Repérage sur le terrain

Géo-information et géo-intelligence : applications et perspectives

Dossier : Dossier FFEMagazine N°717 Septembre 2016
Par Philippe PHAM

Airbus Defence & Space opère dans le domaine de la géo-information et de la géo-intelligence.
ouvez-vous nous en dire plus ?

Le busi­ness clus­ter Intel­li­gence au sein d’Airbus Defence & Space inter­vient à dif­fé­rents niveaux :

  • La vente d’imagerie pro­duite par nos satel­lites optiques et radars ;
  • La vente des sys­tèmes sol de récep­tion et d’exploitation de la télé­me­sure d’images de nos satellites ;
  • La vente de sys­tèmes clé en main, de ser­vices et de solu­tions à nos clients.

I4D – Unique GEOINT system.

La voca­tion de l’entité est de maî­tri­ser la créa­tion et l’acquisition des don­nées images, la mise à dis­po­si­tion et la mise en forme de l’imagerie et de ses pro­duits à haute valeur ajoutée.

Nous accom­pa­gnons aus­si nos clients dans l’exploitation de ces don­nées dans le cadre de leurs activités.

Aujourd’hui, nous évo­luons d’une acti­vi­té basée sur la don­née à une acti­vi­té cen­trée autour de l’exploitation intel­li­gente de la don­née pour et par nos clients. Nous devons créer de la valeur à tra­vers une infor­ma­tion qui doit être uti­li­sable par nos clients dans leurs domaines d’activités et leurs opérations.

Nous sommes très axés B2B avec des appli­ca­tions, des solu­tions et un déploie­ment de solu­tions vali­dées et prêtes à l’emploi pour nos clients.

Comment cela se traduit-il ?

Au sein d’Airbus Defence & Space, nous avons la capa­ci­té de maî­tri­ser l’ensemble des pla­te­formes et des sen­seurs d’acquisition de ces don­nées qui peuvent pro­ve­nir de l’observation de la Terre, des télé­com­mu­ni­ca­tions, des écoutes élec­tro­niques et d’un cer­tain nombre d’autres sources de données.

En interne, à par­tir de ces don­nées, nous déve­lop­pons des soft­wares, réa­li­sons l’intégration de sys­tèmes, vali­dons de nou­velles solu­tions afin de pro­po­ser à nos clients un ser­vice d’accompagnement et de for­ma­tion à des fins d’utilisations gou­ver­ne­men­tales et/ou com­mer­ciales en rap­port avec les mar­chés ver­ti­caux sur les­quels nous sommes positionnés.

Quels sont vos principaux marchés ?
Pouvez-vous nous donner des exemples ?

Nous ser­vons nos clients sur de mul­tiples mar­chés : la défense et la sécu­ri­té, l’énergie, l’aviation, la sur­veillance mari­time, la pla­ni­fi­ca­tion natio­nale, l’environnement et les forêts, la sécu­ri­té publique, les ser­vices de géo­lo­ca­li­sa­tion ou encore l’agriculture.

Intelligence is a matter of perspectiveNous inter­ve­nons plus par­ti­cu­liè­re­ment sur la défense, l’énergie, la sur­veillance mari­time et l’agriculture, qui repré­sentent les 4 sec­teurs qui génèrent un chiffre d’affaires signi­fi­ca­tif et en croissance.

Au niveau de la sécu­ri­té, la géo-infor­ma­tion et la géo-intel­li­gence apportent des réponses et des solu­tions per­ti­nentes dans le cadre de la sur­veillance des fron­tières, de la lutte contre le ter­ro­risme ou les acti­vi­tés illé­gales. De même, la sur­veillance mari­time per­met de sur­veiller des zones et de larges péri­mètres côtiers et marins. Elle offre aus­si un sou­tien dans le cadre de la lutte contre des acti­vi­tés illé­gales comme la pêche illi­cite, le pira­tage ou la pollution.

Ces appli­ca­tions sont des­ti­nées aux forces de sécu­ri­té mari­time, aux com­pa­gnies mari­times ou aux indus­triels opé­rant dans le sec­teur de l’énergie ou de la pêche, mais aus­si aux orga­ni­sa­tions de pro­tec­tion de l’environnement.

Elles sont aus­si uti­li­sées pour opti­mi­ser et contrô­ler la pro­duc­tion agri­cole en favo­ri­sant une agri­cul­ture de pré­ci­sion qui a un impact réduit et contrô­lé sur l’environnement.

Elles sont aus­si très utiles dans le sec­teur éner­gé­tique. La géo-infor­ma­tion et la géo-intel­li­gence contri­buent aux opé­ra­tions d’exploration, de pro­duc­tion, de sto­ckage et de dis­tri­bu­tion. Elles per­mettent d’obtenir des cartes géo­lo­giques et topo­gra­phiques pré­cises ou une sur­veillance en qua­si-temps réel des ins­tal­la­tions et des impacts sur l’environnement.

La production et la mise à disposition de ces données relèvent aussi du Big Data…

L’exploitation de cette mul­ti­tude de don­nées diverses est un enjeu majeur. La qua­li­té et la per­ti­nence du conte­nu et de l’information sont sujettes à de nom­breux cri­tères, tels que la réso­lu­tion et la fraî­cheur de l’information, qui nous per­mettent d’obtenir des carac­té­ris­tiques tech­niques qui garan­tissent une forte valeur ajou­tée sur l’interprétation de la don­née que nous recevons.

Pour nos acti­vi­tés, le Big Data implique de l’analyse image et de l’extraction d’informations, le cata­lo­gage com­plet de notre archive avec une pro­fon­deur de 30 années, du trai­te­ment de don­nées en pro­fon­deur, avec extrac­tion des don­nées d’intérêt, iden­ti­fi­ca­tion des chan­ge­ments et des évo­lu­tions, de l’apprentissage dans les banques de don­nées d’origines mul­tiple et diverse, struc­tu­rées ou pas (avec change moni­to­ring, data-mining, deep lear­ning), de l’identification de formes sur les images pour un plus fort degré d’automatisation et de détec­tion d’informations, de la ges­tion d’alertes, de l’analyse intel­li­gente et ciblée pour extraire l’information des don­nées dans l’optique de déli­vrer la meilleure valeur ajou­tée exploi­table par nos clients.

Nous devons aus­si faire face à une énorme concur­rence sur le Big Data avec de nou­veaux entrants qui arrivent régu­liè­re­ment et plus rapi­de­ment sur le mar­ché. La dif­fi­cul­té est de main­te­nir un cap, une vision, des déve­lop­pe­ments à moyen et long termes, des inno­va­tions et des mises à dis­po­si­tion de sys­tèmes, qui néces­sitent du temps et des inves­tis­se­ments lourds pour leurs mises en œuvre opérationnelle.

Nous essayons donc de main­te­nir une cer­taine cohé­rence d’ensemble, une sta­bi­li­té dans nos équipes, nos inves­tis­se­ments et la réa­li­sa­tion de nos grands pro­jets afin d’amortir nos sys­tèmes et de satis­faire nos clients voire anti­ci­per leurs besoins.

Quelles sont les autres perspectives de développement que vous considérez ?

Nous tra­vaillons sur l’utilisation de nou­veaux cap­teurs et sen­seurs qui ne sont plus uni­que­ment des satel­lites et qui peuvent être aus­si des UAVs, des drones et bien d’autres types d’acquisitions de données.

Nous sommes aus­si dans l’obligation de pro­duire de plus en plus vite avec un besoin d’information en temps réel pour la pro­gram­ma­tion, l’acquisition et le trai­te­ment de don­nées, mais aus­si la pro­duc­tion et la livrai­son aux clients avec des boucles de plus en plus courtes.

Au cours des 10 dernières années, le domaine du spatial a considérablement évolué.
Comment maintenez-vous votre positionnement ?

Le spa­tial qui était un domaine extrê­me­ment confi­den­tiel il y a encore une dizaine d’années se rap­proche de plus en plus de nos uti­li­sa­tions quo­ti­diennes. En effet, nous uti­li­sons régu­liè­re­ment le spa­tial sans for­cé­ment nous en rendre compte : télé­vi­sion, géo­lo­ca­li­sa­tion, navi­ga­tion et bien d’autres applications.

L’évolution vers le « low-cost » a per­mis la démo­cra­ti­sa­tion des inves­tis­se­ments avec l’apparition de nou­veaux acteurs qui par­viennent à entrer sur le mar­ché avec des inves­tis­se­ments bien moindres.

Aujourd’hui, le spa­tial n’est plus une exclu­si­vi­té gou­ver­ne­men­tale. Il est tom­bé lar­ge­ment dans le domaine pri­vé avec l’arrivée de ven­ture capi­ta­lists et d’alliances d’acteurs qui n’étaient pas his­to­ri­que­ment posi­tion­nés sur le domaine spa­tial comme Google, Ama­zon, Spa­ceX, Vir­gin ou d’autres acteurs plus petits.

Nous assis­tons à une véri­table accé­lé­ra­tion, démo­cra­ti­sa­tion et rap­pro­che­ment des tech­no­lo­gies qui se tra­duit par la fusion des sen­seurs et des don­nées vues de l’espace avec celles d’autres ori­gines diverses pro­ve­nant de mul­tiples autres sources (ter­restre, drones, avions).

Ce nou­veau pano­ra­ma en per­pé­tuelle évo­lu­tion com­plexi­fie notre posi­tion­ne­ment. Il est impor­tant de gar­der le bon cap et de faire les bons choix pour conti­nuer à faire par­tie du pay­sage dans le futur.

Notre sta­tut d’acteur majeur du domaine nous impose une plus grande réac­ti­vi­té, de nou­veaux inves­tis­se­ments, des évo­lu­tions au niveau de nos com­pé­tences et de nos pro­ces­sus pour être pré­sent sur les marchés.

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