Fenway Park à Boston où ENGIE est fournisseur d’électricité

ENGIE : réinventer l’énergie

Dossier : Dossier FFEMagazine N°730 Décembre 2017
Par Wilfrid PETRIE (85)
Par Frank DEMAILLE (96)

Quel est le positionnement d’ENGIE au Royaume-Uni et en Irlande ?

Wil­frid Petrie : Le groupe ENGIE compte env­i­ron 17 000 per­son­nes au Roy­aume-Uni et en Irlande, pour un chiffre d’affaires de 3,5 mil­liards de livres en 2016. Nos activ­ités cou­vrent la pro­duc­tion d’électricité, la vente d’énergie (élec­tric­ité et gaz) et la four­ni­ture de services.

Le groupe est présent dans la région depuis de nom­breuses années à tra­vers dif­férentes sociétés. Nous avons aus­si réal­isé des acqui­si­tions récentes pour pro­pos­er des offres d’énergie et de ser­vices plus proches des besoins de nos clients, comme Bal­four Beat­ty Work­place (facil­i­ty man­age­ment) en 2013 ou encore Keep­moat Regen­er­a­tion (réno­va­tion de bâti­ments) en 2017.

Vue de Fen­way Park à Boston, ENGIE y est four­nisseur d’électricité

En par­al­lèle de notre développe­ment dans les ser­vices, nous avons décidé de faire évoluer notre porte­feuille de pro­duc­tion d’électricité en arrê­tant la pro­duc­tion à par­tir de char­bon (1 000 MW à Ruge­ley) et en dévelop­pant celle d’origine renou­ve­lable. Le tout reposant à présent prin­ci­pale­ment sur une crois­sance organique : nous dis­posons des com­pé­tences néces­saires et avons atteint la taille cri­tique pour dévelop­per ces activités.

C’est dans cette optique que nous par­ticipons notam­ment à un pro­jet d’éolien en mer de près de 1 000 MW, au large de l’Écosse. Sur le volet de la vente d’énergie, nous nous sommes récem­ment lancés sur le marché des clients par­ti­c­uliers avec une promesse unique sur le marché : nous nous enga­geons à offrir à nos clients le plus bas tarif disponible lorsque leur con­trat d’énergie arrive à échéance, pour récom­penser la fidélité.

En par­al­lèle, nous pour­suiv­ons l’élaboration d’offres com­bi­nant énergie et ser­vices pour nos clients « BtoB » (col­lec­tiv­ités locales, entre­pris­es…). Nous tra­vail­lons égale­ment de plus en plus avec les villes aux­quelles nous pou­vons désor­mais pro­pos­er des offres d’énergie, mais aus­si de réno­va­tion des quartiers grâce notam­ment à Keep­moat Regen­er­a­tion (réno­va­tion et effi­cac­ité énergé­tique des bâti­ments, chauffage et infra­struc­tures élec­triques, ser­vices con­nec­tés et de proximité).

Qu’en est-il en Amérique du Nord ?

Frank Demaille : Au Cana­da et aux États-Unis, ENGIE emploie 4 000 per­son­nes et réalise un chiffre d’affaires de 4 mil­liards de dol­lars. Nous sommes présents sur ces marchés depuis des décen­nies, essen­tielle­ment à tra­vers le développe­ment de Tractebel Suez.

Les deux étapes mar­quantes de notre implan­ta­tion dans la région ont été la fusion avec Inter­na­tion­al Pow­er en 2010 et, plus récem­ment, le change­ment d’orientation stratégique pro­fond du groupe : comme au Roy­aume-Uni, nous avons décidé de nous éloign­er de la pro­duc­tion d’électricité dite « clas­sique », notam­ment à par­tir de char­bon, pour nous diriger davan­tage vers les éner­gies renou­ve­lables, en par­ti­c­uli­er l’éolien et le solaire.

Installation solaire OpTerra à Fresno State en Californie.
Instal­la­tion solaire OpTer­ra à Fres­no State en Californie.

Nous avons égale­ment décidé de nous dévelop­per dans les ser­vices à l’énergie et le facil­i­ty man­age­ment, pour pro­pos­er des solu­tions sur-mesure à nos clients, qu’ils soient des indus­triels, des petites entre­pris­es ou encore des villes.

En par­al­lèle, nous investis­sons dans des tech­nolo­gies dis­rup­tives, notam­ment liées au stock­age d’énergie. Depuis env­i­ron deux ans, nous nous posi­tion­nons de plus en plus sur des con­trats de long terme avec des villes, des hôpi­taux, des universités.

Cette année, nous avons d’ailleurs signé un con­trat emblé­ma­tique, d’une durée de 50 ans, avec l’une des plus grandes uni­ver­sités des États-Unis, l’Ohio State Uni­ver­si­ty. Nous allons notam­ment gér­er toute leur demande en énergie, avec des oblig­a­tions de réduc­tion de con­som­ma­tion énergé­tique sur les 10 prochaines années.

Cela représente la ges­tion de 5 hôpi­taux et près de 500 bâti­ments. Nous cher­chons ain­si à accroître notre empreinte géo­graphique aux États-Unis et au Cana­da, en dévelop­pant des offres décar­bonées, pour des clients publics comme privés, le tout avec du développe­ment organique, mais aus­si en étant à l’écoute d’opportunités d’acquisitions.

Dans le cadre du plan de transformation lancé par le groupe ENGIE en 2016 afin de devenir leader du monde de l’énergie de demain, quels sont les objectifs que vous vous êtes fixés et quelles sont les actions que vous déployez pour y parvenir ?

W.P : Au Roy­aume-Uni, nous nous inscrivons dans la vision 3D de l’énergie de demain, portée par le groupe : une énergie qui sera décar­bonée (nous avons notam­ment arrêté nos activ­ités dans les cen­trales à char­bon), décen­tral­isée (et inté­grée dans les bâti­ments, avec un recours accru aux ser­vices de ges­tion et de diminu­tion de sa con­som­ma­tion pour une meilleure effi­cac­ité énergé­tique) et dig­i­tal­isée (par l’intermédiaire d’objets connectés).

Dans ce con­texte et en ligne avec la tran­si­tion énergé­tique mon­di­ale que nous vivons, nous avons l’ambition : de devenir le 1er parte­naire des villes et ter­ri­toires ; de réalis­er d’ici 2020 50 % de notre chiffre d’affaires pour les clients indus­triels et privés dans la vente d’offres com­bi­nant énergie et ser­vices ; devenir une référence pour les clients rési­den­tiels grâce à notre gamme d’énergie et ser­vices fondée sur 3 principes : l’intérêt du client avant tout, des out­ils con­nec­tés pour gér­er sa con­som­ma­tion, l’accompagnement de communautés.

F.D : Depuis le lance­ment du plan de trans­for­ma­tion du groupe, nous avons com­plète­ment réori­en­té notre porte­feuille de pro­duc­tion d’électricité en Amérique du Nord pour le ren­dre moins car­boné et moins dépen­dant de l’évolution des prix de marché.

Nous avons cédé une trentaine de cen­trales (gaz ou char­bon) pour plus de 4,5 mil­liards de dol­lars avec l’objectif de réin­ve­stir ce cap­i­tal dans le développe­ment des éner­gies renou­ve­lables. D’ici 5 ans, nous voulons accroître de 3 GW notre capac­ité de pro­duc­tion d’électricité d’origine renou­ve­lable (con­tre 0,7 GW aujourd’hui), mais aus­si élargir notre gamme d’offres de ser­vices à l’énergie.

Il y a un an, nous avons final­isé le rachat d’Opterra Ener­gy Ser­vices en Cal­i­fornie, nous per­me­t­tant de devenir le numéro trois améri­cain des ser­vices à l’énergie. Cette société, dont les clients sont prin­ci­pale­ment des écoles, col­lèges, uni­ver­sités, entre­pris­es com­mer­ciales et indus­trielles, développe des solu­tions inté­grées leur per­me­t­tant de maîtris­er leur con­som­ma­tion d’énergie (stock­age, pro­duc­tion sur site, sys­tèmes de préser­va­tion de l’eau…).

Nous avons aus­si acquis une start-up cal­i­forni­enne pio­nnière dans l’optimisation des bat­ter­ies et, plus récem­ment, une société spé­cial­isée dans l’optimisation des sys­tèmes de cli­ma­ti­sa­tion de bâti­ments publics et privés. Depuis début 2016, nous avons amor­cé ain­si une tran­si­tion, pas­sant d’une ges­tion d’actifs de grande taille qu’étaient les cen­trales, à un focus sur des unités de pro­duc­tion d’énergie plus petites, décen­tral­isées, majori­taire­ment renou­ve­lables, et cou­plées à des offres de ser­vices de plus en plus sophistiquées.

Dans le cadre de la Transition Énergétique et des enjeux qui en découlent, quels sont les défis auxquels vous êtes confrontés ?

W.P : Le pre­mier défi est de décar­bon­er, de dévelop­per des offres à faible empreinte car­bone. Le sec­ond est d’apporter une énergie au plus proche de nos clients, en l’intégrant par exem­ple dans les bâti­ments : nous devenons un monde de solu­tions inté­grées avec des bâti­ments intel­li­gents. À cela s’ajoute un troisième défi, tech­nologique, porté par l’évolution tou­jours plus rapi­de des tech­nolo­gies et l’émergence de la digitalisation.

Il nous faut pou­voir inté­gr­er cela dans nos offres, voire l’anticiper. Enfin, il nous faut main­tenir une véri­ta­ble rai­son d’être, un « pur­pose », qui sera garante de notre con­tri­bu­tion aux solu­tions atten­dues pas nos clients et les util­isa­teurs finaux.

F.D : Le pre­mier défi est d’améliorer con­stam­ment la réponse que nous appor­tons à nos clients : nous devons les accom­pa­g­n­er à tous les niveaux, les aider à exprimer leurs besoins, que nous traduisons ensuite en ser­vices et actions concrètes.

Le deux­ième défi est d’ordre interne : il y a toute une trans­for­ma­tion interne à entre­pren­dre. Aujourd’hui, il faut être plus agile et flex­i­ble, car nous sommes en per­ma­nence amenés à nous remet­tre en ques­tion et à repenser notre manière de tra­vailler. Il est aus­si impor­tant de s’ouvrir sur notre écosys­tème en nouant des parte­nar­i­ats avec d’autres groupes et start-ups, pour com­pléter notre palette d’offres.

Parc olympique Queen Elizabeth à Londres
ENGIE est un four­nisseur de ser­vices inté­grés de ges­tion de l’énergie et des instal­la­tions dans le parc olympique Queen Eliz­a­beth à Lon­dres, avec un appro­vi­sion­nement sup­plé­men­taire en énergie à faible teneur en car­bone pour les com­mu­nautés environnantes.

centrale électrique de Dinorwig, dans le nord du Pays de Galles
Vue aéri­enne de la cen­trale élec­trique de Dinor­wig, dans le nord du Pays de Galles, qui fait par­tie de l’installation de pom­page-turbinage First Hydro d’une capac­ité totale de 2 GW. Elle peut fournir 1,7 GW d’énergie au réseau nation­al en seule­ment 16 secondes.

Quelles sont vos perspectives ?

W.P : Nous sommes sur un marché exci­tant qui ne cesse de se réin­ven­ter. Nous avons des per­spec­tives de crois­sance sur de nom­breux nou­veaux marchés grâce à notre proac­tiv­ité et à notre agilité.

LE GROUPE ENGIE EN BREF

  • 150 000 collaborateurs dans le monde
  • Des activités dans 70 pays
  • Un chiffre d’affaires de 66,6 milliards d’euros dans le monde
  • 1er producteur indépendant d’électricité dans le monde
  • 1er fournisseur de services d’efficacité énergétique dans le monde

Notre développe­ment au Roy­aume-Uni et en Irlande tourn­era autour de trois marchés prin­ci­paux : le rési­den­tiel (mai­son con­nec­tée, ser­vices de prox­im­ité, voiture élec­trique et four­ni­ture clas­sique d’énergie) ; les bâti­ments intel­li­gents (ges­tion de ces bâti­ments au-delà de la four­ni­ture d’énergie, pour les clients publics et privés) ; les villes (via la réno­va­tion des quartiers notam­ment et le développe­ment de nou­veaux ser­vices pour « la ville intelligente »).

F. D : Les per­spec­tives sont por­teuses pour les métiers d’ENGIE aux États-Unis et au Cana­da. Indépen­dam­ment du posi­tion­nement de l’administration fédérale, de nom­breux États améri­cains et de nom­breuses villes et entre­pris­es améri­caines souhait­ent aller de l’avant en dévelop­pant des pro­jets d’énergie renou­ve­lable et d’efficacité énergétique.

Il ne faut pas oubli­er que les États- Unis et le Cana­da par­tent de plus loin que la France ou le Roy­aume-Uni sur ces ques­tions de maîtrise de l’énergie, ce qui accentue le poten­tiel de développement.

Le champ d’opportunités est vaste et nous avons la con­vic­tion pro­fonde que notre posi­tion­nement sur ces marchés va nous per­me­t­tre de répon­dre à une demande et une prise de con­science crois­santes en ter­mes de consommation.

Poster un commentaire