French blues

Dossier : Arts, Lettres et SciencesMagazine N°527 Septembre 1997Par : Stéphane MARCHAND (80)

Par­lez-moi de moi…

Au refrain bien connu de l’auto-satisfaction cri­tique, les Fran­çais se réga­laient naguère des juge­ments que por­taient sur eux les étran­gers. Mais la cri­tique s’étant raré­fiée pour cause de dés­in­té­rêt géné­ral, Sté­phane Mar­chand a choi­si de racon­ter la France à sa façon. Vue de l’extérieur.

Cor­res­pon­dant per­ma­nent du Figa­ro à Washing­ton, il vient de ren­trer en France après dix ans d’absence. Et il n’en revient pas. Avec la légi­ti­mi­té d’un jour­na­liste fran­çais mais l’approche d’un repor­ter étran­ger, il décrit, com­pare et com­mente tout ce qui fait la “nou­velle gran­deur fran­çaise” : la xéno­pho­bie ordi­naire, le plai­sir de geindre, les relents de musée et de naph­ta­line qu’aucun pays au monde ne nous envie plus, les élites dis­jonc­tées, les géné­ra­tions à venir endet­tées à mil­liards, les com­mer­çants que le client dérange…

Dans ce cli­mat d’insatisfaction per­ma­nente où les moins de vingt ans rêvent de deve­nir fonc­tion­naires, Sté­phane Mar­chand livre ici un témoi­gnage essen­tiel sur la France de Jacques Chi­rac. C’est le por­trait au vitriol d’une ancienne capi­tale du monde ins­tal­lée dans une bou­de­rie furieu­se­ment ron­ron­nante et dont le maître mot semble être deve­nu : cha­cun pour soi, l’État pour tous. À l’étranger, on appelle ça French Blues.

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