5G dans les gares SNCF

La 5G, une opportunité pour SNCF !

Dossier : Vie des entreprisesMagazine N°753 Mars 2020
Par Sébastien KAISER

Sébastien Kaiser, directeur Con­nec­tiv­ité & Réseaux au sein de SNCF, nous explique pourquoi son entre­prise s’intéresse de près à la 5G. Il revient pour nous sur les ambi­tions de SNCF ain­si que les ini­tia­tives lancées dans ce cadre.

Vous êtes directeur Connectivité & Réseaux de la DG e.SNCF. Quels sont vos missions et votre périmètre d’action ?

Ma mis­sion con­siste à créer les con­di­tions du suc­cès d’une con­nec­tiv­ité per­for­mante et mod­erne pour les ser­vices de demain, au béné­fice de nos clients et de nos col­lab­o­ra­teurs, mais aus­si de la per­for­mance de notre appareil industriel.

Dans ce cadre, notre réflex­ion stratégique doit inté­gr­er les évo­lu­tions tech­nologiques, les dynamiques de marché et les enjeux territoriaux. 

La nature et la diver­sité de nos activ­ités favorisent une organ­i­sa­tion adap­tée au temps long, con­traire­ment au monde des télé­coms , qui rac­courcit tou­jours plus ses cycles, porté par la vir­tu­al­i­sa­tion et la « soft­wari­sa­tion ». Délivr­er les ser­vices futurs en accord avec la demande client (B2B, B2C, B2B2C) néces­site de com­pren­dre cette dif­férence et de tra­vailler au bon rythme des écosystèmes. 

Ain­si mes équipes accom­pa­g­nent, con­seil­lent, spon­sorisent et ori­en­tent les déci­sions et les pro­jets suiv­ant ces critères. 

SNCF s’intéresse notamment à la 5G. Pourquoi ? 

Nous avons une mul­ti­tude de cas d’usages, dont la 5G sem­ble être un des élé­ments de solu­tion tech­nique. Jusqu’ici, la 2G, 3G et 4G adres­saient surtout les besoins de la grande con­som­ma­tion, et le monde indus­triel sus­ci­tait un intérêt et un vol­ume d’affaires mar­gin­al. Si nous con­som­mons des ter­minaux et des cartes SIM pour des usages clas­siques ou M2M (machine to machine), nous avons peu d’interaction réelle­ment partenariale. 

La 5G est par con­cep­tion tournée vers les enjeux indus­triels, promet­tant plus de débit, une latence très faible et une den­sité de con­nex­ion très élevée. Elle promet aus­si des ser­vices à la demande et sur-mesure en fonc­tion de la nature et de la crit­ic­ité du besoin. Nous sommes con­va­in­cus qu’exprimer nos besoins et tra­vailler avec les dif­férentes par­ties prenantes au plus tôt per­me­t­tra de mieux car­ac­téris­er les ser­vices à dévelop­per et anticiper les évo­lu­tions qu’ils susciteront.

Vous avez lancé des expérimentations dans ce sens. Quelle en est l’approche ?

Nous avons lancé un pro­gramme 5G avec la volon­té de nous ouvrir sur cet écosys­tème et de tra­vailler avec les opéra­teurs de télé­com­mu­ni­ca­tions et les autres parte­naires dans une logique d’expérimentation. Nous voulions valid­er dans un envi­ron­nement réel, et non pas en lab­o­ra­toire, la fais­abil­ité de cas d’usages divers et per­ti­nents pour SNCF et favoris­er l’émergence de ces plate­formes en régions. 

Notre pre­mière volon­té est de créer un savoir com­mun au sein de l’écosystème et co-con­stru­ire les modal­ités tech­nologiques, économiques, juridiques et opéra­tionnelles pos­si­bles demain, au plus tôt.

En par­al­lèle, la Direc­tion Tech­nolo­gies, Inno­va­tion et Pro­jets du groupe et la Direc­tion Tech­nique du Ges­tion­naire d’Infrastructure SNCF Réseau ont mis en place un pro­gramme dédié aux tests des com­posantes tech­niques indus­trielles pour le futur de l’exploitation ferroviaire.

Quels sont les cas d’usages sur lesquels vous travaillez ? Qu’en retenez-vous ? 

À ce jour, avec les Activ­ités SNCF, nous avons iden­ti­fié 28 cas d’usages et cette liste est loin d’être exhaus­tive et nous testons dès main­tenant les plus accessibles. 

À Lyon, nous testons avec Bouygues Tele­com, Eric­s­son et Sam­sung, la capac­ité à remon­ter les infor­ma­tions tech­niques des trains dès leur arrivée en gare. Trans­met­tre rapi­de­ment ces don­nées aux cen­tres de main­te­nance afin de gag­n­er en réac­tiv­ité sur l’identification des pannes et la pré­pa­ra­tion des actes de main­te­nance est un enjeu de pro­duc­tiv­ité et in fine de qual­ité de service. 

À Rennes, avec Nokia, Sony et Qual­comm, nous testons du 26 giga­hertz dans une instal­la­tion intérieure en gare. C’est un très haut débit avec une faible latence. 

Le but est de per­me­t­tre, par exem­ple, au tra­vers d’une appli­ca­tion mobile, l’échange vidéo en temps réel et très haute qual­ité entre les clients et les agents pour l’ensemble des actes de vente, et dans toutes les langues avec de la tra­duc­tion simultanée. 

À Nantes, avec SFR et Huaweï, nous expéri­men­tons des moyens de mise en œuvre de caméras HD pour com­pléter nos ser­vices de vidéo-protection. 

Utilis­er un média radio et non physique comme la fibre optique nous don­nerait plus de flex­i­bil­ité, de rapid­ité, tout en réduisant les coûts de déploiement. 

Ces tests entrent dans une logique de développe­ment de ser­vices et de solu­tions qui ont pour voca­tion d’être con­tribu­tifs de la per­for­mance de SNCF. Ils appor­tent aus­si des ser­vices qui vont per­me­t­tre de répon­dre aux grands enjeux et échéances à venir, notam­ment Paris 2024.

5G à la SNCF
La pyra­mide 5G des use cas­es de la SNCF.

Quels sont vos enjeux et les objectifs que vous vous êtes fixé ?

Aujourd’hui, notre prin­ci­pal enjeu est de dévelop­per cette démarche de co-con­struc­tion et de mul­ti­pli­er les parte­nar­i­ats.

Les pre­mières plate­formes ont été déployées dans une logique ver­ti­cale, avec d’un côté, SNCF, et de l’autre l’opérateur télé­coms et l’équipementier sur des cas qui relèvent intrin­sèque­ment de l’usage de SNCF. 

La prochaine étape est de mon­ter des cas d’usages trans-ver­ti­caux pour dévelop­per de nou­velles syn­er­gies. Le prin­ci­pal objec­tif est de fédér­er d’autres indus­triels pour inven­ter et déploy­er des cas d’usages qui seraient en mesure d’apporter des béné­fices évi­dents pour toutes les par­ties prenantes. Ces coopéra­tions doivent se con­stru­ire dans un mod­èle non trans­ac­tion­nel où cha­cun apporte son act­if afin de ne pas ris­quer de blo­quer pré­maturé­ment la déf­i­ni­tion du mod­èle de ser­vice. Je pense qu’il est impor­tant d’apprendre à se con­naître avant d’entrer dans ces dimen­sions économiques. 

Enfin, toutes ces ini­tia­tives s’inscrivent dans la dynamique de trans­for­ma­tion de SNCF, qui est déjà bien amor­cée. C’est égale­ment un enjeu fort sur le plan nation­al alors que se pro­file Paris 2024 qui sera l’occasion de met­tre en avant la per­for­mance des indus­triels et des ser­vices français. 

En effet, la com­péti­tion ne se joue pas unique­ment dans les stades, mais aus­si tout autour ! 

Le mot de la fin ? 

En France, les indus­triels et les entre­pris­es peinent à chas­s­er en meute. L’arrivée de la 5G, tournée vers l’industrie et les ser­vices pro­fes­sion­nels, nous donne l’opportunité de peser ain­si sur le marché télé­coms his­torique­ment grand pub­lic et de tra­vailler dès main­tenant avec les opéra­teurs au dimen­sion­nement de ser­vices qui vont dans le sens de notre per­for­mance. Mais pour y par­venir, nous auri­ons tout intérêt à avancer ensemble !


Site Inter­net de SNCF réseaux

Poster un commentaire