Internet des objets

L’Internet des objets, l’histoire d’une révolution discrète

Dossier : Internet des objetsMagazine N°784 Avril 2023
Par Xavier DUPONT (E19)

Au cœur de la transforma­tion numérique, l’Internet des objets (Inter­net of Things – IoT en améri­cain) a représen­té un marché estimé à env­i­ron 400 mil­liards d’euros en 2022. L’IoT touche toutes les indus­tries, car il con­cerne la con­nex­ion d’objets ou de machines, et la col­lecte de don­nées cri­tiques pour l’aide à la prise de déci­sion. L’IoT est sou­vent décrit comme un par­a­digme plus que comme un marché, mais c’est cer­taine­ment un acti­va­teur de la numéri­sa­tion, grâce à la mise à dis­po­si­tion de don­nées qui jusqu’à main­tenant n’étaient pas disponibles.

La con­nex­ion des objets et des machines n’est pas un con­cept nou­veau en soi. Depuis les années 1980, la télémétrie fait son appari­tion et per­met la mesure à dis­tance d’un objet éloigné grâce à des sys­tèmes, ou des élé­ments optiques. Les pre­miers cas d’usage sont la con­nex­ion des châteaux d’eau pour faciliter la ges­tion des réseaux de dis­tri­b­u­tion d’eau. Dans les années 1990 appa­rais­sent le stan­dard GSM et les pre­miers réseaux publics de com­mu­ni­ca­tion cellulaires.

“L’IoT concerne la collecte de données critiques pour l’aide à la prise de décision.”

Cer­taines sociétés dont le français Wave­com inven­tent le con­cept de Machine-to-Machine qui utilise la techno­logie 2G sur des réseaux nationaux, laque­lle per­met de col­lecter de la don­née pour la pre­mière fois à l’échelle d’un ter­ri­toire. On con­necte alors des comp­teurs d’électricité et bien­tôt des véhicules pour effectuer de la géolo­cal­i­sa­tion, grâce à l’ouverture du sys­tème satel­li­taire améri­cain GPS. C’est au début des années 2000 que le terme Inter­net de l’objet se pop­u­larise, ain­si que son util­i­sa­tion. De nom­breuses tech­nolo­gies se con­cur­ren­cent ou se com­plè­tent, par­mi lesquelles la tech­nolo­gie cel­lu­laire (2G à 5G) et plus récem­ment les tech­nolo­gies low pow­er wide area net­work (LPWAN) telles que Sig­fox, LoRaWAN (long range wide area net­work) et NB-IoT (nar­row band IoT).

Mal­gré cet engoue­ment, 70 % des pro­jets ne passent pas l’étape de val­i­da­tion ter­rain, le  proof of con­cept , étape clé qui con­firme la via­bil­ité d’un pro­jet et de son retour sur investisse­ment (ROI). Les con­di­tions de réus­site d’un pro­jet IoT sont au nom­bre de trois : la réduc­tion des coûts d’opération, l’amélioration de la sat­is­fac­tion client et la généra­tion de nou­velles sources de revenus. Effet de mode ou révo­lu­tion dis­crète ? Que nous réserve l’IoT dans les années à venir ? Ce qui est cer­tain, c’est que la clé du suc­cès d’une nou­velle tech­nolo­gie et de l’innovation repose sur l’humain.

2 Commentaires

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Claude Bau­doin (X70)répondre
9 avril 2023 à 3 h 18 min

Je suis un peu éton­né que l’au­teur par­le de révo­lu­tion “dis­crète” (ceci dit, je sais que les français sont experts en révo­lu­tions bruyantes…). De mon point de vue d’ex­pa­trié aux USA et impliqué dans des organ­i­sa­tions telles que l’In­dus­try IoT Con­sor­tium (IIC), qui est en liai­son avec la com­mu­nauté Indus­trie 4.0 cen­trée en Alle­magne, ce n’est pas dis­cret du tout. Il y a des réal­i­sa­tions vis­i­bles dans des raf­finer­ies (Marathon, Chevron), des usines (Bosch à Rexroth), dans le domaine de la san­té (détec­tion de signes avant-coureurs de sep­ticémie en milieu hos­pi­tal­ier), etc. Je suis d’ac­cord avec le faible taux de trans­for­ma­tion des PoC en déploiements à l’échelle, mais je trou­ve la liste des “fac­teurs de suc­cès” lim­itée. Il y a aus­si des moti­va­tions stratégiques, en par­ti­c­uli­er la main­te­nance pré­dic­tive (on peut dire que son effet est une réduc­tion des coûts, mais c’est un peu étroit comme per­spec­tive) et la sécu­rité (empêch­er un “blow-out” dans un for­age pétroli­er, ou détecter qu’un tech­ni­cien éloigné a eu un acci­dent ou un malaise parce que les cap­teurs qu’il porte indiquent qu’il ne bouge plus — c’est l’ex­em­ple de Marathon à Houston).

Davy Marc­hand-Mail­let (X98)répondre
10 mai 2023 à 16 h 08 min
– En réponse à: Claude Baudoin (X70)

Mer­ci Claude Bau­doin de réa­gir sur le titre, qui était volon­taire­ment décalé et com­porte plusieurs lec­tures : il y a la lec­ture évi­dente de la dis­cré­tion de la tech­nolo­gie qui sou­vent vient s’in­té­gr­er à des objets bien con­nus et ajoute des fonc­tion­nal­ités sans pour autant mod­i­fi­er la fonc­tion pre­mière de l’ob­jet, il y a ta lec­ture de la révo­lu­tion qui ne fait pas tout un ram­dam, avec de la mesure. Et puisqu’on par­le de mesure, le mot “dis­cret” est égale­ment un clin d’œil à la topolo­gie qui n’est pas sans lien avec les activ­ités de réseau. En tirant, le fil, il y a encore deux lec­tures ou clins d’œil dis­crets, mais je te laisse le plaisir de les décou­vrir par toi-même.

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