Dieu ?

Dossier : Arts, Lettres et SciencesMagazine N°591 Janvier 2004Par : Albert JACQUARD (45)Rédacteur : Olivier CAHEN (49)

L’auteur cherche à en savoir plus sur ce Dieu qui aurait créé l’homme à son image. Lui qui dit avoir été for­mé dans les cer­ti­tudes de l’Église remet celles-ci en cause avec la rigueur sci­en­tifique dont il a fait toute sa vie. Que sig­ni­fie que Dieu a créé l’Univers, si “ avant l’Univers ” n’a pas de sens ? Si l’Homme était à l’image de Dieu, Dieu ressem­blerait- il à l’Homme ? Que sig­ni­fient, pour un biol­o­giste, la parthéno­genèse et la Résur­rec­tion du Christ, le Saint- Esprit, les mir­a­cles ? Les dogmes essen­tiels du Cre­do sont con­fron­tés à ce qu’en lais­sent penser les avancées mod­ernes de la con­nais­sance. Bien enten­du, la lec­ture au pre­mier degré de la Genèse et des Évangiles ne résiste pas un instant à cette avalanche d’arguments irréfuta­bles. L’ouvrage est aus­si con­cis que convaincant.

La fin de l’ouvrage me sem­ble plus ras­sur­ante. Au lieu de ter­min­er comme Descartes son Dis­cours de la méthode, vio­lent réquisi­toire con­tre les affir­ma­tions de l’Église, en con­clu­ant (était-ce néces­saire pour être accep­té par celle-ci ?) que tout ce qui précède prou­ve bien l’existence de Dieu, au lieu de con­clure comme Teil­hard de Chardin son Phénomène humain, qui déjà par des argu­ments sci­en­tifiques remet­tait en cause les cer­ti­tudes de l’Église, par un dernier chapitre “ Le phénomène chré­tien ” qui donne enfin à l’Homme des cav­ernes sa dig­nité humaine, Jacquard con­clut plus mod­este­ment en choi­sis­sant, sans con­tri­tion hyp­ocrite, le “ Ser­mon sur la mon­tagne ” comme guide de son comportement.

Mais cette lec­ture me laisse deux interrogations :

Faut-il être un mil­i­tant réputé par son action au ser­vice des plus dému­nis, comme l’est juste­ment Albert Jacquard, pour se per­me­t­tre d’étaler cette incroy­ance man­i­feste sans être taxé d’immoralité ?

Par­mi ceux qui ont une cul­ture sci­en­tifique indis­pens­able à la com­préhen­sion de ce livre, en est-il qui con­sid­éraient encore les Écri­t­ures comme des leçons de physique, de biolo­gie ou d’histoire ? Je crains que cet ouvrage ne prêche que des convertis.

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