Berthollet

Dossier : Arts, Lettres et SciencesMagazine N°573 Mars 2002Par : Bulletin n° 24 de la SABIXRédacteur : Jean-Paul DEVILLIERS (57)

“ La chimie doit être le flam­beau qui éclaire la médecine. ” C’est par cette phrase écrite par Berthol­let en 1779, que le pro­fesseur Pierre Poti­er, mem­bre de l’Institut, ouvrait le 24 octo­bre 1998 une réu­nion organ­isée à la Mai­son de la Chimie afin de com­mé­mor­er le 250e anniver­saire de la nais­sance du savant chimiste. Et Pierre Poti­er dans son intro­duc­tion soulig­nait l’étonnante intu­ition du savant : en un temps où la chimie com­mençait tout juste à se soumet­tre à des méth­odes d’investigation rigoureuses, où les théories du phlo­gis­tique et de la généra­tion spon­tanée comp­taient encore de nom­breux adeptes. Les qua­tre inter­venants rassem­blés autour de lui avaient choisi d’évoquer quelques aspects de l’activité de Berthol­let avec sym­pa­thie, mais sans aveu­gle­ment. Le bul­letin n° 24 de la SABIX qui donne en 28 pages le compte ren­du de cette réu­nion ne se présente ni comme une biogra­phie détail­lée ni comme une apolo­gie, mais pro­pose au lecteur un com­men­taire à la fois objec­tif et cri­tique sur l’œuvre de Berthollet.

L’article de Nicole Fleury-Heusghem rap­pelle les grandes étapes de la vie du chimiste, en insis­tant plus par­ti­c­ulière­ment sur son séjour à Aulnay-les-Bondy, entre 1789 et 1792, où il exerça “ les fonc­tions de Com­man­dant de la Garde nationale et de juge de paix ” !

Emmanuel Con­stans, inspecteur général des Finances, chef de la mis­sion Euro, évoque la mis­sion de Berthol­let à la Mon­naie (1795–1798) à laque­lle il appor­ta ses com­pé­tences de chimiste et de métal­lur­giste, et qui ne fut pas une sinécure.

Emmanuel Gri­son et Mar­cel Féti­zon, qui ont l’un et l’autre enseigné la chimie à l’École poly­tech­nique, s’intéressent à la sub­stance même de l’œuvre de Berthol­let, pro­fesseur et homme de science.

Le pre­mier met en relief la longue ami­tié qui réu­nit Mon­ge et Berthol­let, asso­ciés dans la fon­da­tion de l’École poly­tech­nique, en mis­sion en Ital­ie, lors de l’Expédition d’Égypte. Ceci l’amène à peser les réus­sites respec­tives des deux amis : Berthol­let, expéri­men­ta­teur de grand tal­ent mais mal à l’aise dans les cours mag­is­traux, ne fut pas un pro­fesseur très effi­cace. En revanche il se révèle comme un remar­quable directeur de recherche, au regard même des con­cep­tions d’aujourd’hui. Il con­stru­it un lab­o­ra­toire dans sa pro­priété d’Arcueil où il accueille des élèves, il y organ­ise avec Laplace des réu­nions aux­quelles par­ticipent leurs dis­ci­ples. C’est lui qui recom­mande à la direc­tion de l’École poly­tech­nique de con­fi­er à Gay- Lus­sac la chaire d’enseignement de la chimie.

Le sec­ond, dans un com­men­taire à car­ac­tère épisté­mologique sur l’Essai sur la sta­tique chim­ique, analyse les efforts de Berthol­let pour don­ner des bases rigoureuses au con­cept d’affinité. Son ambi­tion était d’expliquer les règles qui déter­mi­nent l’évolution d’une réac­tion chim­ique par une théorie proche de la mécanique de New­ton. Il visait à don­ner à la chimie une for­mu­la­tion math­é­ma­tique, mais il venait trop tôt ; Mar­cel Féti­zon explique pourquoi l’état des con­nais­sances de l’époque ne lui per­me­t­tait pas de réussir.

En résumé le bul­letin n° 24 de la SABIX, qui rap­pelle avec con­ci­sion les prin­ci­paux événe­ments de la biogra­phie de Berthol­let, éclaire de manière orig­i­nale les con­cep­tions et les travaux du savant.

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