ENEDIS : le numérique et l’innovation au service de la transition énergétique

Dossier : Dossier FFEMagazine N°732 Février 2018
Par Chantal GENERMONT

Le secteur de l’énergie vit une véritable révolution numérique.
Comment cela se traduit-il au sein d’Enedis ?

Le sec­teur est en pleine muta­tion et est confron­té à une mul­ti­tude de sujets émer­gents tels que la mobi­li­té, l’autoconsommation ou encore la ges­tion des données… 

Conscient de ces enjeux, Ene­dis a créé il y a envi­ron 3 ans une direc­tion du Numé­rique, que je dirige aujourd’hui, et qui est com­po­sée d’une équipe de plus de soixante per­sonnes, dont une qua­ran­taine de data spécialistes. 

Plus par­ti­cu­liè­re­ment, mon péri­mètre d’action couvre la ges­tion et la gou­ver­nance des don­nées, la recons­ti­tu­tion des flux de consom­ma­tion, de l’innovation (inno­va­tion interne éma­nant de nos col­la­bo­ra­teurs, mais aus­si ouverte, en étant le résul­tat de notre col­la­bo­ra­tion avec notre éco­sys­tème com­po­sé de start-ups, de PME, d’institutionnels…).

Enfin, aux côtés de la DRH, nous menons un tra­vail de fond sur la trans­for­ma­tion et l’évolution des méthodes de travail. 

Comment cela se traduit-il en interne ?

Le numé­rique per­met de ren­for­cer notre per­for­mance indus­trielle. Par exemple, nous tra­vaillons beau­coup sur la main­te­nance pré­dic­tive qui nous per­met de gagner en réac­ti­vi­té en cas de panne et qui nous offre aus­si la pos­si­bi­li­té d’intervenir avant même qu’une panne ne sur­vienne sur le réseau. 

La digi­ta­li­sa­tion contri­bue aus­si à la tran­si­tion éner­gé­tique à tra­vers les nou­velles tech­no­lo­gies qui opti­misent l’exploitation du réseau, la réa­li­sa­tion de nos acti­vi­tés ou encore notre capa­ci­té à rac­cor­der les éner­gies renou­ve­lables à notre réseau. Enfin, elle nous per­met de pro­po­ser aux nou­veaux acteurs de l’industrie des agré­ga­teurs qui vont leur don­ner la pos­si­bi­li­té de conce­voir de nou­velles offres plus riches et plus pré­cises au ser­vice de leurs clients en se basant sur la data. 

C’est, par ailleurs, ce que le comp­teur com­mu­ni­quant nous per­met de faire. Grâce aux don­nées de nos clients, nous sommes capables de leur pro­po­ser de nou­veaux ser­vices qui vont leur per­mettre de deve­nir acteurs de leur consom­ma­tion énergétique. 

En termes de partenariats, comment cela s’articule-t-il ?

Récem­ment, au CES de Las Vegas, nous avons pu pré­sen­ter le fruit de nos dif­fé­rents par­te­na­riats numé­riques. Nous contri­buons au hub numé­rique déve­lop­pé par La Poste en per­met­tant son ali­men­ta­tion par les don­nées éner­gé­tiques de nos clients avec leur accord. Le pro­jet est encore au stade expé­ri­men­tal, mais son déploie­ment ne devrait plus tarder. 

NOUS TRAVAILLONS BEAUCOUP SUR LA MAINTENANCE PRÉDICTIVE QUI NOUS PERMET DE GAGNER EN RÉACTIVITÉ EN CAS DE PANNE.

En paral­lèle, nous col­la­bo­rons avec des start-ups sur dif­fé­rents sujets : objets connec­tés visant à ren­for­cer la sécu­ri­té de nos agents ; l’intelligence arti­fi­cielle pour lire, exploi­ter et trai­ter les masses d’informations (contrats et pho­tos) pour conce­voir et déve­lop­per des pro­duits à forte valeur ajoutée. 

Enfin, avec les 170 repré­sen­tants de la dis­tri­bu­tion éner­gé­tique fran­çaise (gaz et élec­tri­ci­té), nous avons créé, l’agence ORE (Opé­ra­teurs de Réseaux d’Énergie), que je pré­side. Il s’agit d’une agence de ser­vices digi­taux qui met à dis­po­si­tion de ses membres des res­sources (essen­tiel­le­ment des data spé­cia­listes, des algo­rithmes, des outils et une expé­rience), un pôle d’excellence et de com­pé­tences pour le déploie­ment de leurs propres ser­vices numériques. 

Ene­dis, à l’instar de l’ensemble des acteurs de la dis­tri­bu­tion éner­gé­tique, est conscient de l’importance du numé­rique et de la per­ti­nence de l’open data au ser­vice de tous pour opti­mi­ser la dis­tri­bu­tion d’énergie sur le ter­ri­toire français. 

Dans cette démarche, quels sont les enjeux auxquels vous êtes confrontés ?

Le prin­ci­pal enjeu est de faire évo­luer nos méthodes de tra­vail. Quelles que soient les tech­no­lo­gies ou les com­pé­tences dont nous dis­po­sons, nous devons trans­for­mer notre façon de travailler. 

Aujourd’hui, il n’est plus pos­sible de s’appuyer sur des méthodes ver­ti­cales pour favo­ri­ser l’intégration de nou­velles tech­no­lo­gies ou l’appropriation de nou­velles com­pé­tences. Il s’agit aus­si de tra­vailler de manière plus col­la­bo­ra­tive, pas uni­que­ment au sein de son équipe, mais aus­si en s’intéressant à ce qui se fait dans d’autres départements. 

Dans cette optique, nous avons mis en place une pla­te­forme col­la­bo­ra­tive dédiée « la Ruche ». Nos col­la­bo­ra­teurs peuvent y dépo­ser des idées que nous fai­sons évo­luer en leur pro­po­sant un accom­pa­gne­ment, un coa­ching pour qu’elles deviennent de véri­tables pro­jets aux­quels viennent s’adjoindre les com­pé­tences d’autres sala­riés de tout le ter­ri­toire autour de thé­ma­tiques comme la comp­ta­bi­li­té ou encore la sécurité… 

« La Ruche » est un véri­table vec­teur de trans­for­ma­tion et d’innovation, alors que d’année en année, de plus en plus d’idées sont pro­po­sées par nos 38 000 collaborateurs. 

Un autre enjeu est celui de réus­sir l’industrialisation de nos Proof Of Concepts (POCs) : entre l’innovation et l’industrialisation, existe un pro­ces­sus que nous avons choi­si de pro­fes­sion­na­li­ser sans pour autant limi­ter l’esprit entre­pre­neu­rial et tou­jours dans l’optique de mettre l’innovation au ser­vice de nos col­la­bo­ra­teurs, de nos clients et de nos partenaires. 

Vos perspectives ?

EN BREF

  • 38 500 salariés
  • Près de 1 000 sites implantés dans tous les départements métropolitains
  • 36 millions de clients
  • 1,4 million de kilomètres de lignes électriques
  • 12 millions d’interventions chez les clients en moyenne chaque année
  • Plus de 95 % des achats réalisés en France
  • Un parc total de 360 000 installations d’énergies renouvelables et une puissance de 20 Gigawatts
  • 3 milliards de données collectées/stockées
  • Plus de 8 millions de compteurs Linky installés depuis le 1er décembre 2015

Depuis 3 ans, Ene­dis a pris une lon­gueur d’avance à l’échelle euro­péenne en termes d’optimisation des don­nées de ses 37 mil­lions de clients (ano­ny­mi­sées, pro­fi­lées). Notre ambi­tion est de conser­ver notre lea­der­ship et favo­ri­ser la tran­si­tion énergétique. 

Nous allons donc pour­suivre nos efforts pour gagner en ouver­ture d’esprit, en trans­ver­sa­li­té, mais aus­si pour pro­mou­voir des méthodes de tra­vail dif­fé­rentes, inno­vantes et collaboratives. 

Nous sommes aus­si tou­jours à la recherche de com­pé­tences et d’expertises notam­ment des data scien­tists, des sta­tis­ti­ciens et des per­sonnes moti­vées, curieuses et inté­res­sées par le sujet de l’énergie et du Big Data.

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