Accompagner le renouvellement urbain

Dossier : Dossier FFEMagazine N°706 Juin/Juillet 2015
Par Laurent GOYARD

Laurent Goyard, quelle est la mission de la Fédération des OPH ?

Notre mis­sion prin­ci­pale con­siste à défendre les intérêts de nos adhérents, en l’occurrence les 266 Offices Publics de l’Habitat, à expli­quer leur tra­vail et leurs spé­ci­ficités, à faire val­oir auprès des pou­voirs publics (Gou­verne­ment, col­lec­tiv­ités ter­ri­to­ri­ales, Par­lement) leur importance.

Ils ont notam­ment la car­ac­téris­tique d’être présents sur tout le ter­ri­toire mét­ro­pol­i­tain. En effet, on retrou­ve des offices partout, aus­si bien sur des ter­ri­toires « ten­dus », où la demande excède l’offre en matière de loge­ment, que sur des ter­ri­toires « déten­dus » où, à l’inverse, l’offre de loge­ment est excé­den­taire par rap­port à la demande.

Concrètement, comment menez-vous à bien cette mission ?

Nous appor­tons au quo­ti­di­en notre exper­tise à ces organ­ismes. Une exper­tise tout d’abord finan­cière. Les pou­voirs publics nous recon­nais­sent cette capac­ité de suiv­re au jour le jour la sit­u­a­tion finan­cière de tous ces offices. Nous avons, à ce titre, mis en place des out­ils qui nous per­me­t­tent d’avoir une con­nais­sance pré­cise de chaque organ­isme, pour nouer avec eux un con­tact et apporter des solu­tions à ceux qui se retrou­vent dans des sit­u­a­tions de fragilité.

Bien enten­du ce rôle que nous endos­sons présente un intérêt pour les pou­voirs publics, puisqu’en faisant ain­si de la préven­tion des risques, nous inter­venons en amont, avant qu’il ne soit trop tard, et sécurisons un secteur où la sinis­tral­ité est inexistante.

Stains, PRU Le Clos Saint-Lazare, con­struc­tion neuve George Sand. © Julien Mouffron

Quelles autres expertises sont sollicitées ?

Nous avons égale­ment une exper­tise en matière juridique. Grâce à notre suivi de l’actualité juridique et lég­isla­tive, nous sommes à même de tenir au courant les offices de toutes les évo­lu­tions sus­cep­ti­bles de les concerner.

A tra­vers cette mis­sion d’information, nous répon­dons aux nom­breuses et très fréquentes ques­tions qu’ils peu­vent être amenés à nous pos­er, quotidiennement.

Nous inter­venons, en out­re, dans le domaine des ressources humaines. Les Offices Publics de l’Habitat présen­tent la spé­ci­ficité d’avoir des per­son­nels qui sont, à hau­teur de 26,6 % des effec­tifs, des fonc­tion­naires ter­ri­to­ri­aux, et pour le reste des salariés con­tractuels. Il s’agit donc de deux régimes juridiques dif­férents, qu’il con­vient de savoir faire coexister.

Il faut savoir que la Fédéra­tion des Offices con­stitue une branche pro­fes­sion­nelle en soi. Nous négo­cions régulière­ment des accords nationaux avec les délé­ga­tions des employeurs et des salariés sur des sujets var­iés tels que la prévoy­ance, l’intéressement, l’évolution des salaires, les com­plé­men­taires san­té, le main­tien dans l’emploi des per­son­nes en sit­u­a­tion de hand­i­cap, etc. Il s’agit d’une activ­ité très impor­tante pour nous.

Enfin, nous sommes en quelque sorte un lieu de réflex­ion sur le mod­èle économique et social de ces organ­ismes, ain­si que sur leur devenir. Nous organ­isons chaque année une assem­blée générale afin de réfléchir sur la sit­u­a­tion de notre pro­fes­sion et son évo­lu­tion. Tout au long de l’année nous organ­isons des débats, au cours desquels les gens de la pro­fes­sion peu­vent réfléchir à leurs prob­lé­ma­tiques com­munes, chercher ensem­ble à mieux val­oris­er leurs actions. Nous réal­isons égale­ment des études pour appuy­er nos démarches.

Dans quelle mesure êtes-vous touchés par les réformes territoriales ?

Les Offices Publics de l’Habitat sont gou­vernés par des col­lec­tiv­ités ter­ri­to­ri­ales (Com­munes, Inter­com­mu­nal­ités, Départe­ments). Ce sont ces dernières qui définis­sent la poli­tique suiv­ie par un office.

“ LE RENOUVELLEMENT URBAIN EST DIRECTEMENT LIÉ À LA RECHERCHE DE SOLUTIONS POUR QUE LES POPULATIONS PUISSENT BIEN VIVRE ENSEMBLE DANS LES QUARTIERS, AU-DELÀ DES SEULES PROBLÉMATIQUES D’AMÉNAGEMENT, TECHNIQUES, ÉNERGÉTIQUES, ENVIRONNEMENTALES

Nous sommes donc directe­ment impactés par les réformes qui touchent, d’une manière ou d’une autre, aux com­pé­tences des col­lec­tiv­ités ter­ri­to­ri­ales. Le Gou­verne­ment mène un pro­jet de réforme ter­ri­to­ri­ale d’une grande ampleur, qui a des con­séquences directes sur la vie de nos organismes.

Ce pro­jet de réforme inter­roge sur de nom­breux sujets. Par exem­ple, quel est le niveau per­ti­nent où doivent se définir les poli­tiques locales de l’habi­tat ? La réponse apportée par les pou­voirs publics est qu’il con­vient de dépass­er le niveau des Com­munes, qui sont sou­vent trop petites, pour favoris­er les Intercommunalités.

Demain, nous allons donc avoir des offices rat­tachés à des Inter­com­mu­nal­ités et d’autres à des Départements.

Face au développement des Intercommunalités, quelle est votre position ?

La fédéra­tion est favor­able au rat­tache­ment des OPH com­mu­naux aux inter­com­mu­nal­ités dotées de la com­pé­tence habi­tat. Nous sommes en phase avec les pou­voirs publics pour dire que l’in­ter­com­mu­nal­ité est le bon niveau, avec le départe­ment, pour dévelop­per des actions dans le domaine de l’habi­tat, notam­ment en lien avec les PLH et les PDH.

Quel rôle jouez-vous en matière de renouvellement urbain ?

Les Offices Publics de l’Habi­tat sont présents dans 75 % des quartiers con­cernés par le PRU. Nous sommes en pre­mière ligne sur ces questions-là.

Dans le cadre du PNRU1 (pro­gramme nation­al de réno­va­tion urbaine), les Offices Publics de l’Habi­tat ont porté 65 % des investisse­ments en matière de con­struc­tions. Dans le 1er PNRU, les offices ont investi 16,5 mil­liards dont 2,4 de fonds pro­pres. Ils ont procédé à la démo­li­tion de 145 000 loge­ments, en ont recon­stru­it 140 000 et réha­bil­ités 326 000.

On peut ain­si mieux mesur­er l’im­pact sur les quartiers de ces pro­grammes en matière d’amélio­ra­tion de la qual­ité de vie et l’im­pact sur les moyens financiers des offices.

Quels sont les grands enjeux liés à ces questions de renouvellement urbain ?

Il est fon­da­men­tal de faire en sorte d’adapter les bâti­ments aux besoins. Autre­fois, on con­stru­i­sait de grands ensem­bles, des bar­res d’immeubles.

Aujour­d’hui, ces con­struc­tions ne répon­dent plus aux besoins, et nous devons recon­stru­ire la ville, restruc­tur­er les quartiers, con­stru­ire des équipements publics, redessin­er la voierie. Cela fait appel à des capac­ités de con­struc­teur certes, mais aus­si d’aménageur.

Nous sommes des inter­locu­teurs incon­tourn­ables pour tout élu local pour qui cette ques­tion du vivre ensem­ble des citoyens est évidem­ment centrale.

En matière d’agenda, quelles sont les prochaines échéances ?

Dans le cadre du NPNRU (nou­veau pro­gramme nation­al de renou­velle­ment urbain), 5 mil­liards d’eu­ros de finance­ments publics seront con­sacrés à ce pro­gramme. Le Gou­verne­ment a d’ores et déjà défi­ni 200 quartiers pri­or­i­taires d’in­térêt nation­al, sur lesquels seront con­cen­trés les investisse­ment publics.

Cet été, les dif­férents opéra­teurs auront une vis­i­bil­ité sur le mod­èle économique et se lanceront dans les opéra­tions. Le Gou­verne­ment a man­i­festé son souhait d’aller vite. Les con­trats de ville sont en cours de négo­ci­a­tions et des opéra­tions seront lancées bientôt.

Des NPNRU pour­raient démar­rer fin 2015 grâce au pré­fi­nance­ment d’un mil­liard que l’É­tat veut déblo­quer dès cette année.

CHIFFRES CLÉS

  • 266 OPH dont 89 offices départe­men­taux, 43 offices rat­tachés a un EPCI, et 134 offices communaux ;
  • Près de 5 mil­lions de per­son­nes logées ;
  • 61,7 % des locataires béné­fi­ci­aires des aides a la personne ;
  • 2,4 mil­lions de loge­ments (foy­ers com­pris), soit 52 % du pat­ri­moine HLM ;
  • 30 % : la con­som­ma­tion moyenne d’énergie du parc HLM est 30 % inferieure a celle du parc résidentiel ;
  • 34 500 loge­ments mis en chantier en 2014.

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