Le grand déclassement

Dossier : Arts, lettres et sciencesMagazine N°780 Décembre 2022Par : Philippe d’Iribarne (X55)Rédacteur : Alain Henry (X73)Editeur : Éditions Albin Michel, octobre 2022

Le grand déclasse­ment de Philippe d’Iribarne nous rend plus lucides sur les maux dont souf­fre la société française. Il met en lumière aus­si les ressources dont elle dis­pose mais que l’on sem­ble ne pas voir.

Beau­coup se sou­vi­en­nent des deux clas­siques – La logique de l’honneur et L’étrangeté française – dans lesquels l’auteur révélait les lois qui régis­sent l’univers cul­turel français. Il en mon­trait la mar­que aus­si bien sur les poli­tiques publiques que sur le sys­tème édu­catif ou la ges­tion des entre­pris­es. Reprenant son analyse, l’auteur con­sid­ère un ensem­ble d’évolutions qui, depuis trente ans, affectent tant notre société que le fonc­tion­nement interne des entre­pris­es. Ces évo­lu­tions pour­tant heur­tent nos logiques culturelles.

L’auteur en donne de mul­ti­ples exem­ples : ici, une sim­ple relec­ture de la Con­sti­tu­tion européenne se révèle lourde de sens quant à l’avenir ; ailleurs, l’auteur décrit les mécan­ismes qui nous font créer tou­jours plus de for­ma­tions de « haut niveau », avec à la clé une accu­mu­la­tion de frus­tra­tions pro­fes­sion­nelles ; plus loin, il narre le cauchemar triste d’un pom­pi­er con­traint de « ven­dre » ses ser­vices ; ou encore, l’illusion des juges se vouant à la chimère d’un monde « zéro-risque » et igno­rant les devoirs qui nous vien­nent de l’honneur d’un métier.

Vouloir soign­er nos maux avec des idéaux venus d’autres mon­des (le con­trat à l’américaine ou la par­tic­i­pa­tion à l’allemande) relève d’une igno­rance têtue de ce qui, chez nous, fait la vital­ité du lien social. 

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