans. Un Blu- Ray auquel on revien­dra souvent.

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