Kepler186, société de conseil qui vise à faciliter et accompagner l’évolution des organisations vers des modèles d’activité plus humains, plus ouverts, plus citoyens et plus écologiques

Kepler186 : l’intelligence collective au service d’organisations plus humaines

Dossier : TrajectoiresMagazine N°780 Décembre 2022
Par Hervé KABLA (84)

En 2018, Caro­line Allard (X98) a cofon­dé Kepler186, socié­té de conseil qui vise à faci­li­ter et accom­pa­gner l’évolution des orga­ni­sa­tions vers des modèles d’activité plus humains, plus ouverts, plus citoyens et plus éco­lo­giques – et par consé­quent plus per­for­mants. Elle s’appuie sur un ensemble d’approches – faci­li­ta­tion en intel­li­gence col­lec­tive, gou­ver­nance par­ta­gée, coa­ching – repo­sant sur l’écoute et l’émergence d’un che­min défi­ni collectivement.

Quelle est l’activité de Kepler186 ? 

Notre ambi­tion est de sou­te­nir les entre­prises et leurs diri­geants face aux enjeux col­lec­tifs : retrou­ver du sens, faire preuve de rési­lience, ren­for­cer l’harmonie et l’efficacité dans la col­la­bo­ra­tion, dépas­ser le tra­vail en silo, révé­ler le poten­tiel des équipes. Nous avons la convic­tion que le che­min le plus satis­fai­sant et effi­cace consiste à impli­quer les équipes et à déve­lop­per des bases com­munes. Cela passe par des approches struc­tu­rées mobi­li­sant l’intelligence col­lec­tive de l’organisation et par l’engagement de ses lea­ders dans cette direction.

Nous pro­po­sons donc du conseil, de la faci­li­ta­tion, de la for­ma­tion, du coa­ching, et nous met­tons au cœur de nos pra­tiques l’intelligence col­lec­tive, l’intelligence émotion­nelle et la gou­ver­nance par­ta­gée. Nous tra­vaillons étroi­te­ment avec les équipes de direc­tion et les mana­gers, dont la pos­ture de sou­tien et de faci­li­ta­tion joue un rôle majeur pour libé­rer le poten­tiel de leurs équipes. En effet, il est plus que jamais temps d’être auda­cieux pour réin­ven­ter des fonc­tion­ne­ments qui per­mettent aux orga­ni­sa­tions de se déve­lop­per et de sai­sir de nou­velles chances.

Quel est le parcours des fondateurs et fondatrices ? 

Nous sommes tous et toutes issus de par­cours plu­tôt clas­siques (l’X, Engie, Shell pour moi ; HEC, Essec, Insead, BCG… pour les autres). Nous nous sommes ren­con­trés en 2017 lors du Mooc du MIT : Lea­ding from the Emer­ging Future (www.presencing.org), à tra­vers un cercle de coa­ching entre pairs. C’est deve­nu une de nos approches socles : cette méthode met en mou­ve­ment des trans­for­ma­tions indi­vi­duelles et col­lec­tives qui per­mettent des chan­ge­ments impor­tants et enthou­sias­mants, en invi­tant à une vision d’ensemble des systèmes.

Comment t’est venue l’idée ?

Ayant vécu des expé­riences de coopé­ra­tion dans des cultures et des types d’organisation variés, je me confron­tais aux limites orga­ni­sa­tion­nelles habi­tuelles. L’ouvrage de Fré­dé­ric Laloux, Rein­ven­ting Orga­ni­za­tions, a agi comme une révé­la­tion pour moi. J’y trou­vais des clés pour dépas­ser ces obs­tacles engram­més dans les sys­tèmes et les orga­ni­sa­tions, des clés qui s’emboîtaient avec ce que j’avais expé­ri­men­té de posi­tif au fil de mes années de mana­ge­ment de pro­jet. J’ai alors eu l’élan d’accompagner les entre­prises et leurs diri­geants sur ce che­min d’ouverture et de confiance, qui per­met des fonc­tion­ne­ments fluides, effi­caces, tout en favo­ri­sant l’engagement équi­li­bré et le bien-être au travail. 

Qui sont les concurrents ? 

Nous évo­luons dans un éco­sys­tème vaste d’acteurs por­tant des pra­tiques très dif­fé­rentes. Nos concur­rents sont des entre­prises ou col­lec­tifs qui ont émer­gé depuis une dizaine d’années, des indé­pen­dants, les cabi­nets de conseil « clas­siques » qui pro­posent des trans­for­ma­tions vers plus de collaboration.

Nous nous dis­tin­guons par l’importance que nous accor­dons au che­min de trans­for­ma­tion, construit de manière col­la­bo­ra­tive, car il porte en lui les pré­misses du résul­tat, d’une part, et l’expérience que nous avons d’appliquer à nous-mêmes ces pra­tiques inno­vantes et ces modes de gou­ver­nance, d’autre part.

Nous pen­sons qu’il y a de la place pour tout le monde, car nous œuvrons tous à une accul­tu­ra­tion des entre­prises à des approches plus col­la­bo­ra­tives. Notre culture de la coopé­ra­tion et du par­tage nous per­met d’intervenir régu­liè­re­ment avec des confrères et consœurs.

Quelles ont été les étapes clés depuis la création ? 

Notre équipe s’est consti­tuée en 2018, avec Georges Rizk, Régis Cor­né­lie, Alexandre Koro­leff et Claire Per­rin. Auré­lia Trom­bi­ni nous a rejoints rapi­de­ment ensuite. À la suite des pre­miers échanges avec des res­pon­sables d’équipe et d’entreprise de nos réseaux, les mis­sions ont rapi­de­ment émer­gé sous forme de sémi­naires, d’ateliers de cocons­truc­tion, de formation-action.

La Covid a bien sûr été un grand bou­le­ver­se­ment pour le monde du tra­vail. Elle a aus­si ren­du les for­mats numé­riques plus accep­tables. Nous avons sai­si cette occa­sion pour déployer d’autres modèles d’intervention, dans un moment où les équipes avaient par­ti­cu­liè­re­ment besoin de sou­tien. Nous tra­vaillons aujourd’hui de manière hybride, en pro­fi­tant de l’agilité des fonc­tion­ne­ments à dis­tance et en tirant le meilleur des temps en présentiel.

Tu es passée de grands groupes à une ONG en Inde et à la facilitation ; quel a été le fil directeur de tous ces changements ? 

J’ai d’abord mené pen­dant neuf ans une car­rière chez Gaz de France et Shell – en tant que res­pon­sable de pro­jets com­plexes de trans­for­ma­tion (France, Royaume-Uni, Pays-Bas). En 2010, j’ai com­men­cé à voya­ger en Inde. J’y ai décou­vert la joie de contri­buer à une socié­té plus juste, à tra­vers le béné­vo­lat dans une asso­cia­tion locale. De retour à Paris, j’ai tra­vaillé pen­dant plus de quatre ans à l’Agence nou­velle des soli­da­ri­tés actives, en contri­buant à des pro­jets de lutte contre la pau­vre­té en France.

En réunis­sant la pleine conscience et la « com­mu­ni­ca­tion non vio­lente » (CNV), que je déve­lop­pais dans ma vie pri­vée, et la recherche d’impact et le sens, que je vivais dans le monde pro­fes­sion­nel, j’ai com­pris qu’il était pos­sible d’apporter des solu­tions concrètes et réa­listes aux entre­prises aspi­rant à plus d’engagement, de coopé­ra­tion, de créativité.

Qu’est-ce que t’apportent ces pratiques sur le plan personnel ? 

L’exploration de la médi­ta­tion m’a appris une autre manière d’être au monde, au-delà du faire et de l’intellect pur. La pra­tique de la CNV, à laquelle je me forme depuis 2014, per­met de sor­tir de sché­mas rela­tion­nels que l’on croyait soli­de­ment ancrés. Enfin les pra­tiques col­lec­tives m’ont mon­tré que, avec un cadre appro­prié, nous sommes capables de créer des solu­tions bien au-delà de la somme des actions de chaque per­sonne, avec effi­ca­ci­té et créativité.

Caroline Allard (X98) a cofondé Kepler186 en 2018
Caro­line Allard (X98) cofon­da­trice de Kepler186

Les ingénieurs ont-ils une plus grande responsabilité que le commun des mortels sur les choix de société ? 

With great power comes great res­pon­si­bi­li­ty. Les ingé­nieurs sont les béné­fi­ciaires d’avantages struc­tu­raux cer­tains. Que choi­sis­sons-nous de faire avec ces pri­vi­lèges ? Cela demande du cou­rage, d’interroger la manière dont notre acti­vi­té impacte le monde et de mesu­rer ce que ces remises en ques­tion peuvent avoir comme effet sur notre mode de vie.

“Un autre monde est possible !”

J’essaie de me poser régu­liè­re­ment ces ques­tions : de quelle socié­té ai-je envie et quel rôle suis-je prête à jouer pour y contri­buer ? Et c’est vrai­ment une grande source de joie et de liber­té de faire à ma façon des choix ali­gnés avec ce qui me tient à cœur, et de ren­con­trer des com­pagnes et com­pa­gnons de route pour un enri­chis­se­ment et un sou­tien mutuel.

À quoi fait référence le nom de ton collectif ? 

Notre nom fait réfé­rence à la pla­nète Kepler-186f, décou­verte en 2014 à par­tir de don­nées récol­tées de 2009 à 2013 par le téles­cope Kepler. La pla­nète Kepler-186f a la par­ti­cu­la­ri­té d’avoir une taille simi­laire à celle de la Terre et des carac­té­ris­tiques qui la ren­draient habi­table pour l’espèce humaine. Elle est le signe qu’un autre monde est possible !

Est-ce que cela signifie que notre avenir, en tant qu’espèce sur cette planète, est limité ? 

Je crois que cela dépend de nous toutes et tous : sommes-nous col­lec­ti­ve­ment prêts à écrire une nou­velle manière de vivre et d’être ensemble, de pro­duire et de consom­mer, qui soit à la fois plus sobre et plus géné­reuse ? Chez Kepler186, nous contri­buons à ce nou­veau récit.


Références :

www.kepler186.com

www.caroline-allard.com

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