InfraNum

Ensemble, pour construire le réseau du futur !

Dossier : Vie des entreprisesMagazine N°753 Mars 2020
Par Hervé RASCLARD

Le THD élar­git le champ des pos­si­bles et per­met de tir­er prof­it du dig­i­tal pour mon­ter en com­péti­tiv­ité, per­for­mance, agilité et com­pé­tence. Soucieux de pro­mou­voir la numéri­sa­tion des ter­ri­toires, la voca­tion d’InfraNum est de réu­nir les acteurs de l’écosystème des entre­pris­es parte­naires des ter­ri­toires con­nec­tés. Ren­con­tre avec Hervé Rasclard, délégué général d’InfraNum.

InfraNum est la Fédération des entreprises partenaires des territoires connectés. Pouvez-vous nous rappeler vos missions, votre périmètre d’action et vos principaux membres ?

Lancée en 2013 dans le cadre du plan France Très Haut Débit, InfraNum rassem­ble l’ensemble des entre­pris­es qui par­ticipent à l’aménagement et au développe­ment numérique des ter­ri­toires, et ce, pour le compte des opéra­teurs et des collectivités. 

Aujourd’hui, nous comp­tons env­i­ron 200 entre­pris­es adhérentes de toutes tailles, issues de secteurs d’activités divers et var­iés. La par­tic­u­lar­ité de notre fédéra­tion est de rassem­bler tout l’écosystème des infra­struc­tures numériques notamment :

  • Les bureaux d’études, AMO juridiques ;
  • L’ensemble des opéra­teurs d’infrastructure et les opéra­teurs alter­nat­ifs grand pub­lic et entreprises ;
  • Les équipemen­tiers et les acteurs en charge de la con­struc­tion du réseau très haut débit ;
  • Les cen­tres de for­ma­tion pour pour­voir aux besoins de l’ensemble des acteurs de la filière ;
  • Les con­struc­teurs ou les inté­gra­teurs, des ETI, des grands groupes, des PME qui con­stru­isent ce réseau du futur et met­tent en œuvre le plus grand chantier d’infrastructures de France, qui représente un investisse­ment d’environ 30 mil­liards d’euros, et près de 30 000 emplois.

“Notre vocation est de soutenir l’aménagement numérique des régions
mais également le développement des usages sur les territoires.”

Quelles sont vos missions et votre périmètre d’action ?

En tant que fédéra­tion nationale, notre périmètre d’action est vaste, sachant que notre voca­tion est de soutenir l’aménagement numérique des régions mais égale­ment le développe­ment des usages sur les ter­ri­toires. Pour cela, nous les accom­pa­gnons dans la mise en place d’une infra­struc­ture neu­tre, ouverte et mutualisée.

C’est d’ailleurs pour cette rai­son que nous priv­ilé­gions les parte­nar­i­ats publics/privés (PPP).

L’objectif est de don­ner les meilleurs atouts aux col­lec­tiv­ités pour dévelop­per les usages des citoyens, val­oris­er leur économie locale et met­tre en avant les avan­tages pro­pres à chaque territoire. 

Depuis la créa­tion d’InfraNum en 2013, nous avons dévelop­pé notre rôle d’influence et nous étab­lis­sons un véri­ta­ble lien entre les acteurs indus­triels impliqués dans le plan France Très Haut Débit et l’ensemble des pou­voirs publics : gou­verne­ment, ANCT, ARCEP, Com­mis­sion supérieure du numérique et des postes, DGE… 

Nous tra­vail­lons égale­ment avec les asso­ci­a­tions d’élus, comme l’AVICCA qui regroupe l’ensemble des por­teurs de pro­jets d’aménagement numérique, l’Association des Maires de France, la FNCCR, Régions de France, l’ADF, l’Association Nationale des Élus de Mon­tagne… C’est ce réseau col­lab­o­ratif et com­plet qui nous per­met d’être le véri­ta­ble « parte­naire des ter­ri­toires connectés ».

Nous sommes égale­ment présents sur le marché des entre­pris­es. Nous nous sommes engagés auprès des TPE-PME afin de les sen­si­bilis­er et les accom­pa­g­n­er dans leur trans­for­ma­tion numérique. 

Dans ce cadre, nous avons mis au point un guide de bonnes pra­tiques en col­lab­o­ra­tion avec nos parte­naires de la FFT, l’ARCEP et le Medef, sur la dig­i­tal­i­sa­tion des entreprises.

Dans le domaine des smart ter­ri­toires, nous tra­vail­lons actuelle­ment sur un guide pra­tique sur les dat­a­cen­ters de prox­im­ité, et nous menons plusieurs actions en ter­mes de référen­tiels techniques. 

À ce niveau, nous col­laborons régulière­ment avec l’ARCEP et le gou­verne­ment pour la mise en place de tous les référen­tiels tech­niques visant à stan­dard­is­er et indus­tri­alis­er les process de production. 

Enfin, l’export fait par­tie des enjeux clés de nos entre­pris­es. Nous menons des actions con­crètes afin de les accom­pa­g­n­er dans leur développe­ment à l’international. 

La création d’InfraNum est reliée au plan France Très Haut Débit, qui vise le déploiement du très haut débit (THD) sur l’ensemble du territoire français d’ici 2022. Pouvez-vous nous rappeler le contexte autour de cette initiative gouvernementale ?

Lancé en 2013, le plan France Très Haut débit a été repris par le prési­dent Emmanuel Macron avec une nou­velle ambi­tion inté­grant deux caps majeurs : le bon débit pour tous à fin 2020 et le très haut débit pour tous en 2022. 

Con­crète­ment, nous comp­tons aujourd’hui en France env­i­ron 37 mil­lions de locaux publics ou privés (foy­ers ou entre­pris­es), à équiper en fibre optique. Ils sont répar­tis en 3 zones :

La zone très dense (ZTD) qui représente un peu plus de 6 mil­lions et demi de locaux sur une cen­taine de com­munes, où les opéra­teurs s’engagent à déploy­er leurs pro­pres réseaux ;

La zone AMII qui cou­vre plus de 3600 com­munes (13,7 mil­lions de foy­ers à équiper). Orange et SFR s’engagent à déploy­er sur fonds pro­pres des réseaux mutu­al­isés, mis à dis­po­si­tion de l’ensemble des opéra­teurs qui souhait­ent les utiliser ;

Les zones RIP, (réseaux d’initiative publique) qui représen­tent 33 000 com­munes situées pour la plu­part dans les zones rurales, soit 17 mil­lions de foy­ers à équiper. Dans ce cas, les col­lec­tiv­ités en tant que maîtres d’ouvrage ont la respon­s­abil­ité de la mise en place des réseaux publics inter­net à très haut débit sur leurs ter­ri­toires. Les opéra­teurs exploitent ces réseaux sous forme de con­trat de con­ces­sion et les four­nisseurs d’accès Inter­net pro­posent des offres équiv­a­lentes à celles des grandes villes.

À 3 ans de l’échéance, 18 sur 37 mil­lions de pris­es ont été con­stru­ites. Nous sommes à mi-chemin des objec­tifs fixés avec une très forte accéléra­tion du nom­bre de pris­es con­stru­ites chaque année.

Pour la pre­mière fois en 2019, nous avons dépassé le cap des 4 mil­lions de pris­es pro­duites en un an, soit le dou­ble de l’année 2017.

Les chiffres en témoignent : sur les zones très dens­es (Mont­pel­li­er, Paris, Lyon, Mar­seille, Toulouse, Bor­deaux…), 90 % des déploiements sont ter­minés. Sur les zones AMII, nous sommes à 65 % de réalisation. 

Le prin­ci­pal « reste à faire » con­cerne les zones RIP qui ont majori­taire­ment lancé leurs appels d’offres il y a seule­ment 3 ans.

À ce jour, 35 % des foy­ers sont abon­nés à une offre fibre sur les 17 mil­lions raccordés. 

S’il reste encore beau­coup à faire, la dynamique col­lab­o­ra­tive entre tous les acteurs publics et privés est bel et bien enclenchée.

“Le THD mobile ouvrira de nouveaux horizons à échéance
plus lointaine et de façon plus complémentaire.”

fibrer la France

En parallèle, l’actualité est aussi marquée par l’arrivée de la 5G. Qu’en est-il et à quel niveau intervenez-vous dans ce cadre ?

Aujourd’hui, la 5G arrive sur l’ensemble des pays européens. Bien que liées l’une à l’autre, la 5G n’est pas un sim­ple pro­longe­ment de la 4G. 

Il s’agit plutôt d’une tech­nolo­gie du futur qui nous per­me­t­tra d’aller vers l’industrie 4.0, les véhicules con­nec­tés et autonomes, les smart buildings…

Nous sommes aujourd’hui au tout début de l’histoire. En effet, l’attribution de licences n’a pas eu lieu. Pour l’instant, la 5G en France est tou­jours au stade des expéri­men­ta­tions sur cer­taines villes. 

Ces licences seront mis­es aux enchères en 2020, pour des déploiements prévus entre 2022 et 2025. Nous croyons forte­ment que la 5G révo­lu­tion­nera le monde indus­triel. Le THD mobile ouvri­ra de nou­veaux hori­zons à échéance plus loin­taine et de façon complémentaire. 

Vous avez aussi contribué à la signature du contrat stratégique de la filière infrastructures numériques. Est-ce que vous pouvez nous en dire plus ? Et quels sont les principaux thèmes et projets au cœur de ce contrat stratégique ?

En décem­bre dernier, nous avons signé le con­trat de fil­ière qui recon­naît que les infra­struc­tures numériques con­stituent une fil­ière stratégique tout comme le sont l’aéronautique, l’automobile, l’agroalimentaire…

Sur un plan opéra­tionnel, l’objectif de ce con­trat de fil­ière est de met­tre en place 4 grands pro­jets struc­turants autour de qua­tre thé­ma­tiques. Il s’agit notam­ment de :

L’emploi : comme pour la fibre optique, le défi est d’imaginer ensem­ble les métiers de demain : ceux de la ville con­nec­tée, de l’IoT, de la 5G… Il s’agit d’identifier ces métiers, de les struc­tur­er, de met­tre en place de nou­velles fil­ières de for­ma­tion, d’y intéress­er les grandes écoles… Il s’agira égale­ment de met­tre en place des for­ma­tions ini­tiales ou pro­fes­sion­nal­isantes pour que les indi­vidus puis­sent acquérir les com­pé­tences néces­saires et se pré­par­er aux métiers de demain ; 

Le smart ter­ri­toire : il s’agit de trou­ver le moyen de faire émerg­er en France une plate­forme de Smart ter­ri­toire repro­ductible sur l’ensemble de l’hexagone et qui soit aus­si exportable pour faire ray­on­ner le savoir-faire français ;

L’innovation : la 5G fait par­tie inté­grante de ce con­trat de fil­ière, et est l’un des axes cen­traux en ter­mes de recherche et d’innovation ;

L’export et le développe­ment à l’international : l’enjeu est de se dot­er des moyens néces­saires pour accom­pa­g­n­er cette jeune fil­ière au-delà de nos fron­tières et d’exporter notre french mod­el à succès.

Dans le cadre du con­trat de fil­ière, InfraNum pilote 3 de ces 4 chantiers à savoir : l’emploi, les smart ter­ri­toires et le développe­ment à l’international.

Quels sont les autres sujets et enjeux qui vous mobilisent actuellement ?

Deux sujets mobilisent par­ti­c­ulière­ment notre fédéra­tion en ce moment. 

Le pre­mier con­cerne la con­struc­tion des smart ter­ri­toires avec notam­ment la mise en place des dat­a­cen­ters de prox­im­ité et les sujets liés aux plate­formes et à la gou­ver­nance des données.

Le sec­ond con­cerne l’édition 2020 de notre obser­va­toire du très haut débit. Créé il y a 7 ans en parte­nar­i­at avec l’AVICCA et la Banque des ter­ri­toires, il est devenu la référence française du secteur pour éval­uer l’impact du plan France Très Haut Débit en ter­mes d’emploi, de pro­duc­tion de richesse, de com­mer­cial­i­sa­tion des réseaux THD et de développe­ment à l’international. Cette année, notre obser­va­toire met­tra l’accent sur la sit­u­a­tion du marché pro­fes­sion­nel du très haut débit. Le taux de con­nex­ion en fibre optique des entre­pris­es français­es est en effet encore trop faible. Après avoir co-rédigé un guide pra­tique pour les accom­pa­g­n­er dans leurs démarch­es et leurs pro­jets THD, nous avons pro­gram­mé un tour de France avec le Medef nation­al afin de met­tre en place des réu­nions d’information au sein de chaque départe­ment. Nous irons donc à la ren­con­tre de l’ensemble des TPE/PME et ETI français­es tout au long de l’année 2020.

Infrastructures numériques


Vis­iter le site Inter­net d’InfraNum

Poster un commentaire