Économie sociale et solidaire : investissement, perspectives et enjeux

Dossier : Dossier FFEMagazine N°718 Octobre 2016
Par Pascal TRIDEAU

Vous vous définissez comme un « partenaire de l’économie sociale et solidaire ». Pouvez-vous nous en dire plus ?

Esfin Ges­tion est un parte­naire des entre­pris­es de l’économie sociale et sol­idaire telle qu’elle a été définie par la loi Hamon en juil­let 2014. 

Con­traire­ment aux acteurs du cap­i­tal investisse­ment qui investis­sent dans des SA ou SAS avec pour objec­tif une plus-val­ue à terme fondée majori­taire­ment sur la ces­sion de leurs parts, nous inter­venons sous forme de titres par­tic­i­pat­ifs, un instru­ment financier créé en 1983 et dédié aux entre­pris­es coopératives. 

Cela nous per­met d’intervenir en fonds pro­pres sur une durée longue, en moyenne 9 ans, en cohérence avec les pro­jets struc­turants des entre­pris­es. Actuelle­ment, nous accom­pa­gnons 130 entre­pris­es et dis­posons de 175 mil­lions d’euros de cap­i­taux sous gestion. 

Comment cela se traduit-il ?

Nous investis­sons dans des entre­pris­es qui appar­ti­en­nent aux dif­férentes familles coopéra­tives : les sociétés coopéra­tives et par­tic­i­pa­tives, les coopéra­tives agri­coles, les coopéra­tives de com­merçants ou d’artisans ; mais aus­si les asso­ci­a­tions, les mutuelles et les ONG . 

Depuis plusieurs années, nous soutenons les entre­pris­es de droit com­mun d’un point de vue statu­taire, mais qui respectent cer­tains critères de l’ESS : gou­ver­nance démoc­ra­tique, affec­ta­tion d’une par­tie sig­ni­fica­tive des résul­tats au main­tien et au développe­ment de l’activité…

En 2015, pour favoris­er le change­ment d’échelle du secteur, nous avons lancé le fonds « Impact Coopératif », véhicule souscrit par des investis­seurs insti­tu­tion­nels, des ban­ques, dont le Crédit Coopératif et BPIfrance, des mutuelles d’assurance et le Mou­ve­ment des SCOP pour un mon­tant de 74 mil­lions d’euros.

Il a voca­tion à inve­stir auprès d’entreprises sociales et sol­idaires des mon­tants uni­taires com­pris entre 1 et 10 mil­lions d’euros. His­torique­ment, via notre fonds « Insti­tut de Développe­ment de l’Economie Sociale », nous inter­ve­nions unique­ment sur des mon­tants uni­taires inférieurs à 1,5 M €, avec une moyenne de 400 k€. 

De plus en plus de start-ups partagent les valeurs de l’ESS. Sont-elles éligibles à vos fonds ?

Nous avons remar­qué un véri­ta­ble engoue­ment des jeunes créa­teurs d’entreprises pour les valeurs de l’ESS. Ces entre­pris­es sont totale­ment éli­gi­bles à nos fonds. 

Néan­moins, compte tenu de leur pro­fil de risque, nous sommes très sélec­tifs pour apporter la réponse la plus per­ti­nente et la plus adéquate à ce nou­veau seg­ment de l’économie sociale et solidaire. 

Quels sont les autres enjeux propres à votre secteur d’activité ?

Pour con­serv­er nos ambi­tions de lucra­tiv­ité mesurée, tout en faisant face à une régle­men­ta­tion de plus en plus con­traig­nante, nous sommes con­fron­tés à la néces­sité de gér­er des fonds plus impor­tants. Nous réfléchissons à la créa­tion de nou­veaux fonds qui pour­raient se focalis­er sur un secteur précis. 

En par­al­lèle, nous imag­i­nons que les entre­pris­es qui auront béné­fi­cié de l’accompagnement du fonds « Impact Coopératif » accéléreront leur développe­ment et auront des besoins sig­ni­fi­cat­ifs en fonds pro­pres. Nous envis­ageons donc à moyen terme la créa­tion d’un fonds « Impact Coopératif Bis ». 

Même si nous cou­vrons l’ensemble du ter­ri­toire, nous sommes dans l’optique d’améliorer notre ancrage local et région­al en nouant des parte­nar­i­ats pour per­me­t­tre à des struc­tures isolées de l’ESS d’accéder à des fonds pro­pres externes. 

Et pour conclure ?

Face, d’une part, à la sit­u­a­tion économique et sociale à laque­lle nous sommes con­fron­tés et, d’autre part, à la com­péti­tion inter­na­tionale qui s’impose à nous, les struc­tures de l’ESS présen­tent des atouts de péren­nité, de sta­bil­ité et d’efficacité que nous soutenons. 

Nous souhaitons, par l’apport de cap­i­taux longs, con­tribuer à dévelop­per les entre­pris­es de cette économie mod­érée et non axée sur la seule max­imi­sa­tion des prof­its à court terme pour l’actionnaire, au béné­fice de l’emploi et des territoires.

Poster un commentaire