Le projet X‑ENS au féminin, aller à la rencontre des filles en prépa

Dossier : PolytechniciennesMagazine N°712 Février 2016
Par Alice CARPENTIER

Poly­tech­nique et Nor­male Sup (ENS Ulm) se sont asso­ciés pour lan­cer un pro­jet com­mun : « X‑ENS au fémi­nin » pour pro­mou­voir les car­rières scien­ti­fiques auprès des jeunes filles. Pour cette pre­mière phase du pro­jet une pla­quette est édi­tée, des élèves sont envoyés en ambas­sa­deur. Une seconde phase de recherche sui­vra avec des moyens adéquats.

En 2014, seule­ment 10 % de filles inté­graient l’ENS Ulm en cur­sus scien­ti­fique et 16 % l’X. De plus, 29 % des jeunes filles ins­crites au concours X‑ENS en 2014 ne s’y sont pas présentées.

Des études ont mis en évi­dence de nom­breuses causes pour expli­quer ces phé­no­mènes : le carac­tère mili­taire de l’École poly­tech­nique, le côté pure­ment « recherche » de l’ENS (trop spé­cia­li­sée) ; l’autocensure liée au manque de confiance en soi des jeunes filles ; la « fidé­li­té au milieu social » et la date très avan­cée du concours X‑ENS (pre­mier concours dans le calendrier).

À court terme, l’idée est d’accroître le nombre de jeunes filles s’inscrivant au concours com­mun X‑ENS et celles le pas­sant réel­le­ment afin d’augmenter, à moyen terme, le nombre de jeunes filles inté­grant les deux écoles.

REPÈRES

L’École polytechnique s’engage, via son pôle « Diversité et Réussite », à promouvoir les carrières scientifiques auprès des jeunes filles. Chaque année, en lien avec l’association des élèves polytechniciennes « X au féminin », des actions sont mises en place en direction des lycéennes et des jeunes filles en classes préparatoires scientifiques : rencontres dans les lycées, tables rondes métiers, visites de l’X et tutorat.
L’École polytechnique participera également à la semaine de l’égalité femmes-hommes qui se déroulera du 7 au 11 mars dans l’ensemble des établissements de l’Université Paris- Saclay. L’objectif de ces actions ciblées est de sensibiliser plus d’un millier de jeunes filles par an.

Des experts et un discours

Pour faire abou­tir ce pro­jet, l’École poly­tech­nique et l’ENS ont pu comp­ter sur l’expérience et le sou­tien de dif­fé­rentes asso­cia­tions et entre­prises agis­sant depuis long­temps déjà sur cette thé­ma­tique ou connais­sant bien le sys­tème des CPGE (classes pré­pa­ra­toires aux grandes écoles).

“ Augmenter, à moyen terme, le nombre de jeunes filles intégrant les deux écoles ”

Ce sont les experts du pro­jet : la Fon­da­tion L’Oréal et la Fon­da­tion de l’École poly­tech­nique, les asso­cia­tions Femmes & Sciences et Femmes et Mathé­ma­tiques, l’UPS (Union des pro­fes­seurs de classes pré­pa­ra­toires scien­ti­fiques), le Conseil géné­ral de l’Essonne et le minis­tère de l’Éducation natio­nale, de l’Enseignement supé­rieur et de la Recherche.

Ces experts ont eu comme pre­mière mis­sion de mettre en place un dis­cours pour gui­der les élèves poly­tech­ni­ciens ou nor­ma­liens pen­dant les forums et dif­fé­rentes interventions.

Des X et des normaliens en ambassade

DEUX GROUPES DE JEUNES FILLES

Les experts ont pu identifier deux grands groupes de jeunes filles cibles : les « initiées », dont les parents, frères ou sœurs font ou ont fait une grande école, et les « précurseuses », dont la famille n’est pas familière du monde de l’enseignement supérieur.
Ces deux types de publics doivent en effet faire face à un certain nombre de facteurs comme la mobilisation ou, au contraire, la dissuasion involontaire des parents, de la famille, de leur entourage et de leurs professeurs.

Grâce au tra­vail avec le groupe d’experts, l’X et l’ENS ont rédi­gé conjoin­te­ment une pla­quette pour outiller les ambas­sa­deurs et ambas­sa­drices (élèves poly­tech­ni­ciens et nor­ma­liens volon­taires) qui ont pour mis­sion d’aller à la ren­contre des jeunes filles de classes pré­pa­ra­toires lors des forums orga­ni­sés dans les établissements.

Par cette action, une cen­taine de CPGE seront tou­chées en 2016, en Île-de-France et sur l’ensemble du ter­ri­toire national.

Parler pour convaincre

La pla­quette « X‑ENS au fémi­nin » reprend un ensemble de ques­tions concrètes que peuvent se poser les jeunes filles en classes pré­pa­ra­toires et donne aux ambas­sa­drices et ambas­sa­deurs des élé­ments de réponses afin d’adapter effi­ca­ce­ment leur discours.

“ Ne pas sous-estimer la difficulté du concours mais recentrer le discours sur sa préparation ”

Elle aborde éga­le­ment la pos­ture que doivent adop­ter les élèves ambas­sa­deurs quand ils échangent avec des jeunes filles en classes pré­pa­ra­toires. Ils et elles doivent par exemple les ques­tion­ner sur leur envie d’orientation, leur par­cours sco­laire, leur envi­ron­ne­ment familial.

Les réponses reçues leur per­mettent d’adapter leur dis­cours et de convaincre effi­ca­ce­ment leurs inter­lo­cu­trices de ten­ter le concours d’entrée à l’École poly­tech­nique et à l’ENS. Concer­nant la pos­ture, l’important sera de ne jamais sous-esti­mer la dif­fi­cul­té du concours res­sen­tie légi­ti­ment par leurs inter­lo­cu­trices mais de recen­trer le dis­cours sur com­ment se pré­pa­rer serei­ne­ment et effi­ca­ce­ment à celui-ci.

Grandes ambitions

POUR EN SAVOIR PLUS

École polytechnique :
Alice Carpentier,
alice.carpentier [at]polytechnique.edu
Tél. 01 69 33 38 99.
École normale supérieure Paris :
Olivier Abillon,
pesu [at] ens.fr
Tél. 01 44 32 28 85.

La cam­pagne natio­nale « X‑ENS au fémi­nin » est la pre­mière phase d’un pro­jet plus ambi­tieux. Une seconde phase du pro­jet, dite de recherche, s’intéressera aux fac­teurs expli­ca­tifs du faible nombre de jeunes filles dans cer­taines classes pré­pa­ra­toires scien­ti­fiques : com­ment expli­quer qu’elles soient rela­ti­ve­ment moins pré­sentes en CPGE alors même qu’elles sont aus­si nom­breuses que leurs homo­logues mas­cu­lins en ter­mi­nale scientifique ?

Pour­quoi sont-elles moins pré­sentes en classes pré­pa­ra­toires étoilées ?

Ce tra­vail de recherche néces­site la mise en place de par­te­na­riats effi­caces en termes de finan­ce­ment et d’expertise dans les domaines des sciences de l’éducation, de la socio­lo­gie et des sciences cognitives.

Poster un commentaire