La passion du BTP

Dossier : Le quarantième anniversaire des polytechniciennesMagazine N°677 Septembre 2012
Par Florence DARMON (83)

Dans les années 1980, les bons élèves étaient tra­di­tion­nelle­ment ori­en­tés vers les grandes écoles sci­en­tifiques et non pas les voies économiques, lit­téraires ou juridiques. Après une pré­pa à Louis-le-Grand, où j’ai tâché d’exploiter mon poten­tiel au max­i­mum, mon choix s’est porté sur Poly­tech­nique au lieu de Nor­male sup, pour l’aspect pluridis­ci­plinaire de cette for­ma­tion, mais aus­si, plus sur­prenant peut-être, par goût pour le sport.

Les équipements sportifs dont l’X béné­fi­ci­ait à l’époque atti­saient en effet la jalousie de beau­coup d’autres écoles et per­me­t­taient de pren­dre large­ment l’air lors des com­péti­tions interuniversitaires.

Plus sym­pa encore : nous étions par pro­mo­tion une ving­taine de jeunes filles au milieu de plus de 300 garçons. Tous n’étaient pas machos, et j’y ai trou­vé un vrai groupe d’amis fidèles avec lesquels je suis tou­jours en contact.

Concevoir et voir ce que l’on a conçu

À la sor­tie de l’X : le corps des Ponts, l’un des plus pres­tigieux débouchés de Poly­tech­nique, un pari presque impos­si­ble, que j’ai été ravie de réalis­er car j’ai tou­jours aimé « bricol­er », et j’ai tou­jours trou­vé mag­ique de con­cevoir un ouvrage puis de le voir s’élever sous mes yeux. Depuis cette entrée au corps des Ponts, j’avoue n’en avoir fait qu’à ma tête en ter­mes d’orientation pro­fes­sion­nelle : j’ai com­mencé par une année de césure passée dans le finance­ment de grands pro­jets à la BNP, dont deux mois à l’étranger, à New York et Los Angeles.

Toutes les fonc­tions que j’ai pris­es ensuite furent liées au BTP, à com­mencer par mon arrivée à la direc­tion départe­men­tale de l’équipement des Hauts-de-Seine. Des pro­jets pas­sion­nants s’annonçaient comme la con­struc­tion de l’A86 dans tout l’Ouest parisien. J’ai ensuite tra­vail­lé à la direc­tion des routes du min­istère de l’Équipement, au finance­ment des grands pro­jets routiers de plus de 200 pôles urbains, avant de rejoin­dre la Société des autoroutes et du tun­nel du Mont-Blanc puis le con­ces­sion­naire autorouti­er Cofiroute. Après dix années passées dans le secteur autorouti­er, j’intégrai Nex­i­ty puis, en 2006, Bouygues Immobilier.

Libre cours à l’imagination

Ma mis­sion chez Bouygues Immo­bili­er : con­cevoir des plans entiers de quartiers, après avoir diag­nos­tiqué les besoins et les équili­bres à respecter entre loge­ments, bureaux, com­merces, ser­vices ou encore écoles. De quoi don­ner libre cours à mon imag­i­na­tion tout en ten­ant compte de l’impact des opéra­tions de pro­mo­tion immo­bil­ière sur l’environnement urbain et économique.

Enfin en 2008, con­tac­tée par un chas­seur de têtes déjà croisé par le passé, je rejoins l’ESTP (École spé­ciale des travaux publics, du bâti­ment et de l’industrie) en tant que directeur général.

J’ai con­sid­éré ce nou­veau poste comme celui d’un patron de PME, per­me­t­tant de dévelop­per de nom­breux pro­jets, comme la mod­erni­sa­tion pro­gres­sive et con­stante des enseigne­ments et des options pour des pro­mo­tions de 600 élèves ingénieurs, le développe­ment des rela­tions inter­na­tionales et de la recherche, le développe­ment de la for­ma­tion con­tin­ue aux ser­vices des pro­fes­sion­nels, ou encore le rachat et la mod­erni­sa­tion de notre cam­pus de Cachan.

Sans cesse refaire ses preuves

J’avoue qu’évoluant dans un monde com­posé à 99% d’hommes, on m’a demandé beau­coup plus qu’à mes col­lègues mas­culins. For­cé­ment atyp­ique, j’ai tou­jours sen­ti que mes supérieurs avaient envie de me faire con­fi­ance, mais qu’il me faudrait pour cela sans cesse faire mes preuves. Cette car­rière bien rem­plie ne m’a pas empêchée d’avoir trois enfants (aujourd’hui 18, 20 et 23 ans) et une vie de famille que je crois bien équili­brée, mal­gré un emploi du temps par­fois chargé. Si c’était à refaire ? Je recom­mencerais, avec le même enthousiasme.

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