Jacques Camille Louis Stosskopf 1898–1944

Dossier : Arts, Lettres et SciencesMagazine N°556 Juin/Juillet 2000Par : François Stosskopf, Élizabeth Meysembourg-StosskopfRédacteur : Gérard BRUNSCHWIG (43)

À l’occasion du cen­te­naire de la nais­sance de leur père, les deux enfants de Jacques Stosskopf ont tenu à réu­nir doc­u­ments et témoignages retraçant sa vie, son action et le sac­ri­fice de ce grand résistant.

Les archives famil­iales, accom­pa­g­nées de nom­breuses pho­tos, évo­quent une famille alsa­ci­enne où le grand-père pater­nel, fils et petit-fils d’artisans chape­liers, exerça le méti­er d’ouvrier pel­leti­er à Was­selone puis “ mon­ta ” vers 1855 à Paris où il tra­vail­la chez le four­reur Révil­lon. Son fils Jean, père de Jacques, fut employé à la Banque de Paris et des Pays-Bas.

Jacques Stosskopf fit d’excellentes études au Col­lège Rollin et se trou­vait en Math sup lorsqu’il fut mobil­isé en 1917. Sous-lieu­tenant à la fin de la guerre, il reprit ses études et fut reçu 5e de la pro­mo­tion 1920 S.

Sor­ti dans le Génie mar­itime, il occu­pa plusieurs postes à Cher­bourg, Paris et Nantes, avant d’être nom­mé en octo­bre 1939 chef de la sec­tion des con­struc­tions neuves à l’arsenal de Lori­ent. C’est là qu’il exerça son méti­er, avant et après l’armistice de juin 1940 (alors que Lori­ent était devenu la base sous-marine qu’on sait), jusqu’à son arresta­tion par deux policiers alle­mands de la SD en févri­er 1944.

L’ouvrage repro­duit entre autres les notes de Geneviève Beauch­esne, direc­trice des archives de la pré­fec­ture mar­itime de Lori­ent, ain­si que l’article paru dans la revue Cols Bleus (avril 1991) de René Esti­enne, chef du Cen­tre de doc­u­men­ta­tion et de recherch­es his­toriques de l’arrondissement de Lorient.

Ces doc­u­ments per­me­t­tent de com­pren­dre com­ment, dans des con­di­tions dif­fi­ciles et périlleuses, Jacques Stosskopf, mem­bre à par­tir de mai 1943 du réseau de ren­seigne­ment Alliance (dirigé par Marie-Madeleine Four­cade) put suiv­re métic­uleuse­ment et dans le plus grand secret les mou­ve­ments des sous-marins alle­mands de la base de Lori­ent et les faire con­naître aux Alliés.

Il eut à régler des prob­lèmes très épineux, notam­ment celui du départ en Alle­magne, à l’automne 1942, d’ouvriers de l’arsenal ; s’il réus­sit à en faire dimin­uer notable­ment le nom­bre par rap­port aux exi­gences de l’occupant, il ne put éviter un cer­tain nom­bre de départs, ce qui le ren­dit très impop­u­laire et lui val­ut même d’être accusé par les ouvri­ers de “col­lab­o­ra­tionnisme” à la Libéra­tion, devant une com­mis­sion d’épuration, qui savait à quoi s’en tenir…

Après Vannes, Rennes et Com­piègne, Jacques Stosskopf fut trans­féré en juil­let 1944 au camp de Schirmeck où il fut enfer­mé avec 149 mem­bres du réseau Alliance. Moins de deux mois plus tard, tous furent exé­cutés au camp du Struthof.

Le livre, très émou­vant, con­tient d’autres doc­u­ments, plus famil­i­aux, qui per­me­t­tent de cern­er le car­ac­tère d’un homme éminem­ment intel­li­gent et cul­tivé, qui aimait la musique, les enfants, la nature. Ses fonc­tions, tant offi­cielles que clan­des­tines, lui impo­saient d’arborer un masque d’autorité impas­si­ble qui impres­sion­nait ses inter­locu­teurs et il a cer­taine­ment beau­coup souf­fert d’avoir eu à tra­vailler offi­cielle­ment avec l’occupant.

Commentaire

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Hardyrépondre
15 avril 2017 à 18 h 45 min

Anciens agents X du réseau Alliance
Bon­soir,

Je souhait­erais pou­voir pren­dre con­nais­sance des pub­li­ca­tions com­por­tant les biogra­phies des anciens X du réseau Alliance.
Pou­vez-vous m’aider ?
ci-après l’adresse de notre site :
http://reseaualliance.e‑monsite.com/
Me ten­ant à votre disposition.
Bien cordialement.
Jérôme HARDY

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