Au cœur de la science du vivant

Dossier : PolytechniciennesMagazine N°712 Février 2016
Par Delphine FAYOL (05)

Plus jeune, j’aimais les sci­ences, en par­ti­c­uli­er les maths et la physique, mais aus­si les langues et l’histoire. Je n’avais pas d’idée pré­cise du méti­er que je voulais exercer.

À ce moment-là, faire une pré­pa sig­nifi­ait pour moi relever un défi et pouss­er les portes qu’ouvrait l’intégration d’une grande école.

Des années décisives

De la pré­pa, je me sou­viens bien sûr des soirées et week-ends studieux, des papil­lons dans le ven­tre avant les « khôlles » (les inter­ro­ga­tions orales), et des moments de découragement.

Je me sou­viens aus­si des loisirs, certes rares mais tou­jours pleine­ment vécus, et de moments forts d’amitié. Avec le recul, ces années et les per­son­nes que j’y ai côtoyées ont sans doute été déci­sives dans la con­struc­tion de la per­son­ne que je suis devenue.

Entre physique et biologie

À l’X, j’ai suivi une spé­cial­i­sa­tion à l’interface entre la physique et la biolo­gie. Je me suis ensuite peu à peu ori­en­tée vers la médecine régénéra­trice, d’abord par un stage, puis via mon doctorat.

“ Apporter des solutions thérapeutiques pour la réparation des tissus lésés ”

Ce domaine vise à apporter des solu­tions thérapeu­tiques pour la répa­ra­tion des tis­sus lésés. Ces solu­tions se car­ac­térisent par l’utilisation de cel­lules comme « archi­tectes » de la répa­ra­tion. Ces dernières peu­vent inter­venir seules (thérapies cel­lu­laires) ou en con­jonc­tion avec d’autres élé­ments de manière à for­mer un tis­su (ingénierie tissulaire).

Le domaine de la médecine régénéra­trice m’a attirée pour plusieurs raisons. Il fait appel à des com­pé­tences forte­ment pluridis­ci­plinaires et ouvre la per­spec­tive de thérapies de rupture.

Enfin, il s’agit d’une indus­trie encore jeune où beau­coup de choses restent à construire.

L’aventure start-up

Aujourd’hui, je m’occupe du pôle pro­duits d’une toute jeune start-up, un méti­er auquel je ne pen­sais pas lors de mes études.

Mes activ­ités quo­ti­di­ennes con­sis­tent à par­ticiper à la stratégie de l’entreprise et à la déf­i­ni­tion des axes de développe­ment des pro­duits, à mon­ter des pro­jets et à organ­is­er les équipes asso­ciées, à coor­don­ner les dif­férentes activ­ités et à gér­er le budget.

Un processus innovant

Nous dévelop­pons des tis­sus biologiques à par­tir de notre tech­nolo­gie pro­prié­taire de bioim­pres­sion 3D.

L’impression 3D est un proces­sus addi­tif de fab­ri­ca­tion. Elle fonc­tionne comme l’assemblage d’un Lego, où la struc­ture 3D est obtenue en suiv­ant des plans suc­ces­sifs d’instruction.

On par­le ici de bioim­pres­sion car les briques élé­men­taires qui sont manip­ulées et assem­blées con­ti­en­nent de la matière vivante : des cel­lules, capa­bles de for­mer ensuite un tissu.

Des applications cosmétiques et pharmaceutiques

Nos tis­sus bioim­primés sont des­tinés aux indus­tries cos­mé­tiques et phar­ma­ceu­tiques pour le test de molécules en laboratoire.

On par­le de bioim­pres­sion car les briques élé­men­taires qui sont manip­ulées et assem­blées con­ti­en­nent de la matière vivante
(Bioim­p­ri­mante Poietis).

À plus long terme, nous envis­ageons de créer des tis­sus qui pour­ront servir de gref­fons dans le cadre de thérapies.

Diversifier les modes de pensée

À l’avenir, j’aimerais que mon activ­ité compte une dimen­sion inter­na­tionale plus impor­tante. Les années que j’ai passées en Alle­magne et aux États-Unis pour mes études m’ont appris des modes de pen­sée et de réso­lu­tion de prob­lèmes dif­férents de ceux que je con­nais­sais en France.

C’est sans doute ce qui m’a amenée à appréci­er autant la diver­sité et appris à faire tra­vailler ensem­ble des per­son­nes de cul­tures ou spé­cial­ités différentes.

Enfin, si je devais laiss­er un mes­sage aux jeunes filles en pré­pa ou pré­parant le bac, je leur dirais d’oser : croire en leurs capac­ités et faire preuve de ténac­ité et de courage.

Poster un commentaire