Jean PRUNIERAS (41)

Jean Prunieras (41)

Dossier : ExpressionsMagazine N°598 Octobre 2004Par : Jean-Marcel Pietri (71) et Jean-François Lévy (59)

L’ingénieur général des Ponts et Chaussées Jean Pruniéras nous a bru­tale­ment quit­tés le 6 mars 2004 alors qu’il organ­i­sait encore, les semaines précé­dentes, au titre de l’In­sti­tut français de Nav­i­ga­tion, la table ronde d’une étude de la Com­mis­sion européenne sur les ports petits et moyens. Sa famille a souhaité que ses obsèques aient lieu dans la dis­cré­tion et la plus stricte intim­ité, il est juste cepen­dant que soit publique­ment ren­du hom­mage à l’ac­tion de ce grand ingénieur qui a tant œuvré pour la sécu­rité et l’ef­fi­cac­ité de la nav­i­ga­tion maritime.

Il débute sa car­rière au port d’O­ran. En 1955, il rejoint le Ser­vice des Phares et Balis­es où il va faire le reste de celle-ci. Il y prend les fonc­tions d’ingénieur en chef du Ser­vice tech­nique des Phares et Balis­es en 1963, et celles de directeur du Ser­vice des Phares et Balis­es en 1972. Il devient ain­si le treiz­ième secré­taire de la Com­mis­sion des Phares suc­cé­dant à cer­tains par­mi les plus grands, Augustin Fres­nel (1804) et Léonce Rey­naud (1821) entre autres. Il devient égale­ment le secré­taire général de l’As­so­ci­a­tion inter­na­tionale de Sig­nal­i­sa­tion mar­itime (AISM). Il prend en 1977, avec le rat­tache­ment des Cen­tres régionaux opéra­tionnels de sur­veil­lance et de sauve­tage (Cross) à son ser­vice, le titre de directeur du Ser­vice des Phares et Balis­es et de la Nav­i­ga­tion (SPBN). Il con­serve cette fonc­tion jusqu’à son départ à la retraite en 1988.

Lorsque Jean Pruniéras rejoint le Ser­vice des Phares et Balis­es celui-ci ter­mine la recon­struc­tion de ses instal­la­tions et s’en­gage sur le défi tech­nologique que seront la général­i­sa­tion de l’élec­tri­fi­ca­tion, l’u­til­i­sa­tion de l’élec­tron­ique et l’automatisation.

Par­al­lèle­ment, il con­sacr­era une par­tie impor­tante de son temps libre à men­er des travaux arith­mé­tiques de haut niveau dans le cadre d’une thèse.

Dans les dif­férents domaines que Jean Pruniéras a abor­dés au cours de sa car­rière pro­fes­sion­nelle puis des travaux qu’il a con­duits pen­dant sa retraite, il s’est tou­jours effor­cé de dis­pos­er de l’analyse la plus pré­cise pos­si­ble des besoins avant de déter­min­er la meilleure solu­tion à adopter. C’est ain­si qu’il con­duit à son terme la déf­i­ni­tion par l’AISM d’un sys­tème unifié de bal­is­age en faisant men­er par le STPB à Bon­neuil-sur-Marne une étude sur la recon­nais­sance des éclats qui per­me­t­tra de définir les rythmes de feux dif­féren­cia­bles et donc ceux de bal­is­ages car­dinaux. Ce sys­tème unifié, recher­ché depuis la fin du xixe siè­cle, sera adop­té par l’Or­gan­i­sa­tion mar­itime inter­na­tionale en 1981.

Il fera égale­ment réalis­er à la fin des années soix­ante-dix une impor­tante étude sur l’u­til­ité des sys­tèmes de posi­tion afin de rechercher les sys­tèmes d’aides radioélec­triques à la nav­i­ga­tion les plus adap­tés aux dif­férentes util­i­sa­tions (nav­i­ga­tion, pêche, chenalage, etc.).

Jean Pruniéras avait recon­nu très tôt l’in­térêt des radars pour amélior­er la sécu­rité de la nav­i­ga­tion dans les chenaux por­tu­aires puis au large. Les études menées ont con­duit à ce qu’on appelle aujour­d’hui les VTS (Ves­sel traf­fic ser­vices - ser­vices de traf­ic mar­itime). Le pro­jet de l’in­stal­la­tion d’un tel sys­tème à la pointe de Bre­tagne avait été pré­paré sous sa direc­tion ; la cat­a­stro­phe de l’Amo­co Cadiz (mars 1978) a con­duit à en trou­ver le financement.

Si ce dis­posi­tif com­biné avec le reste des moyens de l’ac­tion de l’É­tat en mer n’a pas per­mis de prévenir tous les acci­dents, comme l’a mal­heureuse­ment mon­tré la cat­a­stro­phe de l’Eri­ka fin 1999, il a per­mis d’en éviter de nom­breux puisqu’on estime à une quin­zaine le nom­bre d’ac­ci­dents graves évités entre 1980 et 1999.

L’ex­péri­ence française ain­si acquise sous la direc­tion de Jean Pruniéras a con­duit à l’adop­tion de nom­breux textes à l’AISM, à l’As­so­ci­a­tion inter­na­tionale des Ports (IAPH) et à l’Or­gan­i­sa­tion mar­itime inter­na­tionale (OMI). Lorsque la Com­mis­sion européenne a lancé un vaste pro­gramme d’é­tude sur les VTS au début des années qua­tre-vingt c’est tout naturelle­ment Jean Pruniéras qui a été retenu pour ani­mer l’ac­tion correspondante.

Et lorsque ses pairs l’ont élu à la tête de l’In­sti­tut français de Nav­i­ga­tion puis de son comité tech­nique, sa renom­mée a con­duit à ce que cet organ­isme se voie con­fi­er la coor­di­na­tion des divers­es actions européennes dans ce domaine et plus générale­ment dans tout ce qui touchait de près ou de loin à la sécu­rité de la nav­i­ga­tion. Il y tra­vail­lait encore à la veille de sa mort.

La per­son­nal­ité de Jean Pruniéras avait con­duit en out­re le Min­istère à con­fi­er au SPBN et à son ser­vice tech­nique des tâch­es allant bien au-delà de ce que recou­vraient la sig­nal­i­sa­tion mar­itime et la sécu­rité de la nav­i­ga­tion puisqu’il a dirigé des réal­i­sa­tions allant de l’au­toma­ti­sa­tion des sondages dans les ports au suivi des mod­èles de sédi­men­ta­tion et de couran­tolo­gie du Lab­o­ra­toire nation­al d’hy­draulique dans le cadre d’une con­ven­tion avec le Min­istère. Il dirigeait égale­ment les études sur les mod­èles math­é­ma­tiques de navire et les cam­pagnes de mesures des houles sig­ni­fica­tives sur les côtes de France.

Dans ces dernières années, il a égale­ment coor­don­né des études de la Com­mis­sion européenne sur l’ef­fi­cac­ité des ports et des ter­minaux por­tu­aires et le suivi des marchandises.

Cette courte notice sur­v­ole les apports de ce grand ingénieur. Dans le cadre du bicen­te­naire du Con­seil général des Ponts et Chaussées, le Cen­tre d’é­tudes tech­niques mar­itimes et flu­viales con­sacr­era une journée, le 7 décem­bre 2004, aux travaux de Jean Pruniéras.

Dans le même cadre, le port autonome du Havre con­sacr­era une demi-journée, le 28 octo­bre, à son apport dans les prob­lèmes por­tu­aires. Ce n’est que justice.

Nous souhaitions apporter un hom­mage au nom de tous ses anciens col­lab­o­ra­teurs pour l’ex­péri­ence et la for­ma­tion qu’il nous a apportées, la rigueur dans l’analyse des besoins et la recherche de solu­tions adap­tées, l’é­coute qu’il accor­dait à l’avis de chacun. 

Jean-Marcel Pietri (71) 
et Jean-François Lévy (59)

Commentaire

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Michèle, née Pruniérasrépondre
4 mars 2013 à 12 h 03 min

Un grand mer­ci à tous les
Un grand mer­ci à tous les deux pour ceci ! M

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